Le grand nombre de faux diagnostics de trouble de déficit d'attention inquiète

Le nombre de faux diagnostics n’a pas encore été établi au Québec, mais la situation pourrait être similaire à celle des États-Unis, où 25 % des enfants reçoivent à tort un diagnostic de TDAH.
Photo: Agence Reuters Le nombre de faux diagnostics n’a pas encore été établi au Québec, mais la situation pourrait être similaire à celle des États-Unis, où 25 % des enfants reçoivent à tort un diagnostic de TDAH.

De nombreux petits Québécois recevraient à tort un diagnostic de trouble de déficit d'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). C'est ce qu'a révélé le neuropsychologue Benoît Hammarrenger lors d'une présentation dans le cadre du congrès annuel de l'Association québécoise des troubles d'apprentissage (AQETA) qui a eu lieu la semaine dernière.

Le nombre de faux diagnostics n'a pas encore été établi au Québec, mais la situation pourrait être similaire à celle des États-Unis, où 25 % des enfants reçoivent à tort un diagnostic de TDAH, qui en serait plutôt un d'immaturité. Le TDAH demeure, à l'heure actuelle, le diagnostic le plus fréquent en pédopsychiatrie en Amérique du Nord.

Selon M. Hammarrenger, avant toute chose, il est important de faire un bilan complet de l'enfant. Trop souvent, le questionnaire de Conners demeure l'unique référence, déplore-t-il. Ce questionnaire, qui peut être rempli par le parent, l'enseignant ou le psychologue, présente une série de critères se rapportant, d'une part, au trouble d'inattention et d'autre part, à l'hyperactivité. Lorsque six de ces critères sont cochés dans chacune des deux catégories, l'enfant peut être soupçonné de posséder un TDAH.

Le problème avec ce genre de questionnaire est que «les critères sont en réalité des symptômes et non des causes», a noté M. Hammarrenger, qui dirige la Clinique d'évaluation et réadaptation cognitive (CERC). «Il arrive régulièrement que des enfants cotent très haut sur l'échelle de Conners, mais que le diagnostic n'en soit pas un de TDAH. Le questionnaire n'est qu'une donnée parmi d'autres», a-t-il ajouté. Environ le tiers des enfants qu'on réfère à sa clinique comme étant atteints d'un TDAH ne le sont pas en réalité.

Ainsi, pour diverses raisons, certains troubles sont souvent confondus avec le TDAH, comme l'anxiété, la douance ou le trouble envahissant du développement. M. Hammarrenger cite en exemple le cas d'un garçon de six ans, agité et dérangeant, qui, à première vue, présentait les symptômes d'un TDAH. Une analyse approfondie et un test de quotient intellectuel ont permis de conclure qu'il faisait plutôt partie du 2 % des enfants québécois à posséder un QI de plus de 130.

Immaturité


M. Hammarrenger a mis également en garde contre les diagnostics posés trop tôt. Il peut y avoir une grande différence de maturité entre un enfant né après ou tout juste avant le 30 septembre. «Jusqu'à six ans et onze mois, les diagnostics qu'on pose doivent être très parcimonieux. Et avant quatre ans, on ne mesure pas grand-chose, a-t-il soutenu. C'est vers huit ans qu'on peut vraiment commencer à voir que ce qu'on mesure, ce n'est pas de l'immaturité.»

Le neuropsychologue invite les médecins, pédiatres et autres spécialistes à ne pas prononcer trop de diagnostics pour une même personne et à limiter autant que possible la médication. Environ 5 % des écoliers québécois prennent du Ritalin ou autres psychotropes destinés à traiter le TDAH.

La prévalence du trouble de l'attention varie de 5 à 7 %.

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