Le nouveau programme de science et technologie est reporté d'une année

Le manque de formation des enseignants a convaincu le ministre de l'Éducation de reporter d'un an l'entrée en vigueur du programme de science et technologie, prévu l'an prochain en troisième secondaire. Compte tenu de l'ampleur de la tâche et de la préparation insuffisante des enseignants, il sera obligatoire en septembre 2008 seulement.
Dans une sortie publique portant sur la réforme de l'éducation, le ministre Jean-Marc Fournier a aussi annoncé hier que le vocabulaire des programmes guidant la réforme sera revu dans un souci de «clarification et d'harmonisation». Le ministre dévoilait le rapport final de la Table de pilotage sur le renouveau pédagogique, précisant du coup les 12 recommandations déjà lancées en août dernier, le tout dans le souci de redresser la réforme.M. Fournier a également répondu à une série de demandes récemment émises par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). Le report d'un an du programme de science et technologie ainsi que du programme de formation préparatoire à l'emploi, également prévu en troisième secondaire, correspond d'ailleurs à une demande de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ). «Plusieurs intervenants m'ont convaincu d'examiner le report possible» de ces programmes en raison de difficultés qui «ont surtout trait à la formation du personnel», écrit le ministre dans une lettre expédiée aux dirigeants syndicaux.
Ces programmes, qui doivent notamment remplacer les traditionnelles biologie, chimie et physique (monodisciplinaire), commandent entre autres choses que les enseignants soient maintenant habilités à voguer d'une discipline à l'autre. Les établissements qui s'estiment prêts à appliquer le nouveau contenu dès l'an prochain seront libres de le faire.
Pour la FSE, c'était toutefois le seul motif de réjouissance, le syndicat ayant vivement déploré hier la façon de faire du ministre et de son équipe pour orchestrer cette sortie publique. «Le ministre a fait primer un échéancier sur le contenu et la véritable capacité d'atteindre un consensus», a réagi la présidente de la FSE, Johanne Fortier. Le syndicat n'appuie pas le contenu du rapport dans son ensemble.
Réunis lundi et mardi pour peaufiner tant le rapport final que la douzaine de recommandations et les réponses aux demandes syndicales, les membres de la Table de pilotage ont dû abréger leurs échanges pour «produire un rapport et sortir publiquement», a relaté Mme Fortier. «Le climat était bon, tout allait bien, nous avions des discussions ouvertes, et puis il a fallu tout arrêter parce qu'il fallait sortir un rapport!», a-t-elle dénoncé. «C'est l'échéancier qui a pris le dessus!»
La FSE s'est alors retirée des échanges, et même si le syndicat affirme ne pas avoir claqué la porte, il devra désormais évaluer sa participation à ce groupe de travail.
Les enseignants souhaitaient des engagements fermes de la part du ministre en ce qui a trait à l'évaluation des compétences transversales et à l'intégration des élèves en difficulté. Ils veulent aussi une commission indépendante chargée de réfléchir à l'avenir de la réforme.
Dans sa lettre aux représentants syndicaux, le ministre a précisé qu'il autorisera le redoublement en cours de cycle (deux années de primaire) plutôt qu'à la fin seulement. Le redoublement, désormais devenu une mesure «exceptionnelle», a été au coeur des revendications des syndicats, qui contestaient le temps de réaction démesurément long pour réagir à la détresse d'un enfant.
«C'est ce qu'il dit dans sa lettre, mais je ne l'ai pas lue, sa lettre!», se désolait Mme Fortier en fin de journée hier. «Trouvez-vous cela normal que les journalistes l'aient eue et que moi, je n'aie pas eu une minute pour la lire?» La présidente de la FSE a aussi critiqué le fait que le volumineux rapport — près de 200 pages — ait été distribué aux médias en fin de journée, leur laissant peu de temps pour en faire une analyse fine.
Notons enfin que de la douzaine de recommandations émises par ce groupe, aucune ou presque n'a encore connu son aboutissement. Le comité d'experts qui doit se pencher sur la qualité de l'apprentissage du français n'a toujours pas été composé. L'annonce en a été faite en août dernier.