Bishop - Un centre où entrepreneurs et étudiants se rencontrent
Ce texte fait partie du cahier spécial Universités - Recherche
Certains avancent que les Québécois n'ont pas le sens de l'entrepreneuriat assez développé et que, lorsqu'ils l'ont, il est trop timide. D'autres estiment que les étudiants universitaires qui se lancent en affaires après leurs études sont trop peu nombreux. C'est pour pallier ce manque et encourager l'entrepreneuriat qu'a vu le jour, en 1998, le Centre Dobson-Lagassé de l'Université Bishop.
«Le Centre Dobson-Lagassé a vu le jour grâce aux efforts de la communauté d'affaires et de la communauté universitaire de notre région, qui ont vu le besoin de mieux enseigner l'entrepreneuriat et de mieux encadrer les entrepreneurs régionaux», explique David Monty, l'actuel directeur du Centre Dobson-Lagassé.Les fondateurs du Centre Dobson-Lagassé sont Me Louis Lagassé et M. John Dobson. «Louis Lagassé est un avocat et homme d'affaires connu de notre région qui, à ce moment-là, siégeait au conseil d'administration de l'université. M. John Dobson est un homme d'affaires montréalais du domaine de la finance qui a mis en place une fondation dont l'objectif est de soutenir l'entrepreneuriat et son enseignement dans les universités canadiennes. Lorsque l'Université Bishop a approché M. Dobson afin qu'il installe un centre ici, il a insisté pour que le nom de M. Lagassé y figure. Pour M. Dobson, il est important qu'un tel centre soit bien ancré dans la région où il est établi et qu'il obtienne ainsi la validation de la communauté.»
Bien que le Centre Dobson-Lagassé ait pignon sur rue au campus de l'Université Bishop, il ne s'agit pas d'une entité universitaire, mais bien d'une société privée à but non lucratif. «C'est la présence du secteur privé en milieu universitaire, et le centre constitue un rapprochement entre les entrepreneurs et le milieu universitaire.» D'ailleurs, le Centre Dobson-Lagassé travaille en collaboration avec la Williams School of Business de l'Université Bishop.
La mission et le fonctionnement
La mission du Centre Dobson-Lagassé comporte deux volets. Le premier est de promouvoir l'enseignement et la pratique de l'entrepreneuriat auprès des étudiants de l'Université Bishop. Le second est de soutenir les entrepreneurs de la région estrienne et de favoriser la croissance des PME dans la région. Ce second volet comprend aussi la mise en commun des forces propres aux cultures francophone et anglophone de la région. M. Monty, qui est né d'un père francophone et d'une mère anglophone, est bien placé pour comprendre la richesse de ce rapprochement.
«Il y a beaucoup à gagner à pouvoir puiser dans les deux cultures. Historiquement, les francophones ont été moins actifs dans la création d'entreprises et le milieu d'affaires que ne l'ont été les anglophones. Il y a donc une expertise et surtout une compréhension du milieu des affaires chez les anglophones, dont tous peuvent profiter. On dit aussi que les francophones sont créatifs, ce que l'abondance de talent québécois confirme, mais, pour que ce talent puisse s'épanouir, il faut être en mesure de le commercialiser.»
Le Centre Dobson-Lagassé fonctionne à la manière d'un triangle dont chaque pointe représente un des éléments. «À une pointe, il y a les quelque cent entrepreneurs qui font partie de notre réseau. À l'autre, il y a les étudiants. La dernière pointe est formée par des entrepreneurs chevronnés, à la retraite ou non, qui veulent bien agir bénévolement comme mentor.» Le succès du modèle repose sur la souplesse et la communication entre les trois pointes. «Il faut toujours garder les trois pointes du triangle en communication et en action. Et, pour accomplir cela, il faut adopter un fonctionnement organique. On peut bien travailler vers une stratégie précise, mais on ne peut pas tout programmer. La force du modèle est de mettre ensemble toutes les ressources et de pouvoir y puiser selon les besoins.»
Quelques exemples
Un entrepreneur appartenant au réseau du Centre Dobson-Lagassé peut donc faire appel à ce dernier pour obtenir certains services gratuits. «Par exemple, un entrepreneur qui a créé une entreprise, il n'y a pas longtemps, et qui est rendu aujourd'hui à ce que je nomme le point d'humilité, c'est-à-dire le temps creux où l'entreprise doit faire à nouveau un pas vers l'avant, pourra obtenir l'aide d'un mentor. On essaie alors de le mettre en contact avec un mentor qui a vécu pareille situation. Mais le rôle du mentor n'est pas de trouver la réponse, mais plutôt de servir de point de départ à une réflexion plus approfondie.»
L'entrepreneur peut aussi solliciter l'aide d'étudiants pour effectuer une étude ou une analyse plus fine. «L'entrepreneur profite ainsi d'une consultation sur un point précis de son entreprise. Les étudiants ont pour leur part l'occasion de travailler non pas sur un cas-type, comme on le fait en classe, mais sur le cas concret d'une entreprise en action qui compte sur cette analyse.» De plus, les étudiants peuvent aussi profiter de la sagesse des mentors. «Par exemple, j'ai un étudiant qui participe à l'entreprise de son père et qui nous a approchés parce qu'il éprouve de la difficulté à convaincre son père du bien-fondé de ses nouvelles idées. Nous l'avons jumelé avec un mentor afin de l'aider à faire passer son message.»
Selon David Monty, le Centre Dobson-Lagassé propose un modèle gagnant-gagnant puisque toutes les parties en tirent un avantage. Il souhaite même que le modèle du Centre Dobson-Lagassé soit repris par un plus grand nombre d'universités québécoises. «Le temps d'un emploi pour la vie est fini, les gens fonctionneront plutôt par projet, et, pour y arriver, il faut avoir développé un sens entrepreneurial.»
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Collaborateur du Devoir
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