La FNEEQ et le privé - Aucune assistance gouvernementale pour les élèves à besoins particuliers

Claude Lafleur Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Rentrée scolaire 2013

C’est un mythe que les écoles privées accueillent peu ou pas d’élèves en difficulté, mais uniquement des premiers de classe. « On peut compter sur nos dix doigts le nombre d’écoles privées qui sélectionnent les meilleurs élèves », affirme Caroline Quesnel, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec (FNEEQ).

 

« En réalité, informe la vice-présidente, je dirais que 90 % des écoles privées n’ont pas de liste d’attente et ne font donc pas de sélection. Elles accueillent donc de nombreux élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, ce qu’on appelle des EHDAA. C’est par conséquent un dossier qui nous préoccupe beaucoup à la FNEEQ. »

 

Les EHDAA couvrent un vaste spectre, explique Mme Quesnel. Il s’agit notamment d’élèves qui souffrent de dyslexie, de dysorthographie ou de dyscalculie jusqu’à ceux qui ont des troubles envahissants du développement (TED). « C’est donc une nouvelle réalité qui n’est pas couverte par les handicaps reconnus et subventionnés par le gouvernement, comme les malentendants et les malvoyants », dit-elle.

 

Regroupant 91 syndicats, la FNEEQ rassemble près de 33 000 membres dans 36 écoles privées, 46 cégeps et 10 établissements universitaires. « Ce qui est intéressant à la Fédération, souligne Mme Quesnel, c’est qu’on touche tous les ordres d’enseignement, du primaire jusqu’à l’universitaire. On a par conséquent l’avantage d’être dans le milieu de l’enseignement… de 7 à 77 ans ! »

 

Dans le cadre des négociations dans le secteur privé secondaire, la Fédération s’est notamment fixé pour objectifs de tenir compte de la présence des élèves à besoins particuliers. « On demande que, pour aider ces élèves, les ressources soient présentes, dit-elle. Certaines écoles privées ont d’ailleurs décidé d’aller dans cette direction et d’engager du personnel spécialisé. »

 

Caroline Quesnel relate d’ailleurs que la prise en compte des élèves à besoins particuliers est une préoccupation relativement récente à travers l’ensemble du réseau scolaire. Si cette prise en compte remonte aux années 1990 aux niveaux primaire et secondaire, elle est nettement plus récente au collégial et pas vraiment présente à l’université, dit-elle.

 

Il est aussi intéressant de noter qu’au fur et à mesure que les élèves à besoins particuliers cheminent, les différents paliers d’enseignement doivent répondre à leurs besoins. C’est ainsi que ces élèves arrivent à présent au cégep, puis à l’université.

 

Voilà pourquoi, même pour la FNEEQ, c’est une préoccupation assez récente. « Dans nos négociations avec l’ensemble des écoles privées, nous nous sommes fixé entre autres objectifs d’aider les élèves à besoins particuliers, indique Caroline Quesnel. On essaie de faire en sorte qu’il y ait une reconnaissance à l‘intérieur de chacune de nos 36 conventions collectives de cette responsabilité accrue, des impacts accrus sur le travail des enseignants, et pour trouver des façons, évidemment adaptées à la réalité locale, qui permettent aux enseignants de donner le meilleur service possible à ces élèves. Nous essayons toujours de trouver localement les meilleurs aménagements. »

 

La vice-présidente de la FNEEQ rapporte cependant que, puisque les négociations se déroulent école par école - et non pas pour l’ensemble des écoles privées -, il faut dans chaque cas franchir de petits pas. Elle rapporte néanmoins que les directions de la plupart des écoles privées se montrent toutes disposées à considérer les besoins particuliers de leurs élèves.

 

« La réalité du secondaire privé est très variable, observe-t-elle. Certaines écoles se font même presque une spécialité d’accueillir des élèves avec des besoins particuliers - c’est même quasi un positionnement de marché. Pour d’autres écoles, il s’agit aussi de rassurer les parents, en leur disant qu’il y a des services spécialisés pour leur enfant. »

 

 

Aide gouvernementale

 

Le problème, relate-t-elle, c’est que, contrairement au secteur public, les écoles privées ne reçoivent aucune assistance gouvernementale - aucune subvention - pour aider les élèves à besoins particuliers.

 

« Or, la réussite de tous les élèves est au coeur tant du public que du privé, lance Mme Quesnel. On trouve donc des ressources dans le privé, même si elles ne sont pas subventionnées par le ministère. Ce n’est pas partout, mais, souvent, les directions des écoles privées mettent à la disposition de leurs élèves des ressources en orthopédagogie, en orthophonie, en psychologie, etc. »

 

La Fédération cherche donc à sensibiliser le gouvernement au fait que le secteur privé doit également être soutenu dans l’accueil des EHDAA. « Ça fait partie de nos revendications globales, indique Caroline Quesnel, d’autant que, l’automne dernier, le gouvernement a demandé aux écoles privées de faire leur part. »

 

Elle rappelle que la réaction du milieu a d’ailleurs été immédiate : « Vous ne le savez peut-être pas, mais on accueille déjà beaucoup d’élèves en difficulté !, a-t-on fait valoir. Mais ces élèves ne sont pas subventionnés. » Cette reconnaissance fait donc partie des revendications de la Fédération, insiste Mme Quesnel.

 

« Je pense que, de manière générale, le réseau privé est tout à fait disposé à discuter avec le gouvernement de l’accueil des élèves à besoins particuliers, observe-t-elle. Les enseignants ne sont certainement pas contre, puisque c’est une réalité qui est déjà là de toute façon. Des propositions en ce sens ont été adressées au gouvernement, souligne-t-elle, mais on n’a pas de nouvelles… Ça ne fait vraisemblablement pas partie de leurs priorités », déplore Caroline Quesnel.

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