Cours d'histoire au 2e cycle du secondaire - Un virage axé sur les connaissances
C'est rien de moins qu'un retour marqué vers les connaissances que propose le nouveau document Progression des apprentissages (PDA) du cours Histoire et éducation à la citoyenneté pour le 2e cycle du secondaire, un document très attendu et qui détaille les contenus à enseigner.
Publié en douce sur le site du ministère de l'Éducation (MELS), PDA suggère que désormais, pour alléger leur tâche qui était trop lourde, les élèves de 3e secondaire auront moins de connaissances historiques à acquérir.Les contenus de la 3e et de la 4e secondaire sont aussi mieux distingués pour éviter les redondances, ce qui correspondait à une demande des enseignants.
Le MELS semble aussi avoir tenu compte du reproche qui lui avait été fait puisque la mention «Histoire du Québec et du Canada» apparaît dans le préambule, bien que le titre du cours demeure inchangé.
Sans évacuer complètement les «compétences» — le mot apparaît plusieurs fois dans l'introduction —, les verbes utilisés (nommer, décrire, indiquer, etc.) correspondent au plus bas niveau de la taxonomie de Bloom, un modèle pédagogique qui propose une classification des niveaux d'acquisition des connaissances.
«C'est un virage à 180 degrés des compétences vers les connaissances, analyse Laurent Lamontagne, président de la Société des professeurs d'histoire du Québec (SPHQ). Par exemple, un enseignant va pouvoir n'évaluer que les connaissances dans le bulletin.»
Il déplore l'utilisation des verbes, qui renvoient à des savoir-faire trop simplistes, et déplore que l'accent soit mis sur les connaissances plutôt que sur les compétences.
«J'ai peur que la méthode et la pensée historiques passent sous le tapis encore une fois. Pour le développement intellectuel de l'élève, ce ne serait pas bon, croit M. Lamontagne. Le ministère n'a fait que réagir à la pression publique.»
Pour Luc Prud'homme, professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières et signataire du Manifeste pour une école compétente, il est évident que le ministère fait marche arrière.
«Chaque fois qu'il y a un nouveau document, un projet de loi ou une discussion en éducation, c'est pour remettre les compétences en arrière-plan, même si elles ne disparaissent pas complètement», a-t-il souligné.
Étudier le passé
Une analyse plus approfondie du contenu des différents chapitres (appelés «réalités sociales») permet de constater qu'en 3e et 4e secondaire, la majorité des connaissances à acquérir sont en lien avec l'histoire passée et répondent à la deuxième compétence (sur trois au total), soit «Interpréter les réalités sociales à l'aide de la méthode historique».
À l'inverse, la troisième compétence «Consolider l'exercice de sa citoyenneté à l'aide de l'histoire», n'est pratiquement pas développée.
Quelques incohérences se sont aussi glissées.
Par exemple, au chapitre 4 des «revendications et luttes dans la colonie britannique» de PDA, les élèves de 3e secondaire sont invités à discuter de «fédéralisme renouvelé» et des gouvernements canadien et québécois.
Or, au chapitre correspondant dans le programme, les notions qu'ils doivent acquérir s'arrêtent en 1850, alors que le Canada n'est même pas fondé.