Québec dénonce l’ingérence fédérale en éducation

Les ministres Pierre Duchesne et Alexandre Cloutier condamnent les agissements d’Ottawa.
Photo: - Le Devoir Les ministres Pierre Duchesne et Alexandre Cloutier condamnent les agissements d’Ottawa.

Québec veut se retirer de la nouvelle stratégie en matière d’éducation internationale lancée la semaine dernière par Ottawa.

 

Dénonçant l’intrusion du fédéral dans cette compétence exclusive aux provinces, il exhorte également le gouvernement canadien de lui donner pleine compensation financière afin qu’il puisse gérer selon ses besoins et priorités. « Nous n’allons pas participer à ce programme. Nous allons demander la part d’argent qui nous est due », a déclaré le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, lors d’une conférence de presse en compagnie de son homologue aux Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier. « Le Québec n’est pas un simple partenaire lorsqu’il est question d’éducation. Il a la maîtrise d’oeuvre de ses orientations dans le domaine de l’enseignement supérieur à l’intérieur de ses frontières comme à l’extérieur. »

 

Dédoublement des efforts

 

Il trouve « aberrant » ce dédoublement des efforts que met déjà le Québec pour promouvoir la mobilité de ses étudiants à l’étranger et en attirer de nouveaux. M. Duchesne rappelle que le gouvernement investit plus de 17 millions en bourses de mobilité et a déjà négocié une quarantaine d’ententes internationales avec divers pays. Le Québec a une dimension francophone dont il doute qu’Ottawa tienne compte dans ses démarches.

 

La Stratégie du Canada en matière d’éducation internationale se donne pour objectif de presque doubler le nombre d’étudiants étrangers d’ici 2022, les faisant passer de 250 000 à 450 000. Cinq millions par an seront consacrés au rayonnement du Canada à l’étranger, et un montant de 13 millions sur deux ans sera versé au programme Globalink de MITACS, un organisme non gouvernemental qui versera des bourses de recherche aux étudiants. Québec réclame sa part d’environ 3,2 millions de l’enveloppe totale.

 

Pourparlers engagés

 

Qualifiant la démarche d’Ottawa d’« illégale »,le ministre Cloutier semble déterminé à aller jusqu’au bout. « Ils doivent respecter le texte de la loi, la Constitution… S’ils veulent entreprendre une démarche d’amendement constitutionnel, ce sera leur décision, mais aussi longtemps que nous serons dans le régime actuel, nous allons exiger le respect des compétences du Québec », a-t-il indiqué.

 

Des échanges ont été réalisés avec le ministre du Commerce international, Ed Fast, responsable de la stratégie, et une lettre officielle lui a été envoyée mercredi matin. Les deux ministres se disent persuadés d’obtenir gain de cause puisqu’il existe déjà des précédents en la matière, notamment les bourses du millénaire octroyées par le gouvernement libéral de Jean Chrétien.

 

Pourtant, le gouvernement fédéral soutient que le Québec participe déjà financièrement au même programme (Globalink) qui bénéficiera maintenant du soutien fédéral dans le cadre de la Stratégie, ce que confirme MITACS, mais que Québec nie. D’ailleurs, le financement à ce programme de bourses de recherche a déjà été annoncé dans le budget 2013 et le Québec avait été alors consulté, a fait savoir Denis Lebel, le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales.

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