La question des droits de scolarité sera réglée au Sommet

Le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, souhaite que la question des droits de scolarité se règle au prochain sommet à la fin février. «On ne tiendra pas un sommet pour reporter à plus tard dans un échéancier indéfini une décision aussi importante que celle-là», a-t-il déclaré vendredi, lors d’un point de presse en marge de la dernière rencontre préparatoire à l’événement. «Le sommet doit être le lieu où on puisse s’entendre là-dessus.»
C’est ce que les Québécois attendent, a-t-il ajouté, promettant qu’à la fin, «il y aura des décisions de prises, des chantiers de lancés et probablement des projets de loi envisagés.» Son ministère travaille actuellement à l’élaboration d’un cahier de propositions, découlant des quatre rencontres préparatoires qui se sont tenues au cours des derniers mois.
La Fédération étudiante universitaire (FEUQ) attend les conclusions du sommet de pied ferme. Sa présidente, Martine Desjardins, a durci le ton à l’endroit du ministre et a averti que les étudiants ne se laisseront pas imposer l’indexation. «Si le gouvernement pense qu’il peut gagner sans les jeunes, il se met le doigt dans l’œil», a-t-elle dit. «Il va falloir qu’il écoute la voix des jeunes parce que je peux vous garantir que les étudiants vont le retenir aux prochaines élections», a-t-elle menacé. La FEUQ décidera de ses moyens d’action lors de son prochain congrès les 8-9-10 février prochain.
S’il admet que l’exercice du Sommet n’est pas vain, le porte-parole libéral en matière d’Enseignement supérieur, Gerry Sklavounos, dresse toutefois un bilan sévère des quatre rencontres. Pour lui, les dés sont pipés, notamment parce que le scénario de la gratuité a été écarté.
Le gouvernement ne sera d’aucun secours pour les universités s’il ne fait qu’annoncer des compressions, ajoute-t-il. «Je ne peux pas savoir ce qui se dit à l’intérieur du Conseil des ministres du Parti québécois mais ce que je sais, c’est quand Pierre Duchesne en ressort, il y a toujours moins d’argent. C’est toujours des coupes», a-t-il déploré.
Assises de recherche
Tentant encore de rassurer les chercheurs mécontents des compressions en recherche, le ministre Duchesne a annoncé la tenue d’assises nationales de la recherche en avril. Les mémoires reçus et les travaux de réflexion déjà entamés notamment par l’ACFAS serviront à l’exercice, qui aboutira en une Politique nationale sur la recherche et l’innovation (PNRI). «Il y a déjà un travail de fait considérable et il faut arriver à des discussions en face à face».
Pour la présidente de la FEUQ, c’est déjà tard. «On ne sait jamais quand on va avoir la fameuse politique, ça va créer un flottement», a dit Mme Desjardins. Pour elle, ce n’est rien pour rassurer les chercheurs. «On a besoin de savoir c’est quoi le financement pour les années subséquentes, si on n’est pas capable de tabler là-dessus, ça va bloquer la recherche dans les universités, c’est un problème majeur.»
En plus des 31 millions coupés dans les trois grands fonds de recherche du Québec, elle estime qu’il y a un manque à gagner de 49 millions en bourse d’excellence pour les étudiants aux cycles supérieurs.
Importance de la recherche
Au terme de cette dernière rencontre avant le sommet, l’importance de la recherche pour le développement régional a fait, sans surprise, consensus. Plusieurs ont souligné l’importance de la valoriser au sein des cégeps tandis que d’autres ont insisté sur l’équilibre entre la recherche appliquée et fondamentale.
La Fédération des chambres de commerce a répété que le rapprochement entre universités et entreprises est bénéfique. Françoise Bertrand, sa présidente, a également laissé entendre qu’il fallait peut-être privilégier les cours en ligne plutôt que de s’abandonner à une «frénésie immobilière».
Par ailleurs, la rectrice de l’Université de Sherbrooke et présidente de la CREPUQ, Luce Samoisette, a confirmé que les universités participaient à l’effort budgétaire exigé par le gouvernement. À son université, le tiers du 12 millions de compressions exigées sera absorbé par l’établissement et se traduira par des retards d’embauches et des annulations de cours. Le reste ira dans la colonne du déficit. «Mais si on coupe des embauches ou qu’on en reporte, ça veut dire qu’on affaiblit le nombre de professeurs-chercheurs, dont le mandat est aussi de former à la recherche», a-t-elle soutenu. «On doit reprendre notre place. Ce qu’on vise, c’est d’être dans le peloton de tête et non pas dans la moyenne canadienne. En plus, comme société francophone, on a tout avantage à le faire.»