École de technologie supérieure - «Il faut rivaliser avec des pays comme la Chine»

Réginald Harvey Collaboration spéciale
L’équipe du Laboratoire d’ingénierie des produits, des procédés et des systèmes (LIPPS): de gauche à droite, les professeurs Martin Viens, Roland Maranzana, Jean-François Chatelain, Antoine Tahan, Françoise Marchand, Victor Songmene, Louis Rivest (absents: Éric David, Jacques Masounave).
Photo: École de technologie supérieure L’équipe du Laboratoire d’ingénierie des produits, des procédés et des systèmes (LIPPS): de gauche à droite, les professeurs Martin Viens, Roland Maranzana, Jean-François Chatelain, Antoine Tahan, Françoise Marchand, Victor Songmene, Louis Rivest (absents: Éric David, Jacques Masounave).

Ce texte fait partie du cahier spécial Universités - Recherche

Il existe, depuis 1998, un laboratoire qui s'applique à découvrir les meilleures façons pour l'industrie de concevoir et de fabriquer plus efficacement et de façon sécuritaire des produits meilleurs et plus durables. Pour y parvenir, il fait appel à plusieurs disciplines du génie et regroupe une cinquantaine de personnes, qui en font un leader dans son domaine au Canada.

Victor Songmene, professeur au Département de génie mécanique de l'École de technologie supérieure (ÉTS), dirige le Laboratoire d'ingénierie des produits, des procédés et des systèmes (LIPPS), dont il cerne la mission: «C'est de former des chercheurs et du personnel hautement qualifiés pour notre industrie; bien sûr, pour y arriver, on poursuit des projets de recherche et de développement appliqués qui sont tournés vers la production ou l'optimisation des produits et des procédés. On agit de la sorte en se basant sur une approche multidisciplinaire.» En fait, le LIPPS se démarque par un mode de fonctionnement combinant la recherche appliquée et les activités de développement industriel.

La plupart des activités du labo ont été restructurées autour de deux axes principaux: «Il y en a un qui est virtuel, pour l'ensemble des tâches qui servent à concevoir ou optimiser une fabrication; on parle ici de tout ce qui se fait par ordinateur: la conception assisté par ordinateur (CAO), la fabrication (FAO), l'inspection, la gestion du cycle de vie des produits et tout le reste. Quant à l'autre axe, il est physique, et là on voit entrer en ligne de compte les procédés, les machines réels, les pièces et le produit fini.»

Qu'il s'agisse des activités liées au virtuel ou au physique, un objectif demeure: «Nous visons à former un type nouveau d'ingénieur qui soit capable d'allier la compétitivité au respect de l'environnement de même qu'à la protection et à la sécurité du travailleur.»

Les champs d'activité visés

À quel marché les travaux du labo sont-ils destinés? Le directeur fournit cette réponse: «À l'ensemble des industries de fabrication; il est question d'entreprises comme Bell Helicopter, Bombardier Aéronautique et Transport, Héroux-Devtek, Pratt et Whitney et autres. En fait, on s'adresse à toute l'industrie qui fabrique des pièces, que ce soit pour les avions ou tout autre produit doté de pièces mécaniques.»

Il existe un mélange entre les aspects fondamentaux et appliqués de la recherche: «Comme on peut le voir, la finalité de nos travaux, c'est le produit qui, au final, se retrouve dans l'industrie; l'appliqué prend donc un plus grand pourcentage d'importance, bien que, dans certains cas, il faille aller chercher de l'information sur du fondamental pour en arriver à une application.»

En vertu de cette approche pratique, le laboratoire reçoit un appui financier des grands organismes subventionnaires de la recherche au Canada et au Québec, mais il bénéficie également du soutien de partenaires du secteur privé: «Il y a les grands du domaine aéronautique et d'autres organismes en santé et sécurité qui travaillent avec nous; et il y a aussi Volvo, Rolls-Royce, Andritz, l'Institut de recherche d'Hydro-Québec (IREQ) et tous les clients ou membres du consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale du Québec (CRIAQ).»

Le partenariat prend cette forme: «C'est à travers des projets de recherche qu'on collabore; ils émanent de l'industrie, voire des chercheurs eux-mêmes. Généralement, l'industrie approche le client pour nous, on identifie la problématique et on établit un projet pour lequel il contribue financièrement; en contrepartie, on se tourne vers le gouvernement pour aller chercher une autre partie du financement pour réaliser le travail. Aussi, il est relativement facile de s'associer avec des gens, puisque l'industrie en tire un enrichissement; la seule difficulté qu'on éprouve parfois, c'est qu'on se tourne vers nous lorsqu'on a un problème particulier et qu'on nous prend un peu pour des sapeurs-pompiers.»

M. Songmene prône une démarche différente: «Il faut maintenant demeurer très compétitif sur le plan mondial et rivaliser avec des pays comme la Chine et d'autres. Pour garder une longueur d'avance et atteindre notre but final, qui est de les aider à faire face mondialement à la concurrence avec leurs produits, on doit trouver une solution au problème d'aujourd'hui, mais il faut également aller au-delà de cela pour envisager ce qui va se passer demain.»

Le LIPPS en action

Il illustre sur quoi exactement portent les interventions des chercheurs dans le domaine physique et il donne sommairement deux exemples des recherches actuellement en cours: «On a un projet qui porte sur les inspections sans contact, on-line et intelligentes; il y a donc des gens qui travaillent sur des systèmes d'inspection qui servent à examiner la pièce directement dans le poste de fabrication, sans avoir à l'enlever ou à entrer en contact mécanique avec l'outil servant à cette opération; on peut également apporter les corrections nécessaires s'il y a un problème qui se pose. On a un autre ensemble de projets qui tournent autour du développement de procédés de fabrication propres qui soient compétitifs.»

Sur le plan de la fabrication virtuelle, Victor Songmene illustre la nature des travaux des chercheurs: «On s'active sur un projet visant l'élimination des dessins d'ingénierie traditionnels, notamment dans le secteur aéronautique; on fait disparaître le papier pour se tourner vers l'ordinateur. On travaille aussi sur un outil informatique qui a été développé dans le laboratoire et qui est destiné à rechercher les pièces similaires dans la banque de données d'une entreprise; quand on veut développer un nouveau produit, il est possible de voir, à l'intérieur de cette banque de milliers de pièces, ce qu'on a déjà fait dans le passé, pour accélérer de la sorte le processus de développement. De plus, on travaille sur l'optimisation de l'usinage des composites et des matériaux multicouches, là encore dans le secteur aéronautique; ces travaux servent à réduire le poids des avions, qui peuvent loger plus de passagers et prendre plus de bagages.»

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Collaborateur du Devoir

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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