«Gâchis du système scolaire» québécois - La CSQ qualifie Parizeau de pyromane

Le verdict désastreux dressé hier par l'ex-premier ministre péquiste Jacques Parizeau, dans une lettre au Journal de Montréal, dénonçant «le gâchis du système scolaire» québécois, a fait grincer des dents le principal syndicat d'enseignants et les directions d'école qui l'accusent de faire de la récupération politique.
Dans une lettre publiée hier par le journal de Quebecor, Jacques Parizeau a dénoncé l'effondrement du système scolaire québécois, sur la base de données du ministère de l'Éducation révélant que le taux de diplômés dans les écoles publiques au secondaire n'excédait pas 36 % chez les garçons francophones en 2005, et que celui des garçons anglophones était deux fois plus élevé.«Il faut que le ministère de l'Éducation nous présente des explications. C'est à lui de parler et, s'il ne le peut pas, il faudra demander au gouvernement de nommer des gens de l'extérieur pour le faire», a-t-il dit.
Cette charge contre le système scolaire a outré quelques-uns des principaux acteurs du milieu de l'éducation, notamment le plus gros syndicat d'enseignants, la CSQ, qui accuse l'ex-politicien de jouer au pyromane.
«Il est inutile de prétendre à la catastrophe pour l'école québécoise, car ce n'est pas le cas pour tous et pour toutes. L'école québécoise fonctionne bien pour deux élèves sur trois, mais laisse tomber le troisième. C'est là tout le drame, et c'est justement pour ces élèves qu'il faut se remonter les manches», a défendu hier Jacques Parent, président de la CSQ, dans un communiqué.
Contrairement à l'ex-leader péquiste, qui affirme que le coeur du problème n'est plus un problème «de ressources, ni d'argent», la CSQ rappelle que le Québec est la province canadienne qui dépense le moins pour l'éducation et que 700 millions devraient être injectés dans le réseau scolaire pour rattraper la moyenne canadienne.
Écorchés, les directeurs d'école réunis dans la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement (FQDE) assimilent les propos de M. Parizeau à de la récupération politique, et affirment que les écoles québécoises, bien qu'elles doivent faire mieux, sont fortes. «Les critiques sont parfois faciles face à nos instances politiques, mais lorsqu'on s'attaque à un réseau, il faut plus de coeur que de courage politique», soutenu hier Chantal Longpré, porte-parole de la FQDE.
Partageant entièrement les inquiétudes de son ex-chef, la porte-parole du Parti québécois en matière d'éducation, la députée Louise Harel, juge qu'un sérieux coup de barre s'impose dans le réseau de l'éducation. «Lors des deux derniers exercices budgétaires, nous avons mené bataille pour que le gouvernement Charest s'attaque au décrochage scolaire. [Il a] préféré une baisse d'impôt plutôt qu'une baisse de décrocheurs», a-t-elle soutenu hier en point de presse à Québec.
Le chef de l'opposition, Mario Dumont, croit quant à lui que les meilleurs taux dans le réseau anglophone s'expliquent d'abord par le plus fort sentiment d'appartenance de la communauté anglophone à ses écoles et à l'implication communautaire.
C'est la bureaucratie dans l'administration qui nuit aux performances scolaires, croit le chef de l'ADQ qui rejette l'idée de tenir tout nouveau débat sur la réforme de l'éducation, un exercice qui s'avérerait long et inutile.
Ce n'est toutefois pas l'avis de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), un syndicat né de la scission avec la CSQ, qui profite de ces hauts cris pour affirmer que le constat de Jacques Parizeau confirme l'échec de la présente réforme, instaurée en 2000 par François Legault sous le règne du PQ. «Les syndiqués de la FAE avaient prédit que l'application de la réforme mènerait à un gâchis. Le ministère continue aveuglément l'implantation de cette réforme qui met en péril l'avenir de nos élèves et, de ce fait, l'avenir de la société québécoise».
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Avec La Presse canadienne