Un objectif, deux interventions


	Des étudiants, certains insultant les policiers, ont bloqué l’accès à des pavillons de l’Université de Montréal. Vingt manifestants ont été arrêtés.
Photo: La Presse canadienne (photo) Paul Chiasson
Des étudiants, certains insultant les policiers, ont bloqué l’accès à des pavillons de l’Université de Montréal. Vingt manifestants ont été arrêtés.

Animées par la même préoccupation, celle d’assurer la sécurité des biens et des personnes dont elles sont responsables, l’administration de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et celle de l’Université de Montréal (UdeM) ont adopté lundi des mesures opposées pour contenir le tumulte des salles de classe où se tenaient des cours prodigués par une faculté dont les étudiants ont reporté la grève.

L’UdeM a eu recours aux forces policières pour éloigner les manifestants alors que l’UQAM a préféré envoyer des agents de sécurité aux portes des classes pour limiter d’éventuels débordements.


En vertu de la loi 12, les deux universités devaient organiser lundi la tenue de tous les cours écourtés par la grève générale illimitée, et ce, en dépit des mandats de grève votés par les étudiants. À l’UQAM, où la grande majorité des levées de cours prévues ont eu lieu, selon les associations étudiantes, l’administration a jugé plus sécuritaire de ne pas imposer le retour en classe.


« Nous agissions plutôt en vertu du principe de la réalité : il faut le vivre pour décider. L’usage de la force aurait pu envenimer les choses ; nous avons jugé que c’était trop risqué », explique la responsable des relations de presse à l’UQAM, Jenny Desrochers.


À l’UdeM, où les manifestants étaient pourtant moins nombreux et moins masqués qu’à l’UQAM, l’administration a demandé aux forces policières d’intervenir à l’intérieur de ses murs afin que la tenue de cours soit respectée. « Une décision comme celle-là n’est jamais facile à prendre. Mais notre but était de maintenir la tenue des classes », plaide Mathieu Filion, porte-parole à l’UdeM où seulement 4 levées de cours ont eu lieu sur les 200 prévues par les manifestants.


Dans les deux établissements, des individus, parfois cagoulés ou masqués par des foulards, sillonnaient les couloirs afin d’expulser les étudiants qui souhaitaient défier le mandat de grève de leur faculté en assistant coûte que coûte à leur cours. Les qualifiant de « scab », les manifestants ont fait savoir aux étudiants à grand vacarme, en frappant sur les tables et en faisant résonner des sifflets et des trompettes, qu’ils n’étaient pas les bienvenus dans les classes.


À l’UdeM, 20 individus ont été mis en état d’arrestation. Dix-neuf étudiants ont fait l’objet d’une enquête en vertu de la loi 12 avant d’être relâchés, et un manifestant a été arrêté pour voie de fait sur un agent de la paix. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n’a toutefois pas confirmé s’il s’agissait d’étudiants de l’UdeM.


Sept manifestants qui, de l’avis de la direction de l’UdeM, avaient tenté d’interrompre un cours en faisant du « grabuge » ont été gardés en détention dans une classe plus de deux heures sous l’oeil de gardiens de sécurité et de policiers. Pendant ce temps, des policiers de la SPVM empêchaient les manifestants d’entrer dans les classes où se tenaient des cours, alors que des étudiants scandaient « Pas de police à l’UdeM » et « Libérez nos camarades ».


À l’UQAM, des organisateurs des manifestations se sont dits satisfaits de cette première journée de levées de cours tout en émettant un bémol quant à la réponse de l’administration par rapport au respect du mandat de grève. « Nous sommes déçus qu’il n’y ait pas eu de levée de cours unilatérale adoptée par l’administration de l’UQAM. Mais nous avions aujourd’hui environ 250 personnes pour faire les levées de cours », estime Alexandre Poulin de l’Association facultaire étudiante en arts de l’UQAM.


Les manifestations comptent poursuivre leurs actions en forçant l’annulation de 1800 cours des facultés dont les associations sont en grève cette semaine. « Nous allons tenir une journée portes ouvertes mercredi afin que les citoyens s’approprient l’UQAM. Bien sûr, nous ne ferons pas une visite guidée. Nous allons plutôt inviter la population à faire des levées de cours avec nous », a spécifié Alexandre Poulin.

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