Universités - La CREPUQ évoque un sous-financement de 1 milliard
Les universités affirment que leur sous-financement dépasse 850 millions par année en comparaison des établissements des autres provinces, et qu’il atteindra le milliard incessamment. L’étude de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) déposée lundi a été reçue favorablement par le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne.
Évalué à 409 millions en 2003-2004, l’écart de financement des universités québécoises aurait plus que doublé, atteignant 850,1 millions en 2009-2010, selon les plus récentes estimations de la CREPUQ. Le manque à gagner serait de plus de 4000 $ par étudiant à temps complet par année, ce qui représente environ 24 % du budget de fonctionnement des universités.
La CREPUQ se garde bien de réclamer que le fossé soit comblé entièrement. « Ce qu’on souhaite, c’est pouvoir en discuter, et renverser la tendance qui veut que cet écart se creuse de plus en plus », dit Michel Patry, membre du comité exécutif de la CREPUQ et directeur de HEC Montréal. « On pourrait reconnaître une bonne fois pour toutes que le sous-financement est réel, mais ça ne veut pas dire qu’on va trouver 850 millions miraculeusement. Mais si on ne fait rien, nous parlerons bientôt d’un écart de 1 milliard de dollars ».
Le ministre ouvert à la discussion
De passage à Montréal, mardi, pour participer au lancement des rendez-vous culturels du milieu collégial, dont Cégeps en spectacle, le ministre Duchesne s’est dit ouvert à discuter de ce rapport avec la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec. Et il entend bien poser des questions sur les chiffres dévoilés.
« Que la CREPUQ amène une nouvelle étude, mise à jour, on reçoit bien ça. Maintenant, il y a un débat, là, qui s’engage autour des études. Et on va voir, on va en faire l’analyse, on va voir comment ils en arrivent à ce chiffre-là, parce que vous conviendrez que, lorsqu’on en arrive à un chiffre semblable, il y a des conséquences », a commenté le ministre Duchesne.
La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) qualifie de « trompeuse » la comparaison établie par la CREPUQ avec les provinces canadiennes. N’ayant pas évalué leurs « besoins réels », les recteurs « revendiquent [de l’argent] qu’ils ne savent même pas où investir », dit la FEUQ dans une note publiée mardi.
La CREPUQ se base sur une méthodologie mise au point en 2002 avec le ministère de l’Éducation, validée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton et le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO). Ces calculs ne prennent pas en compte l’écart du coût de la vie entre les différentes provinces canadiennes et le Québec. « Oui, le coût de la vie est moindre ici, mais les impôts sont plus élevés, le coût des ressources est le même, et nous sommes en concurrence pour attirer les chercheurs, de commenter M. Patry. Notre méthodologie est rigoureuse. »
Avec La Presse canadienne