Sommet sur l'éducation: les recteurs refuseront une solution qui ne renflouera pas leurs coffres

À dix jours du sommet sur l’enseignement supérieur, les recteurs ont montré leur jeu: ils y seront présents, mais refuseront de s’associer à une solution qui ne permettra pas de renflouer leurs coffres. Le choix des moyens revient au gouvernement, ont-ils soutenu vendredi lors d’une conférence de presse.
«On s’attend des universités québécoises qu’elles soient aussi performantes que les universités du reste du Canada, mais année après année, depuis 15 ans, on leur donne moins d’argent par étudiant», a dit Luce Samoisette, présidente de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ).Les membres de l’exécutif de la CREPUQ en ont profité pour répéter que les universités «ne sont pas en mesure d’absorber» les compressions de 250 millions imposées par le gouvernement. D’après leurs calculs, c’est 1400 postes qui seront reportés ou supprimés dans tout le réseau. L’argent en moins se traduira aussi par des réductions de l’offre de cours et des services, moins de livres dans les bibliothèques et des compressions dans l’entretien ménager et des bâtiments.
Au sommet sur l’enseignement supérieur les 25 et 26 février prochain, les recteurs défendront leurs positions unanimes: s’ils sont en faveur d’un organisme de réflexion et d’analyse du réseau, ils ne veulent pas d’un organisme indépendant qui contrôlerait leurs dépenses. Par ailleurs, ils ne croient pas qu’un changement de formule réglerait «le problème fondamental du sous-financement des universités.»
Une solution aux compressions
Luce Samoisette, qui est également rectrice de l’Université de Sherbrooke n’a pas voulu commenter le boycottage du sommet par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), se contentant de dire qu’elle n’avait pas à juger leur décision. Au sujet des déclarations de la principale de McGill, Heather Munroe-Blum, qui a dit en entrevue au Devoir que le Sommet était une véritable «farce», Mme Samoisette a soutenu que les recteurs avaient maintenant tous une position unanime qui était de participer au sommet. «[Mme Munroe-Blum] s’est ralliée à la déclaration que nous faisons aujourd’hui. Pour nous, l’importance du sommet est là pour tous les chefs d’établissement.»
Concernant les compressions de 250 millions, la CREPUQ propose au gouvernement une solution qui lui permettrait d’atteindre l’équilibre budgétaire tout en diminuant les impacts négatifs pour les universités. Comme les années financières ne se terminent pas en même temps, en mars pour le gouvernement et en avril pour les universités, celles-ci demandent qu’on leur permette d’utiliser une partie des crédits gouvernementaux de 2014-2015 pour combler la compression de l’année précédente, 2013-2014. Le gouvernement étudie actuellement la proposition.