Éducation - De bonnes idées, mais «copiées» ou «réchauffées»

Quelques bonnes idées — certaines volées, même — et d'autres qui ratent leur cible. L'éducation a occupé une place de choix dans le discours inaugural du premier ministre Jean Charest, mais les mesures énoncées n'en ont pas moins été critiquées.

Le chef de l'Action démocratique du Québec s'est empressé de dénoncer le «copié-collé» de la proposition de son parti de rendre obligatoire l'immersion en anglais pour la moitié de la 6e année. «Je veux savoir comment il va le [le projet] financer», a-t-il demandé. Le porte-parole de l'opposition en matière de langue, Pierre Curzi, s'est lui aussi senti imité. «C'est un peu une récupération de notre idée», a-t-il dit, en précisant que sa proposition vise davantage le renforcement de l'anglais au début du secondaire. Pour le député péquiste, l'immersion «pourrait poser problème» pour les enfants en difficulté.

Le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, n'y voit que du «réchauffé». «On nous annonce un forum en mars avec des ministres alors que ça avait été annoncé au mois d'août. C'est de la non-nouvelle», a-t-il constaté en parlant de l'annonce d'un forum national coprésidé par la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, et la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet. «Ça fait six ans qu'on attend un plan d'action pour ce qui est de la formation continue. La province du Québec est en queue de peloton en la matière», a-t-il ajouté.

Le président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), Pierre Saint-Germain, s'est dit déçu qu'il n'y ait aucune mesure pour aider les enfants en difficulté mais plutôt des annonces d'investissements pour les uniformes scolaires, les équipements sportifs et pour doter chaque classe d'un tableau blanc intelligent et chaque enseignant d'un ordinateur portable. «Est-ce que des ordinateurs et des écrans vont être utiles? Oui. Mais est-ce que c'était ça, l'urgence? Est-ce que l'ordinateur va se substituer à une orthophoniste? Je ne pense pas», a-t-il noté.

La présidente de la Fédération des commissions scolaires, Josée Bouchard, a quant à elle salué cette série de mesures «qui vont dans l'intérêt des jeunes». «On sent une sensibilité par rapport aux garçons, pour les retenir à l'école», a-t-elle souligné. Jean Charest a également prôné un retour aux valeurs traditionnelles de civisme et de rigueur — le vouvoiement a même été évoqué —, ce qui en a fait sourire plus d'un.

Pour ce qui est du financement des universités, le premier ministre n'a pas dérogé de sa ligne de parti, désormais bien connue: l'État y contribuera plus largement, les entreprises aussi, mais les étudiants devront payer leur part. La Fédération étudiante du Québec et son homologue au collégial ont dénoncé cet «entêtement».

La santé

En matière de santé, on a annoncé la création d'une direction de la lutte contre le cancer, ce qui a été applaudi par le Collège des médecins et la Coalition priorité cancer au Québec, qui souhaite toutefois des changements autres que «cosmétiques». Le gouvernement mettra aussi en oeuvre un plan de services intégrés favorisant le maintien à domicile des aînés. «On s'en réjouit, mais il faut que l'argent suive», a dit Lise Denis, directrice générale de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux.

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