Gratuité scolaire: les ministres péquistes banalisent la sortie de Parizeau
Québec — Des ministres du gouvernement Marois se sont empressés, mardi, de banaliser la sortie de l'ancien premier ministre Jacques Parizeau en faveur de la gratuité scolaire.
L'ex-chef péquiste apporte tout simplement son point de vue au débat, a dit le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée, en point de presse à l'entrée d'une réunion du caucus des députés à l'Assemblée nationale.«C"est un grand débat public et un ancien premier ministre est entré dans le débat. M. [Bernard] Landry, lui, est pour l'indexation. Voilà, on appelle un débat et on a un débat», a-t-il déclaré, minimisant la portée des propos de son ancien patron.
La position exprimée par M. Parizeau pour l'abolition des droits de scolarité n'est pas partagée par le gouvernement péquiste qui penche plutôt vers un mécanisme d'indexation des droits de scolarité plus ou moins ajusté au coût de la vie.
Néanmoins, comme le souhaite l'ancien premier ministre, la gratuité scolaire fera l'objet de discussions lors du Sommet sur l'enseignement supérieur dans deux semaines à Montréal, a rappelé M. Lisée.
«Voilà quelqu'un qui a énormément d'expérience, de connaissances et qui apporte son point de vue. Ce n'est pas celui du gouvernement en ce moment, mais le gouvernement a dit que la gratuité sera aussi en débat», a-t-il dit.
L'avis de Parizeau
Dans un entretien avec Le Devoir, M. Parizeau soutient que la gratuité scolaire au Québec est une option financièrement réaliste qui doit être analysée au Sommet.
En outre, M. Parizeau s'explique mal que le gouvernement Marois n'ait pas manifesté d'ouverture spontanée au discours des étudiants sur cet enjeu.
Pour atteindre la gratuité, M. Parizeau suggère d'exiger une plus grande contribution des entreprises et de réintroduire la taxe sur le capital pour les banques, ce qui procurerait quelques centaines de millions de dollars, d'après lui.
Pour l'ancien chef péquiste, l'atteinte coûte que coûte de l'équilibre budgétaire pose aussi un problème. À son avis, le débat sur le financement des études supérieures ne pourra se faire tant que le gouvernement gardera le cap sur la nécessité absolue de boucler chaque année financière sans déficit.
Cap sur le déficit zéro
Mais le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a fait comprendre que quelle que soit l'issue des discussions au Sommet, il n'avait pas l'intention d'augmenter la charge fiscale des banques ou de dévier de sa trajectoire vers le déficit zéro.
«On a déjà demandé un effort dans le budget aux institutions financières, a souligné M. Marceau. On a déposé un budget avec l'équilibre budgétaire en 2013-2014 et moi, je suis satisfait de l'état des revenus.»
M. Parizeau est un intellectuel de renom mais son plaidoyer en faveur de la gratuité scolaire n'engage en rien le gouvernement, a de son côté fait valoir le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault.
«La contribution de M. Parizeau est celle d'un intellectuel, d'un libre-penseur, il a le droit de le faire et le gouvernement prend les décisions qui sont les siennes», a-t-il dit.
Selon le ministre Gaudreault, il ne faut surtout pas voir dans les propos de M. Parizeau un quelconque désaveu de la position du gouvernement dirigé par Pauline Marois.
«À chaque fois que M. Parizeau cligne des yeux, si on y voit un désaveu, on ne s'en sortira pas», a-t-il dit en haussant les épaules.