Grève étudiante - Les appels au dialogue se font pressants

Des centaines d’étudiants masqués et déguisés ont paralysé le centre-ville de Montréal hier après-midi, le temps d’une manifestation sur le thème de la grande mascarade.
Photo: - Le Devoir Des centaines d’étudiants masqués et déguisés ont paralysé le centre-ville de Montréal hier après-midi, le temps d’une manifestation sur le thème de la grande mascarade.

Pas chauds à l'idée d'un dégel, les étudiants accueillent néanmoins favorablement les signes d'ouverture de la part du gouvernement Charest. «On voit que ça bouge de son côté alors que ça fait des mois qu'il se campe sur ses positions. [...] Pour les étudiants, ça donne un espoir», a dit Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ).

Hier, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a réitéré son «ouverture» à discuter de l'aide financière. «Il y a toujours, toujours de l'ouverture pour parler de la question du programme des prêts et bourses et de l'accessibilité. Ça a toujours été vrai», a-t-elle soutenu hier matin à l'Assemblée nationale. «Mais peu importe le signal qui est lancé aux étudiants, leur réponse est toujours la même. C'est: "nous ne voulons que parler du gel"», a-t-elle ajouté en déplorant leur intransigeance.

La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) se réjouit de cette oreille tendue, mais rappelle que le gel doit être accepté comme prémisse. «Les étudiants ne veulent pas négocier leur endettement, mais le retrait de cette mesure injuste et inéquitable qu'est la hausse des frais de scolarité», a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois, coporte-parole de la CLASSE. L'organisation accuse la ministre de «noyer le poisson» en posant des conditions au dialogue.

La pression monte


Reste que le temps passe et que la pression devient de plus en plus forte. Sur diverses tribunes, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter un compromis. Même que le symbole du «carré jaune» est en train de se répandre, pour promouvoir l'idée d'une hausse de 1625 $... mais sur dix ans au lieu de cinq. La présidente de la FEUQ en est consciente. «Dans les lettres ouvertes, on voit que de plus en plus de gens proposent des solutions. Même François Legault s'est proposé comme médiateur. Tout le monde est en mode action, reconnaît-elle. Mais les étudiants aussi veulent avoir une discussion le plus rapidement possible.»

Selon la ministre Beauchamp, le congé de Pâques sera le point critique, en particulier pour cinq établissements collégiaux de la région de Montréal qui «boycottent» leurs cours depuis plusieurs semaines. Elle rappelle que la reprise des cours sera de plus en plus «problématique».

Avec environ 185 000 étudiants en grève (dont une majorité de cégépiens), les appuis fluctuent très peu. Cette semaine, douze cégeps ont reconduit la grève et six devaient se prononcer aujourd'hui. Onze autres voteront la semaine prochaine. Les universités sont plus frileuses. Par exemple, les étudiants des cycles supérieurs de l'Université Laval ont été favorables à un débrayage jusqu'au 4 avril, mais par moins d'un point de pourcentage. Par un vote tout aussi serré, les étudiants en médecine de l'Université de Montréal prolongeront leur grève jusqu'à lundi, une première historique.

Pied de nez masqué


Des centaines d'étudiants masqués et déguisés ont paralysé le centre-ville de Montréal hier après-midi. Reprenant l'idée des quatre lignes de métro, ils ont manifesté pacifiquement selon quatre trajets de couleurs différentes, connus des policiers. Étudiant en biologie à l'UQAM, Alexandre Fouillet a rappelé que ce charivari aux allures de Mardi gras était aussi un pied de nez à tous ceux qui critiquent le droit de se masquer. «On n'a rien à cacher. Mais on se masque pour éviter le profilage des policiers», a-t-il expliqué. «On n'est pas juste des gens qui cassent des fenêtres. On est créatifs aussi. On veut le montrer au gouvernement. Des philosophes ont dit que résister, c'est créer. C'est ce qu'on est en train de faire», a-t-il conclu.

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Avec la collaboration d'Antoine Robitaille

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