L'ère du numérique pose des défis importants aux bibliothèques du monde entier, de plus en plus obligées de maintenir à la fois des documents sur leur plancher et d'assurer l'accessibilité aux publications en ligne.

Cette problématique figure au menu du premier congrès mondial de l'Association internationale francophone des bibliothécaires et documentalistes (AIFBD), qui réunit à Montréal jusqu'à jeudi quelque 250 professionnels issus de la francophonie.

Sur le thème «Francophonies et bibliothèques: innovations, changements et réseautage», les spécialistes parleront non seulement des perspectives de collaboration entre les différentes bibliothèques de la francophonie, mais aussi des nouveaux enjeux de la bibliothéconomie.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'avènement du numérique et des éditions en ligne ne se traduit pas nécessairement par une accessibilité accrue. C'est ce qu'explique le président de l'AIFBD, Réjean Savard, professeur de bibliothéconomie à l'Université de Montréal: «Cela coûte plus cher d'organiser des documents numériques que du papier.» C'est sans compter les abonnements aux publications en ligne, souvent plus onéreux que les versions papier.

«On se retrouve avec des bibliothèque hybrides: il faut maintenir les services physiques traditionnels avec les collections papier en même temps qu'on offre une bibliothèque numérique. Cela coûte plus cher», poursuit M. Savard. Les documents numériques nécessitent eux aussi un traitement de la part des bibliothécaires: «Google ne fait pas de sélection. Le grand public a l'impression qu'il a tout ce qu'il faut, gratuitement, mais c'est un mirage», fait valoir M. Savard.

Tisser des liens

C'est la première fois que des spécialistes des pays de la francophonie se réunissent ainsi, en marge du Congrès de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d'institutions qui se tiendra la semaine suivante à Québec.

Le président de l'AIFBD et organisateur du congrès espère que ce sera l'occasion pour les bibliothécaires francophones de tisser des liens de collaboration.

C'est aussi un des objectifs de la Fondation pour une bibliothèque globale qui lancera officiellement ses activités lors de sa première assemblée générale, en marge du congrès de l'AIFBD mercredi prochain. L'organisme souhaite notamment organiser des échanges entre les professionnels des pays du Nord et du Sud, avec son programme «Bibliothécaires sans frontières».

La Fondation entend également offrir à des écoles de pays en voie de développement l'accès à une «Bibliothèque scolaire numérique», que les enfants pourront utiliser à partir d'ordinateurs à manivelle. «Cela va permettre d'utiliser la bibliothèque numérique là où il n'y a pas d'électricité de façon continue», explique le président de la Fondation, Paul Caissy.

La bibliothèque virtuelle en question contient à la fois du matériel pédagogique pour les enseignants et une collection documentaire constituée d'ouvrage libre de droits d'auteur qui peut être utilisée par les enfants. Un projet-pilote est présentement en cours, en collaboration avec la Fondation Paul-Gérin-Lajoie, dans deux écoles haïtiennes, et l'expérience pourrait à terme s'étendre à des écoles du Bénin et du Burkina Faso.