Dans les écoles, le stress est bien réel

Les problèmes de détresse psychologique et d'épuisement professionnel sont bien réels sur le terrain, a rétorqué la présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ) aux conclusions d'une étude rapportées dans Le Devoir d'hier. Les résultats de cette enquête menée par des professeurs du département de psychologie de l'Université de Montréal, qui sont en fait des analyses préliminaires de données, démontraient que, contrairement à la croyance populaire, la grande majorité des enseignants (94 %) étaient en bonne santé psychologique et moins de 2 % des enseignants ne l'étaient pas. L'article scientifique traitant de cette analyse préliminaire et publié récemment en France, dans le Journal des psychologues, arrivait à la conclusion que «la problématique de la santé psychologique au travail fait l'objet de surenchère».
«On va laisser les chercheurs discuter entre eux, parce qu'il y a d'autres recherches qui ne vont pas du tout dans le même sens de ce qu'on constate, nous, sur le terrain. Les sondages qu'ont a menés ne vont pas dans ce sens-là», a dit Mme Bernard. «On a des études, par exemple de Michel Vézina [chercheur à l'Université Laval sur l'organisation du travail et la santé], qui parlent des effets du manque de reconnaissance chez les travailleurs. Ça fait dix ans que les enseignants vivent changement par dessus changement.»Luc Brunet, professeur au département de psychologie de l'Université de Montréal et coauteur de l'étude, ne nie pas les conséquences des changements sur le moral des enseignants. «Les changements rapides et multiples vont provoquer beaucoup plus de tensions au travail. Mais l'important, c'est qu'on ait du soutien et qu'on ait des groupes d'appartenance sur lesquels se rabattre comme moyen de survie à l'intérieur du système», a-t-il indiqué. Dans la plupart des écoles, on y arrive plutôt bien, a-t-il laissé entendre.
Pas seulement les enseignants
La présidente de la FSE soutient que les problèmes liés à un stress aigu (épuisement professionnel, dépression) sont répandus non seulement dans la profession enseignante, mais également chez tous les employés du milieu scolaire. «Faites le tour des commissions scolaires et demandez-leur le pourcentage de gens qui demandent des allégements de tâche. C'est phénoménal. On ne l'invente pas!» a-t-elle dit.
Vérification faite, selon la Fédération des commission scolaires du Québec (FCSQ), 50 % de tous les congés maladies octroyés aux employés des commissions scolaires (cadres, enseignants, professionnels, etc.) l'ont été pour des problèmes de santé mentale, un taux qui se compare à celui des employés de grands réseaux, comme celui de la santé. Les enseignants ne seraient pas plus nombreux que les autres employés des commissions scolaires à demander des congés pour ce type de problèmes.
Même si elle ne partage pas l'avis des chercheurs, Mme Bernard est néanmoins en accord avec l'un de leur constat, à savoir que le climat de travail est un facteur organisationnel qui joue un rôle important dans la détresse. «C'est une conclusion intéressante. Et j'attire l'attention sur les questions de leadership des directions d'école», a-t-elle indiqué.