Djemila Benhabib poursuivie par une école musulmane

L’auteure Djemila Benhabib est poursuivie pour diffamation par une école musulmane de Montréal, a appris Le Devoir. Les Écoles musulmanes de Montréal, formées par deux établissements d’enseignement primaire et secondaire de Montréal-Ouest dont l’un est subventionné, reprochent à l’ancienne candidate péquiste dans Trois-Rivières d’avoir tenu des propos erronés et offensants à son égard dans le cadre de l’émission de radio de Benoît Dutrizac diffusée le 8 février 2012 sur les ondes de 98,5 fm.
Selon la requête déposée trois mois plus tard, en mai 2012, les plaignants de cet établissement privé accusent Mme Benhabib d’avoir terni leur réputation en comparant leurs pratiques d’enseignement à « un endoctrinement digne d’un camp militaire au Pakistan ou en Afghanistan ». Réclamant 95 000 $ en dommages moraux et exemplaires, ils lui reprochent aussi d’avoir laissé entendre que l’école incite à la haine des femmes et des non-croyants.
« Les sourates imposées aux enfants, et ce, dès les premières années de l’école primaire, ont un caractère extrêmement violent, et ont un caractère misogyne et sexiste […] parmi tous ces versets coraniques, bon, il y en a qui sont extrêmement haineux à l’égard des non-croyants et on en trouve un qui se trouve également sur le site et qui est enseigné aux enfants », a déclaré Mme Benhabib à cette émission diffusée à heure de grande écoute.
Tout au long de son commentaire, l’auteure polémiste de Ma vie à contre-Coran et des Soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident s’est lancée dans une charge à fond de train pour dénoncer les pratiques de cette école « désincarnée », qui « ne s’incruste pas dans le paysage politique québécois ». « Cette école a pour modèle une autre société […] où la séparation des sexes est de mise, où les femmes doivent baisser la tête et marcher derrière les hommes, où les enfants sont obligés d’apprendre des versets coraniques et où probablement les hommes vont commettre des crimes d’honneur contre leur soeur », a-t-elle critiqué.
Un contexte délicat
Les Écoles musulmanes de Montréal soutiennent que ces allégations non fondées de Mme Benhabib sont d’autant plus dommageables qu’elles sont prononcées dans un contexte post-11-Septembre et alors que la société québécoise vient d’être « témoin de ses premiers crimes d’honneur ».
Selon le rapport de la Commission consultative de l’enseignement privé, cet établissement d’environ 200 élèves, tous ordres d’enseignement confondus, « présente une organisation pédagogique qui respecte en tous points les orientations ministérielles ». Tout en témoignant des réels efforts faits par l’école, la Commission constate toutefois des lacunes quant à la qualification du corps enseignant.
Les avocats de Mme Benhabib, du cabinet Fasken Martineau, se sont contentés de dire que le processus suit son cours et qu’il n’y a encore aucune date fixée pour le procès. Les Écoles musulmanes de Montréal n’ont pas rappelé Le Devoir.