Monde scolaire - Des obstacles à la formation des adultes

Réginald Harvey Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Formation continue – Mars 2013

Avant même que ne se déroule le Sommet sur l’enseignement supérieur, ils étaient plusieurs à souhaiter que celui-ci soit le déclencheur d’une réflexion approfondie, sous une forme ou une autre, portant sur l’ensemble du système d’éducation. En attendant l’arrivée de ce moment propice, la Fédération nationale des enseignants (FNEEQ-CSN) examine aujourd’hui le dossier de la formation des adultes au collégial et à l’universitaire.


Présidente d’un regroupement syndical particulièrement présent dans les collèges et les universités, Caroline Senneville se tourne d’abord du côté des cégeps : « Le problème qu’on a, c’est celui du trou noir, parce que les enveloppes qui soutiennent la formation continue à ces endroits sont fermées. Celle-ci est à peu près strictement vue du point de vue de la réinsertion à l’emploi, et ces formations sont financées pour beaucoup par Emploi-Québec pour répondre à des besoins à court terme sur le plan de la main-d’oeuvre. Sinon, il s’agit aussi pour beaucoup d’une formation sur mesure destinée aux entreprises. »


« Le problème, poursuit-elle, c’est que les enveloppes étant fermées, on répond de moins en moins à ces besoins-là et on ne répond pas beaucoup à ceux de l’individu qui n’est pas en situation de recherche d’emploi. Cet individu aimerait juste continuer à se former dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie. »


De sérieux écueils se dressent devant ces étudiants : « Les cours qui leur sont destinés ne sont pas financés ou sont donnés sans être crédités. Au moment où on se parle, il est donc impossible ou presque d’obtenir un diplôme d’études collégiales (DEC) en suivant des cours du soir et de fin de semaine. »

 

Clientèles en chute libre


Un grave problème se pose, comme l’illustre cette statistique : « En 1991, il y avait un peu plus de 80 000 inscriptions en formation continue au cégep ; en 2008, ce nombre avait chuté à 27 800. Il y a là un impact majeur parce que les cégeps, y compris les centres d’études collégiales, représentent quelque 70 points de service différents au Québec, dont les deux tiers sont situés dans des villes où il n’y a pas d’université. »


La FNEEQ n’est pas la seule à déplorer cette situation : « La Fédération des cégeps porte le même discours que nous : il faut vraiment que le réseau collégial trouve sa place dans la formation continue au Québec. Or, actuellement, celle-ci se réduit comme une peau de chagrin. » Elle se tourne vers la solution pour y arriver : « Il faudrait que les enveloppes qui sont fermées soient plus ouvertes, comme dans les universités. »


La situation vécue dans les cégeps est à rebours de celle que connaît le monde universitaire : « C’est l’inverse qui se passe dans les universités en comparaison avec le collégial. On voit là une explosion de la fréquentation, ce qui est dû en grande partie à des gens qui étudient à temps partiel ou qui effectuent un retour aux études. Pour celles-ci, le défi, c’est de continuer à s’ajuster à cette clientèle pour bien l’accompagner en lui offrant notamment des services le soir et durant les fins de semaine. On doit également faire en sorte que ces étudiants-là soient encadrés convenablement de manière que non seulement ils obtiennent l’accessibilité aux études, mais qu’ils aient la persévérance pour les poursuivre. »

 

Le statut professionnel enseignant


Caroline Senneville observe que les professeurs à la formation continue occupent dans une très grande majorité des cas des emplois précaires dans les cégeps et dans les universités : « Au collégial, ce sont des gens qui vont gagner vraiment tout au plus la moitié de ce que gagne une personne qui enseigne au régulier, sans avoir accès à des avantages sociaux. »


Elle ajoute encore : « Dans les cégeps, en raison de la façon dont les cours sont donnés, l’enseignant ou le chargé de cours est payé pour donner sa prestation de cours et faire sa correction, mais il ne l’est pas pour faire de l’encadrement. Il s’en fait toujours un peu parce que souvent l’enseignant arrive un peu avant l’heure et repart un peu plus tard, mais il ne dispose pas des ressources sur place pour y arriver ; j’imagine qu’il s’en fait également quelque peu à distance, mais, dans tous les cas, il s’agit de pur bénévolat de la part du prof, son salaire ne couvrant pas cet aspect de son travail. »


L’université leur réserve un meilleur sort : « Les syndicats ont travaillé très fort durant les 15 ou 20 dernières années pour rehausser les conditions de travail des chargés de cours dans ces établissements, qu’ils oeuvrent au régulier ou à la formation continue. Il n’y a pas de différence salariale d’un secteur à l’autre, contrairement à ce qui se passe au collégial. Il reste du rattrapage à accomplir, mais on constate que ces conditions se sont améliorées et on continue à travailler fort pour que ce soit toujours le cas. »



Collaborateur

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