Collégial - La FNEEQ en voie de faire accepter son entente
La Fédération nationale des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) a franchi une étape de plus cette semaine dans sa négociation avec le gouvernement autour de l'équité salariale, en convainquant 80 % de ses représentants que l'entente qu'elle avait arrachée en décembre était recevable.
Quatre-vingts pour cent des représentants de la trentaine de syndicats locaux ont en effet donné jeudi leur aval à l'entente de principe survenue le 22 décembre avec le Conseil du trésor au sujet d'une nouvelle structure salariale et de la «reconnaissance des services professionnels rendus». Invités à recommander à leurs assemblées générales respectives d'entériner cette entente, les représentants des 35 syndicats doivent se rapporter avant la mi-février, date où l'on saura si l'entente est acceptée ou non par les membres.À terme, en 2005-06, la nouvelle structure salariale représentera une injection de 48 millions de dollars dans la masse salariale des 14 000 enseignants membres de la FNEEQ, ce qui correspond à une hausse de 4,5 %. Cette structure reconnaîtrait désormais l'apport d'une formation universitaire, en ajoutant un échelon pour les titulaires de maîtrise.
L'entente, qui marque aux dires du président de la FNEEQ, Pierre Patry, un «tournant historique», reconnaît également l'inclusion de l'enseignement collégial à l'enseignement supérieur.
Devant le gouvernement, le syndicat s'est engagé quant à l'encadrement et l'aide à la réussite des élèves, que le texte de l'entente de principe définit par l'obligation pour chaque enseignant de «consacrer 173 heures par année d'enseignement à ces activités [aide à l'apprentissage, encadrement des étudiants, formation pédagogique et assistance professionnelle] à même ses heures de disponibilité».
Une perte d'autonomie professionnelle
Cette portion de l'entente a fait bondir les deux autres syndicats d'enseignement collégial, la Fédération autonome du collégial (FAC, 4000 membres) et la Fédération des enseignants de cégep (FEC-CSQ, 1400 membres), qui ont tous deux rejeté ce que leur proposait le Conseil du trésor en décembre.
Les critiques les plus virulentes ont lié les 173 heures à une augmentation de la tâche des profs et à une perte d'autonomie professionnelle. «Il est tout à fait inconcevable d'accepter que ces nouvelles activités [pédagogiques], imposées sous prétexte de favoriser la réussite des étudiants, nous éloignent encore un peu plus de notre enseignement», réagissait cette semaine le président de la FAC, Daniel Lauzon, attaquant précisément le contenu de l'entente de principe obtenue par la FNEEQ.
D'autres critiques ont protesté contre le fait que la nouvelle structure salariale maintiendra à terme le même salaire pour les enseignants possédant 19 ans de scolarité et comptant 15 ans d'expérience, alors que les autres bénéficieront d'une hausse salariale.
Reconnaissant que «toute entente est perfectible», le président de la FNEEQ, Pierre Patry, explique que cette catégorie particulière d'employés maintient le même salaire, selon les termes de l'entente de principe. «Certains trouvaient que ces gens-là auraient dû obtenir des gains eux aussi», a-t-il expliqué hier. «On a tout tenté pour que ce soit effectivement le cas, mais on n'y est pas arrivé. Mais c'est le statu quo pour ces gens-là; ce n'est pas une perte.»
De fausses interprétations
Les critiques véhiculées par les autres syndicats se basent parfois sur des portions de texte qui ne sont pas exactes, juge M. Patry, qui compte sur les assemblées générales à venir pour bien informer les membres quant au contenu réel de l'entente de principe et ses incidences précises sur la situation des enseignants. «Les gens prendront leur décision, ça leur appartient», a-t-il affirmé. Mais on veut qu'ils aient l'heure juste sur le contenu réel de l'entente et non sur de fausses interprétations colportées ailleurs.»
Cette entente, sur laquelle les 35 syndicats locaux de la FNEEQ doivent statuer avant la mi-février, continue de faire l'objet de discussions au sein de la FAC et de la FEC-CSQ, qui doivent reprendre leurs négociations avec le Conseil du trésor. Les deux syndicats préparent actuellement le terrain pour relancer l'opération de négociation.
Cette nouvelle étape conclue dans la négociation de la FNEEQ avec le gouvernement rappelle les échanges de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ) avec le Conseil du trésor. Conclue de manière finale en octobre dernier, cette entente en matière d'équité salariale comportait notamment un ajout de cinq heures de temps de présence à l'école par semaine — pour un total de 32 heures par semaine —, ce qui avait été interprété par plusieurs enseignants comme une manière d'alourdir la tâche.