Un logiciel met l'Université Laval dans l'embarras

Québec — Les associations étudiantes de l'Université Laval tiennent aujourd'hui un rassemblement pour dénoncer l'inefficacité d'un logiciel de gestion des études dans lequel l'institution les a forcés à investir 13 millions de dollars.

«On s'était fait dire que le logiciel allait être mature en décembre. Mais nous sommes rendus au 1er décembre et il y a encore plein de problèmes», dénonce Barbara Poirier, présidente de la Confédération d'associations d'étudiants et d'étudiantes de l'Université Laval (CADEUL).

Baptisée «Capsule», l'interface développée à partir du logiciel Banner de la compagnie américaine Sungard doit permettre aux étudiants de gérer leur dossier de façon autonome sur le Web. Ils peuvent s'en servir pour choisir leurs cours, consulter leurs résultats scolaires ou encore leur dossier de facturation.

D'autres universités comme McGill et Moncton ont leurs propres versions de Banner. À Laval, la facture du programme s'élève à 26 millions de dollars dont la moitié a été prélevée au moyen de nouveaux frais imposés aux étudiants depuis 2005.

Or depuis le lancement de Capsule en mars, les critiques fusent de toutes parts. Les étudiants se plaignent d'avoir de la difficulté à s'inscrire à leurs cours tant l'interface est «labyrinthique», dénonce un rapport de la CADEUL datant de mai. Pis encore, huit étudiants ont eu accès, par erreur, aux dossiers prétendument confidentiels de certains de leurs collègues, ce qui a amené la Commission d'accès à l'information (CAI) à enquêter.

«Quand ils ont acquis le logiciel Banner, il devait pouvoir s'adapter aux besoins de l'Université, mais on est en train de se rendre compte que c'est plutôt l'Université qui doit s'adapter au logiciel», fait valoir Mme Poirier.

Ces derniers mois, la CADEUL a reçu plus de 250 plaintes d'étudiants à ce propos et une pétition a recueilli 1500 signatures. Sur Facebook, le groupe «Capsule c'est d'la marde» compte près de 1300 membres et plus de 300 personnes ont confirmé leur participation au rassemblement qui doit avoir lieu à 11 h aujourd'hui sur le campus.

Malgré cet apparent branle-bas de combat, les revendications de la CADEUL sont plutôt modestes. À cette étape-ci, les étudiants jugent qu'il est trop tard et potentiellement trop coûteux de demander le remplacement du logiciel. On demande plutôt à l'administration de «s'excuser» et de faire en sorte que les étudiants soient mieux consultés à l'avenir avant le lancement de tels outils.

L'Université Laval n'en est pas à ses premiers démêlés avec les logiciels de gestion des études, l'acquisition du logiciel PeopleSoft, à la fin des années 1990, ayant donné lieu à des dépassements de coûts et l'abandon de deux pans majeurs de l'implantation. Hier, le vice-recteur aux Finances de l'Université, Éric Bauce, ainsi que le responsable de l'implantation de Capsule, André Armstrong, n'ont pas rappelé Le Devoir.

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