Le calendrier scolaire modifié sème l'incompréhension générale

Le projet de règlement modifiant le Régime pédagogique déposé mercredi par la ministre Courchesne veut que le nouveau calendrier scolaire se compte en heures et non plus en jours.
Photo: - Le Devoir Le projet de règlement modifiant le Régime pédagogique déposé mercredi par la ministre Courchesne veut que le nouveau calendrier scolaire se compte en heures et non plus en jours.

En annonçant en catimini une modification du calendrier scolaire dans la Gazette officielle du Québec, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne provoque l'incompréhension générale. Dans le milieu enseignant, parmi les parents d'élèves, au sein des syndicats, personne n'a été mis au courant. Et les explications données par la ministre en laissent plus d'un perplexes, certains pensant même à une forme d'accommodement raisonnable.

Le projet de règlement modifiant le Régime pédagogique déposé mercredi par la ministre veut que le nouveau calendrier scolaire se compte en heures et non plus en jours. Ainsi, les élèves du primaire et du secondaire auront 900 à 1000 heures d'enseignement réparties sur 180 à 200 jours. Les enseignants seront libres d'aménager les activités éducatives et, pourquoi pas, de les organiser pendant la fin de semaine. Les élèves pourraient donc bien se retrouver sur les bancs d'école un samedi ou un dimanche.

Pour le ministère de l'Éducation, ces changements vise avant tout à encourager la persévérance scolaire. «Nous officialisons des démarches déjà présentes dans certains établissements et qui n'étaient pas inscrites dans le Régime pédagogique. Cela va donner plus de flexibilité. C'est la suite logique des gestes posés par le gouvernement pour éviter le décrochage scolaire», explique Tamara Davis, porte-parole de la ministre Courchesne.

Un réel besoin?

Pourtant, la surprise était grande à la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE). Pour Josée Scalabrini, vice-présidente de la FSE, il est inacceptable d'être mis devant le fait accompli. «Il n'y a aucun lien entre ce qui vient d'être publié et le décrochage scolaire. Notre convention collective implique déjà toute la flexibilité dont nous avons besoin. Il est impératif que la ministre indique clairement ses intentions», assure-t-elle.

La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) n'a pas non plus été consultée. Elle préfère toutefois connaître la position de ses membres avant de se prononcer sur le projet. «Nous venons d'envoyer un sondage à tous les présidents de comité. Nous verrons si ce changement correspond à un réel besoin», explique David Lemelin, porte-parole de la FCPQ.

Personne ne semble comprendre les raisons de ce changement. Même pour Pierre Curzi, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation primaire et secondaire, la situation est obscure. «C'est une transformation majeure du régime pédagogique qui ne semble pas répondre à un besoin. Il faudrait que la ministre soit plus claire et qu'elle n'essaie pas de faire comme si personne n'allait s'en rendre compte», assure le député péquiste. Il craint également que cela n'ouvre la porte à l'enseignement religieux pendant les journées pédagogiques. «Avec la possibilité d'enseigner le samedi et le dimanche, je me demande si ce n'est pas une forme d'accommodement raisonnable», s'inquiète-t-il.

Au bureau de la ministre, il est hors de question de parler d'accommodement raisonnable. «Les changements portent sur plusieurs aspects, pas seulement l'horaire. Un temps d'enseignement minimum de 720 heures sur 900 pour les quatre matières principales a également été instauré. Les écoles pourront enseigner la fin de semaine si elles le veulent, mais elles doivent respecter le règlement», insiste Tamara Davis, qui précise que l'enseignement religieux est interdit par le Régime pédagogique.

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