Médecine et sciences de la santé - Place à l'interdisciplinarité

Réjean Hébert, doyen de la faculté de médecine
Photo: Réjean Hébert, doyen de la faculté de médecine

Innovatrice dans plusieurs domaines, l'Université de Sherbrooke est connue aussi pour sa façon de faire qui parfois se distingue de celles de ses consoeurs québécoises. Sa faculté de médecine n'échappe pas à cette règle. Entretien avec le doyen Réjean Hébert.

La faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke n'est pas seulement une faculté de médecine. Certes l'on y enseigne la médecine, mais on y enseigne aussi les sciences infirmières, la pharmacologie, la réadaptation, sans compter plusieurs autres disciplines, toutes rattachées aux sciences de la vie, telles la biochimie et la microbiologie. C'est la raison pour laquelle elle se nomme plutôt la faculté de médecine et des sciences de la santé.

«Cette orientation découle d'une philosophie d'interdisciplinarité que nous avons développée au fil des ans, explique le docteur Réjean Hébert, doyen de la faculté. On a voulu s'éloigner de la formation "en silo" et on a cherché à aménager des ponts entre les disciplines.»

Cette volonté de vouloir promouvoir l'interdisciplinarité est facilitée par la géographie du campus de l'Université de Sherbrooke. «En plaçant côte à côte le centre hospitalier universitaire et la faculté de médecine, on a créé le campus de la santé. Et lorsqu'on a mis en place le département de sciences infirmières, il était donc logique de le loger sur le campus de la santé, et par conséquent dans la faculté de médecine.» Présentement, outre la faculté et le CHUS, le campus de la santé loge l'institut de pharmacologie, le centre de recherches cliniques et des résidences étudiantes.

Formations offertes

La faculté de médecine et des sciences de la santé compte une vingtaine de départements et offre plus de 30 programmes de premier, deuxième et troisième cycles. Au premier cycle, en plus du doctorat en médecine (MD), on trouve des baccalauréats en biologie, en sciences infirmières et en pharmacologie.

Au deuxième cycle, la faculté propose onze programmes de maîtrise allant de la biologie cellulaire à l'immunologie en passant par l'environnement et les sciences cliniques. S'ajoutent à cela une bonne vingtaine de diplômes et de microprogrammes de 2e cycle, dont certains sont particulièrement pointus, comme la prévention des incapacités au travail, l'informatique de santé et l'environnement. Le troisième cycle, plus traditionnel, offre neuf doctorats.

«Une des valeurs de l'Université de Sherbrooke, et que nous partageons à la faculté de médecine, c'est la responsabilité sociale. Nous sommes là pour répondre aux besoins de la société, comme présentement augmenter le nombre de médecins que nous formons. Mais nous nous devons aussi d'être à l'affût des besoins de la société si l'on tient à y répondre adéquatement. Comme on est une petite université, on peut être très souple. Par exemple, on a mis en place récemment des formations sur la prévention des infections.»

Le doctorat en médecine à l'Université de Sherbrooke s'obtient après quatre années d'études. Comme ailleurs au Québec, les médecins sont tenus par la suite d'effectuer une résidence dans un hôpital ou autre lieu affilié pour une durée qui varie de deux à six ans, selon la spécialité. «Toutes les spécialités sont enseignées à l'Université de Sherbrooke, sauf la chirurgie cardiaque et la chirurgie plastique.»

Le lien avec la collectivité est aussi une des particularités de la formation en médecine à l'Université de Sherbrooke. «Nous avons développé un réseau qui nous permet d'utiliser dans la formation de nos médecins des stages dans la collectivité et des stages en région. Nous cherchons à former des médecins qui ont les habiletés pour travailler en région.»

Traits distinctifs

Selon Réjean Hébert, deux caractéristiques viennent distinguer l'enseignement de la médecine et des sciences de la santé à l'Université Sherbrooke de ce qui se fait ailleurs: l'innovation pédagogique et l'innovation en recherche. «Comme nous sommes une petite faculté, nous avons compris qu'il fallait mettre en place une culture de l'innovation si l'on voulait se démarquer.»

L'innovation pédagogique comprend deux volets: l'un s'adressant aux étudiants, l'autre aux professeurs. «Pour les étudiants, nous avons choisi une formation qui est basée sur l'approche par problèmes et nous favorisons les petits groupes.» Quant aux professeurs, la faculté les forme, tout simplement. «Cette formation est obligatoire pour tous les professeurs. On peut très bien connaître la matière que l'on enseigne, mais ce n'est pas donné à tout le monde d'être naturellement un bon pédagogue. Cette formation leur permet de devenir de bons tuteurs.» À ce sujet, l'Université de Sherbrooke a mis en place le Centre de pédagogie en sciences de la santé.

Dans le domaine de la recherche, l'innovation se situe surtout dans l'arrimage entre la recherche fondamentale, la recherche clinique et les besoins des patients. «Cela provient de notre souci d'arrimer les études supérieures aux champs où se trouvent les patients. On veut aussi que les recherches soient transversales. Par exemple, des recherches dans le domaine de l'imagerie médicale du cancer ou dans la mécanique de développement des cellules cancéreuses doivent servir aussi à l'élaboration de traitements plus efficaces du cancer en radio-oncologie.»

Virage technologique et formation continue

La faculté de médecine et des sciences de la santé a déjà entrepris le virage technologique. «Comme nous avons choisi de délocaliser la faculté de médecine en étant présents au Saguenay et au Nouveau-Brunswick, il a fallu se donner une stratégie de communication pour relier de façon efficace nos différents satellites. On a choisi d'utiliser au maximum les possibilités qu'offrent les technologies de l'information. Plusieurs de nos conférences sont en fait des vidéoconférences, même certaines réunions du conseil de la faculté.» De plus, certains cours sont offerts grâce au réseau Internet. C'est le cas notamment en sciences infirmières et en toxicomanie.

La formation continue n'est pas négligée non plus puisque la faculté de médecine et de sciences de la santé a mis sur pied un centre de formation médicale continue. «Cela nous permet d'offrir aux médecins et aux infirmières des programmes de mise à niveau et de rafraîchissement des connaissances. De plus, cela permet l'acquisition de nouvelles connaissances ou techniques. Aujourd'hui, tous les professionnels de la santé, y compris les médecins, doivent apprendre à devenir des apprenants perpétuels.»

Collaborateur du Devoir

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