La CSDM crie famine

Devant l'ampleur des besoins alimentaires des enfants issus des milieux défavorisés à Montréal, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) a lancé hier un appel à l'aide notamment à la Ville de Montréal et aux divers ministères du gouvernement pour ne plus avoir à elle seule la responsabilité de payer la note. «Il ne s'agit pas de nous désengager, prévient la présidente de la CSDM, Diane De Courcy. Il faut être certain que tout le monde contribue et que nous soyons ensemble et que nous développions une cantine montréalaise.»
Actuellement, à la CSDM, 48 % des 70 000 élèves sont issus de milieux défavorisés et susceptibles d'avoir recours aux mesures alimentaires. Or, faute de moyens, seuls 18 % d'entre eux (environ 12 500) reçoivent de l'aide, qui consiste en un repas équilibré à 50 ¢. C'est le ministère de l'Éducation qui finance depuis 1991 cette mesure alimentaire, qui lui coûte désormais 9,2 millions. Ces dernières années, la CSDM a investi 2,7 millions supplémentaires pour nourrir les élèves dans le besoin.«Le financement supplémentaire à court terme pour répondre en milieux défavorisés est à hauteur de 15 millions», a soutenu Mme De Courcy. Mais, note-t-elle, sans allonger des millions tout de suite, la CSDM, en collaboration avec les dix organismes membres du tout nouveau Collectif de la table des écoliers, voudrait être épaulée par la Ville et le gouvernement pour d'abord explorer une formule de cantine montréalaise qui répondrait à une nouvelle réalité: les parents qui doivent concilier travail-famille n'ont plus le temps de cuisiner, ce qui se traduit par une augmentation des repas consommés à l'école. Ultimement, ce service alimentaire distribuerait des repas chauds le midi à tous les élèves de la commission scolaire, explique Benoît DeGuire, le président du Collectif. «Il ne faudrait pas que les enfants se sentent différents, alors ce serait un peu sur le principe des costumes dans les écoles», a-t-il précisé.
Des modèles venus d'ailleurs
Déjà, une étude de faisabilité d'implantation d'une mesure alimentaire universelle effectuée par la CSDM révèle que ce service de cantine existe dans bien d'autres pays et qu'il n'est pas uniquement financé par le système scolaire. En Finlande, par exemple, les municipalités, avec l'aide financière de l'État, sont tenues de servir des repas chauds gratuits à tous les enfants fréquentant les établissements préscolaires, primaires et secondaires du pays, et ce, depuis 1943. Plus près de nous, en Ontario, c'est le ministère de l'Enfance et de la Jeunesse qui finance en partie les programmes de soutien alimentaire dans toutes les écoles de la province.
Le Collectif et la CSDM ont également demandé le retour des cours d'économie familiale revisités, sur le modèle des cuisines communautaires. Mme De Courcy a rappelé l'importance d'un ventre plein pour persévérer à l'école. «Si ça prend tout un village pour éduquer un enfant, ça prendra aussi toute une tablée», a-t-elle indiqué.