À la CREPUQ - Entre optimisme et réalisme, «l’accessibilité est incontournable»
La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) se prépare au Sommet sur l’enseignement supérieur. Si elle se réjouit que certaines grandes orientations fassent consensus, elle est bien consciente qu’il en va autrement en ce qui a trait aux moyens de les mettre sur pied.
Il faut faire de l’éducation une priorité nationale. Les établissements d’enseignement supérieur ont besoin de davantage de professeurs et de ressources pour les appuyer. Voilà quelques grandes idées qui ont fait consensus lors des rencontres préparatoires au Sommet sur l’enseignement supérieur. Il appartient au gouvernement de décider des moyens pour y arriver, mais la CREPUQ compte s’assurer que les solutions envisagées ne nuiront pas à l’accessibilité.
« Plusieurs idées sont lancées dans les médias et nous n’allons pas commenter chacune d’elles. Nous allons attendre d’avoir en main la proposition finale du gouvernement, mais il est évident que pour la CREPUQ, l’accessibilité est incontournable », a indiqué Luce Samoisette, présidente de la CREPUQ, en entretien téléphonique avec Le Devoir, alors qu’elle était en route pour la dernière rencontre préparatoire au Sommet qui s’est déroulée la semaine dernière à Rimouski.
Également rectrice de l’Université de Sherbrooke, Luce Samoisette remarque que du chemin a été fait depuis l’hiver dernier. « À ce moment-là, on parlait des droits de scolarité, mais pas des besoins des universités, dit-elle. Si le Sommet permet aux universités de parler de ce qu’elles font et de leurs besoins, si on affirme que l’éducation doit être une priorité nationale et qu’on doit s’assurer que les ressources adéquates sont disponibles dans les universités pour qu’elles puissent mener à bien leur mission, ce sera déjà un très grand pas. »
Ensuite, il restera à mettre en place une stratégie. « On devra dire ce qu’on veut faire, cibler un taux de diplomation à atteindre et faire un plan d’action à tous les niveaux au Québec », explique-t-elle.
La question du sous-financement
La question du sous-financement des universités est l’une des questions qui divisent les différents acteurs du milieu. Alors que les recteurs sonnent l’alarme depuis des années sur la gravité de la situation, Pierre Duchesne, ministre de l’Éducation supérieure, a émis des réserves quant à l’ampleur du sous-financement. La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) remet pour sa part en question le sous-financement et estime qu’il y a des problèmes de gestion dans les universités.
La CREPUQ se dit d’ailleurs prête à revoir le processus de reddition de comptes des universités. « Nous sommes d’accord pour qu’une commission des affaires universitaire soit créée, pourvu qu’elle soit consultative et non décisionnelle, affirme Luce Samoisette. La commission ferait des recommandations au ministre qui continuerait de prendre les décisions parce que nous ne voulons pas rajouter une couche administrative. Pour ce qui est du mandat et de la composition de la commission, par contre, il y aura du travail à faire. »
Plus de professeurs
Il semble toutefois y avoir consensus lorsqu’on aborde la question de l’augmentation du nombre de professeurs. « Lors de la rencontre préparatoire au Sommet qui a eu lieu à Sherbrooke, peu importent les chiffres mis sur la table, tous étaient d’accord pour dire qu’on avait besoin de professeurs et de ressources pour les appuyer », affirme Luce Samoisette.
Alors qu’on avait 20,4 étudiants par professeur dans les universités au Québec en 2000, on est maintenant à 22,4, d’après la CREPUQ. « Ce qui est inquiétant, c’est que c’est aux cycles supérieurs que le nombre d’étudiants a beaucoup augmenté. Or, les professeurs des cycles supérieurs encadrent souvent seulement deux ou trois étudiants-chercheurs par année. Le ratio aurait dû descendre, mais il a augmenté. Aujourd’hui, 1000 professeurs de plus seraient nécessaires dans les universités québécoises pour ramener le ratio à 20,4 comme en 2000 », indique Mme Samoisette.
Un réinvestissement en recherche
Le nombre de professeurs dans les universités a un impact sur différents éléments comme le nombre d’élèves par classe, mais aussi sur la recherche.
Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie doit d’ailleurs présenter au printemps sa Politique nationale de la recherche et de l’innovation. « Il faut que la Politique nationale ait des objectifs ambitieux pour le Québec, affirme Luce Samoisette. Il faut former davantage de jeunes scientifiques et c’est pour cette raison aussi que nous voulons plus de professeurs. Plus il se fait de recherche au Québec, plus il y aura de richesses sur le plan économique et social. Il faut rappeler aussi que plusieurs pays émergents comme l’Inde et la Chine ont des objectifs ambitieux en enseignement supérieur et en recherche dans des domaines où nous sommes des précurseurs. Ces pays-là vont se développer au détriment du Québec si nous n’adoptons pas d’objectifs ambitieux. »
La semaine dernière, on assistait d’ailleurs à une levée de boucliers au Québec en raison des coupes de 10 millions au Fonds de recherche du Québec en santé, soit l’équivalent de 13 % de son budget. Le Fonds de recherche du Québec Société et culture subira aussi une réduction de budget de 13 %, alors que le Fonds de recherche du Québec Nature et technologies écopera d’une compression de près de 15 millions, l’équivalent de 30 % de son budget.
« Les coupes annoncées dans les fonds de recherche inquiètent énormément le milieu universitaire, affirme Mme Samoisette. Aura-t-on les moyens de continuer les recherches ? Et si elles sont arrêtées, reprendront-elles ailleurs, ou seront-elles abandonnées ? Nous espérons que la Politique nationale, qui donnera accès à des ressources en recherche, pourra venir compenser ces coupes. »
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Collaboratrice
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