Les recteurs sont divisés à propos de la restructuration de l’Université du Québec

Le rapport de Lise Bissonnette et John R. Porter déposé à la mi-septembre recommande d’abroger la Loi sur l’UQ pour la transformer en une sorte de coopérative de services.
Photo: - Le Devoir Le rapport de Lise Bissonnette et John R. Porter déposé à la mi-septembre recommande d’abroger la Loi sur l’UQ pour la transformer en une sorte de coopérative de services.

Abroger la Loi sur l’Université du Québec ou pas ? S’ils conviennent d’y réfléchir, les recteurs des établissements du réseau de l’UQ ne partagent pas tous le même avis sur la question.

 

« Comme toute autre loi, après une quarantaine d’années, c’est bon d’y jeter un coup d’oeil », a déclaré d’emblée Jean Vaillancourt, recteur de l’Université du Québec en Outaouais. Il accueille positivement l’une des recommandations du rapport Bissonnette-Porter sur la loi-cadre, qui suggère d’abroger la Loi sur l’UQ, la transformant en une sorte de coopérative de services. « Je trouve ça sain, mais en même temps, il est important de préserver les acquis et les avantages pour le contribuable québécois », a-t-il ajouté.

 

L’idée est aussi bien reçue à l’Université du Québec à Chicoutimi. « On est d’accord. Il faut revoir nos manières de faire. Ça ne peut plus être comme c’était avant, a dit Jean Wautier, directeur du Bureau des affaires publiques de l’UQAC. On ne peut pas fonctionner en vase clos. À 45 ans, on a atteint une certaine maturité. Inévitablement, il y a quelque chose à changer. »

 

Jean-Pierre Ouellet, le recteur de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), n’est pas « fermé à une réflexion ». « L’UQ existe depuis 45 ans… pourquoi pas [la revoir]. C’est une invitation à une réflexion, a-t-il soutenu. Mais ça doit se faire entre nous. On doit évaluer l’endroit où on pourrait atterrir par rapport à la situation actuelle. Mais c’est loin de l’abrogation ! »

 

Inquiétudes

 

La rectrice de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), Johanne Jean, est quant à elle très prudente. « Je ne dis pas que cette réflexion-là ne doit pas être faite. Mais ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air, d’un point de vue micro, a-t-elle mis en garde. Il y a toujours un danger à rouvrir une loi. Il ne faut pas oublier ça. »

 

Pour elle, le réseau s’est modernisé de soi au cours des dernières années et il n’est pas nécessaire d’abroger la loi ou de supprimer des instances pour simplifier la gouvernance et la bureaucratie, comme il a été suggéré. « Toute la question de la gestion de l’enseignement et de la recherche, comment on va gérer ça si on abolit cette instance. Et le régime de retraite ? »,s’inquiète-t-elle.

 

Une idée qui date de 2009

 

Pourtant, en 2009, toutes les constituantes du réseau UQ s’étaient mises d’accord pour moderniser la Loi sur l’UQ et avaient présenté un document à la ministre de l’Éducation d’alors. Les propositions étaient très semblables à la recommandation du rapport Bissonnette-Porter.

 

Mme Jean reconnaît qu’elle avait entériné le document, mais admet que le contexte, celui du dépôt du projet de loi 38 sur la gouvernance des universités, était fort différent. Jean Vaillancourt croit au contraire qu’il faut faire écho au document de 2009 et éliminer les structures de gouvernance superflues et la reddition de comptes trop lourde. « Tout en préservant le partage de services communs », a-t-il insisté.

 

Le rapport Bissonnette-Porter suggère également une mise en commun de certains services de l’UQ et de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ). Là encore, les avis divergent. « Pourquoi pas ? On a des services en commun, est-ce qu’on doit se dédoubler ? Non », a dit Jean Wautier. À l’opposé, le recteur Vaillancourt voit mal comment une telle fusion pourrait être au bénéfice de tous.

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