La fin annoncée de la CREPUQ inquiète
Aussi prévisible soit-il, le démantèlement de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) inquiète. La Fédération étudiante universitaire (FEUQ) craint qu’il ne favorise l’émergence d’un système à deux vitesses, où des idées chères aux universités à charte privée, comme la modulation des droits de scolarité, pourraient alors prendre du galon.
« On le voit d’ailleurs, par exemple, aux États-Unis : deux systèmes, un public, un privé. C’est sûr que ça fait partie des préoccupations, s’est inquiétée Martine Desjardins, présidente sortante de la FEUQ. On a entendu beaucoup de choses, comme la modulation des droits par programme, qui nous laissent croire que ça pourrait arriver. Ou encore on peut voir les frais institutionnels obligatoires qui ont augmenté pour médecine dentaire dans plusieurs universités, ça fait suite au MBA de McGill. Il y a plein d’éléments comme ça qui, mis ensemble, plus l’éclatement de la CREPUQ, sont préoccupants. »
Toutefois, devant la création future d’un Conseil des universités, qui récupérera certains dossiers de la CREPUQ dont l’évaluation des programmes, ce regroupement est peut-être moins nécessaire, croit-elle. Le président de la Fédération québécoise des professeurs d’université (FQPPU), Max Roy, espère aussi qu’une instance « plus transparente et démocratique », telle qu’un conseil des universités, prendra le relais.
Il ne se dit d’ailleurs pas fâché de l’éventuelle disparition du lobby des dirigeants d’université, qui selon lui était « abusif » et ne reflétait pas les préoccupations de l’ensemble de la communauté universitaire. « On ne dit pas que [les recteurs] n’ont pas le droit de s’exprimer ou qu’ils n’ont pas d’idées ou de projets importants, on dit simplement que ce lobby, qui a été dominant et qui l’a emporté sur tous les autres, […] n’était pas le seul. Il y avait d’autres voix et opinions qu’il fallait aussi entendre », a-t-il souligné.
L’autonomie des établissements
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, a dit pour sa part prendre acte de la situation et a insisté sur l’autonomie de chacun des établissements. « Je souhaite qu’ils soient capables de discuter et de s’entendre ; pour le reste, les associations, les directeurs d’établissement et les universités sont autonomes et décident de qui les représente », a-t-il déclaré. Le gouvernement a-t-il des responsabilités dans l’effondrement de la CREPUQ ? « Chaque directeur d’établissement peut décider qui il représente ; le ministre et le ministère ont bien peu à voir avec ça », s’est-il contenté de répéter.