PriceWaterhouseCoopers - Les syndicats de l'UQAM rejettent le plan de redressement

Les syndicats et les différentes associations de l'Université du Québec à Montréal ont rejeté en bloc hier la proposition de plan de redressement déposée mardi au conseil d'administration. La direction estime quant à elle que le rapport de la firme PriceWaterhouseCoopers, qui fait état d'un déficit persistant de 24,4 millions en 2011-12 au terme d'une nouvelle vague de mesures de redressement, montre bien les limites de l'effort financier envisageable de la part de l'université.
Le rapport de la firme PWC a été accueilli avec une brique et un fanal par les représentants de la communauté universitaire, qui s'insurgent contre le fait que des comptables s'aventurent sur le terrain universitaire et mettent en doute les méthodes de gestion collégiale de l'université du centre-ville. «Nous nous élevons contre l'absurdité et l'erreur de compréhension qu'il y a à s'appuyer sur une évaluation comptable d'activités [universitaires] et à fonder sur elle un plan de redressement. [...] Il est inacceptable de vouloir considérer un service public à l'aune de l'entreprise privée», a déclaré hier la présidente du Syndicat des professeurs, Michèle Nevert, qui s'exprimait au nom des quatre syndicats et de l'ensemble des associations facultaires étudiantes.On décrie notamment la suggestion d'ajouter une quatrième plage horaire, d'évaluer la pertinence des programmes en fonction du nombre d'inscriptions ou encore d'exclure les professeurs qui assument certaines charges administratives des unités d'accréditation syndicales.
La seule mesure du plan de redressement qui trouve grâce aux yeux de ces groupes est la diminution du nombre de cadres. Le syndicat des employés de soutien, principal groupe touché par les mesures, avec les étudiants qui écoperont de hausses de leurs frais afférents, se dit quant à lui ouvert à une discussion sur l'organisation du travail, à condition que cela ne se traduise pas par des coupes draconiennes.
La proposition de plan de redressement présentée hier comporte des objectifs de compressions additionnelles de 11 millions, qui s'ajoutent aux mesures de redressement de 30,5 millions déjà annoncées en juin. De cette somme, trois millions proviendraient d'une hausse des frais afférents, quatre millions seraient puisés dans les budgets des départements et quatre autres millions seraient économisés en éliminant 77 postes de cadres et d'employés de soutien.
En dépit de ces objectifs de compression, que l'UQAM devra détailler plus avant au cours des prochains mois, l'université n'arrive pas à rétablir l'équilibre budgétaire: un manque à gagner de 24,4 millions subsiste en 2011-12.
Six autres pistes sont envisagées par PWC pour améliorer la situation financière de l'UQAM. On constate cependant que seules les hypothèses de réductions de salaire et d'aide du gouvernement du Québec tiennent la route aux yeux des comptables. La direction de l'UQAM a indiqué hier qu'elle ne souhaitait pas geler les salaires ou offrir à ses employés des conditions inférieures à celles du secteur public. «L'inflation joue pour tout le monde», a laissé tomber le recteur Claude Corbo. Le syndicat des professeurs et celui des employés de soutien amorcent des négociations salariales en demandant tous deux des augmentations de 11,5 %, soit plus que les 2 % par année prévus par Québec.
«La balle est dans le camp de Québec»
En renvoyant l'UQAM à ses devoirs en septembre dernier, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, avait pourtant indiqué qu'elle souhaitait voir un plan de redressement permettant un retour complet à l'équilibre budgétaire. La mission est impossible, répondent en choeur aujourd'hui la direction de l'UQAM et la firme PWC.
«Je veux croire que l'UQAM ne sera pas abandonnée, ni par la communauté interne, ni par les autorités gouvernementales», a fait valoir le recteur Claude Corbo hier, répétant à plusieurs reprises que les conclusions de PWC interpellaient non seulement l'UQAM, mais aussi Québec.
La direction estime que l'objectif de 11 millions en économies supplémentaires constitue l'ultime effort au-delà duquel la mission même de l'université serait en péril. «La balle est dans le camp de Québec», ajoute M. Corbo. Ce dernier revendique en vain depuis le début de son mandat que le gouvernement le dégage de la charge financière de la construction du Complexe des sciences, comme il a promis de le faire pour l'îlot Voyageur. Cette aide spéciale équivaudrait soit à un investissement en capital de 500 millions, soit à une subvention annuelle de 8,7 millions. La ministre a opposé une fin de non-recevoir à cette demande en décembre dernier. «Je ne prends pas un non comme une réponse définitive», relance M. Corbo.
La ministre de l'Éducation ainsi que le réseau de l'Université du Québec se sont abstenus de commenter le rapport de PWC hier. Celui-ci fera l'objet d'une étude par la firme Ernst & Young, qui agit pour le compte du réseau UQ, ainsi que par le comité de sages mandaté par la ministre. Le processus devrait arriver à terme au cours du printemps.