Formation professionnelle aux adultes - Un malentendu administratif vient compromettre un programme

Marie-Josée Machard travaillait depuis 13 ans dans un motel lorsqu'elle a été remerciée. Bénéficiaire de l'assurance-emploi, on lui propose alors de continuer à recevoir ses prestations en suivant des cours au Centre de formation professionnelle Access, une école anglophone près de chez elle en Montérégie, relevant de la commission scolaire Riverside.

Après avoir passé des tests et s'être qualifiée, la femme de 50 ans choisit une technique pour devenir assistante en pharmacie (Pharmacy technical assistance) et paie des frais d'inscription de 100 $ pour réserver sa place. À l'instar d'une vingtaine de personnes inscrites à ce programme, Mme Machard s'est pourtant retrouvé le bec à l'eau à la rentrée scolaire: la formation n'aura finalement pas lieu et est reportée sine die.

«Mon chômage finit et je serai sur le bien-être social. Mais j'ai des responsabilités et une maison que je ne pourrai jamais payer si je ne reçois pas ma formation», explique la dame, inquiète.

Vérification faite, la commission scolaire avait obtenu l'an dernier le droit de donner pendant un an la formation technique en pharmacie. Un laboratoire avait été mis sur pied et des enseignants ont été embauchés. Forte de son succès, la commission scolaire Riverside a reçu plusieurs nouvelles inscriptions et aussitôt déposé une demande d'autorisation qui se fait toujours attendre. «On a l'expertise. Tout ce qu'on veut c'est une autorisation provisoire pour pouvoir continuer à donner la formation», a expliqué au Devoir le directeur de la commission scolaire, Stephen Lessard. La date du début de la formation a dû être repoussée en septembre, puis... plus rien.

Le cabinet de la ministre de l'Éducation confirme avoir reçu une telle requête de la commission scolaire, mais déplore que celle-ci ait commencé à recueillir les inscriptions sans avoir reçu sa pleine autorisation. «La ministre se retrouve devant le fait accompli», a indiqué Esther Chouinard, porte-parole au ministère. «Ce n'est pas la première fois que la commission scolaire Riverside est rappelée à l'ordre pour avoir démarré des programmes sans autorisation», a-t-elle ajouté. Le cabinet de la ministre dit néanmoins continuer l'évaluation des demandes d'autorisation avant de les signer en bloc, pour tous les programmes.

«C'est comme si on est toujours pris dans un engrenage politique et c'est extrêmement frustrant. Imaginez les pauvres étudiants! On perd notre crédibilité en tant que commission scolaire, mais aussi en tant que société», a soutenu M. Lessard. En attendant un dénouement à cet imbroglio, les étudiants inscrits sont invités par le ministère à suivre cette formation dans d'autres commissions scolaires.

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