Sciences infirmières - Une école au sein d'une faculté de médecine
Le département des sciences infirmières de l'Université de Sherbrooke fait partie intégrante du campus de la santé de cette institution et il célébrait en 2004 son 25e anniversaire. Ses années d'existence lui ont valu la reconnaissance de la collectivité en raison des nombreux partenariats établis. Au fil du temps, le département s'est développé par la mise en place de programmes des 2e et 3e cycles; un deuxième campus a aussi vu le jour à Longueuil.
Diplômé en sciences infirmières de l'Université de Sherbrooke, Luc Mathieu est devenu directeur du département, où il enseigne également, en janvier dernier. Il présente les caractéristiques d'origine de ce centre de formation: «À ce moment-là, c'était l'un des premiers — sinon le premier — programmes de sciences infirmières dans les universités du Québec, soit un baccalauréat de perfectionnement; ce n'était pas une voie d'entrée dans la profession. Pour être admis ici, il faut que les étudiants soient déjà infirmières ou infirmiers, c'est-à-dire qu'ils doivent avoir suivi le programme de techniques collégiales en soins infirmiers.» D'autres universités, comme Laval, Montréal et McGill, offrent ce qu'il est convenu d'appeler un bac de base.Luc Mathieu a débuté ses études à Sherbrooke en 1980. «On se faisait regarder un peu de haut par les autres universités. Un peu à la blague, les gens disaient que ce n'était pas vraiment un baccalauréat qui était offert ici, parce que nous étions passés par une formation collégiale de trois ans et que ce n'était pas le même parcours qu'ailleurs.» Rien n'empêche que le département était à l'avant-garde: «C'était assez innovateur parce qu'il y avait plusieurs infirmières déjà en formation qui décidaient de poursuivre leur formation à l'université. On avait, jusque dans les années 2000, beaucoup d'étudiants qui étaient à temps partiel étant donné qu'ils exerçaient déjà la profession.»
Au cours des dernières années, un changement s'est opéré, comme le directeur le rapporte: «Cela s'est produit avec l'arrivée en 2004 des nouveaux programmes qu'on appelle DEC-bac, ou formation infirmière intégrée; ceux-ci ont été construits en collaboration avec les cégeps. Ici, à l'Université de Sherbrooke, on a formé un consortium avec huit collèges de l'Estrie, de la Beauce et de la Montérégie. Les étudiants suivent une formation de trois ans au collégial et de deux ans à l'université pour obtenir leur bac.»
Méthodes d'apprentissage
Luc Mathieu souligne le caractère distinctif de l'approche pédagogique: «Depuis le tout début du programme, il y a toujours eu beaucoup de supervision par petits groupes d'étudiants, ou de personne à personne, qui était offerte dans le coffre à outils des professeurs, ce qui favorisait l'intégration des connaissances théoriques à la pratique infirmière tout en stimulant l'interaction entre l'engagement des personnes; cela servait à faire de la pratique réflexive.» Il dégage une autre particularité: «Depuis toujours, nous avons ici à l'école des sciences infirmières une approche d'enseignement par petits groupes. On n'a pas, comme c'est le cas dans d'autres universités, des classes de 100 ou 150 étudiants. Actuellement, nos classes tournent autour de 45 à 50 étudiants.»
La population étudiante compte environ 500 personnes au programme de 1er cycle, dont 10 à 15 % suivent des cours à temps partiel. Chaque automne, environ 160 nouveaux candidats sont admis, qui sont répartis à parts égales entre les campus de Sherbrooke et de Longueuil; le département s'est implanté sur la Rive-Sud en 2001, et il s'installera en 2009 dans des bâtiments actuellement en construction.
Le milieu de vie favorable
La vie étudiante est devenue de plus en plus intéressante au campus de la santé, auquel les étudiants des sciences infirmières se sont graduellement intégrés. Il reste à améliorer les choses du côté de Longueuil: «Le bât blesse présentement à cet endroit parce que le nouveau campus est en train d'être construit. Les étudiants s'en plaignent et nous en sommes bien conscients, mais ce sont des contraintes avec lesquelles on ne peut faire mieux pour l'instant.» Au sujet de la qualité de vie, il fait ressortir ce fait: «Tous les étudiants universitaires profitent du transport en commun gratuit grâce à une entente entre la Ville de Sherbrooke et l'université.»
Il souligne en outre que des liens profonds existent entre le département et la faculté: «La particularité de l'Université de Sherbrooke — et c'est aussi le cas à McGill —, c'est que nous sommes une école d'infirmières au sein d'une faculté de médecine et des sciences de la santé.»
Comment l'avenir se dessine
Après avoir décrit le baccalauréat comme une formation qui devient de plus en plus nécessaire dans un univers de la santé qui se complexifie, Luc Mathieu indique l'un des défis majeurs à relever maintenant, à savoir le recrutement de professeurs compétents: «Ce n'est pas évident de dénicher des infirmières qui possèdent des doctorats. Aussitôt que celles-ci commencent leurs études dans ce sens, elles sont scrutées à la loupe par toutes les universités, qui convoitent leurs services futurs.»
Le financement se présente à son tour comme un enjeu majeur: «Au Québec, les infirmières praticiennes spécialisées exercent dans trois spécialités. Le ministre Couillard aimerait bien qu'on mette en place un programme de formation à l'intention des infirmières spécialisées en soins de première ligne, mais cela pose aux universités un problème de financement. On doit disposer des sommes requises pour ce faire, car il est impossible d'y arriver avec les ressources actuelles.»
Il pose une autre condition: «On demande aussi au ministère qu'il mette en place un plan d'effectifs pour que nous sachions combien de personnes nous allons devoir former annuellement.» Une telle problématique concerne tout le milieu universitaire: «On ne s'est pas impliqué jusqu'à présent dans les trois autres programmes, mais nous manifestons de l'intérêt pour ce programme de première ligne.» Le directeur mentionne finalement que le département entend favoriser dans l'avenir le développement de la recherche, ce qui ne saurait se faire sans le recrutement de professeurs hautement qualifiés qui soient reconnus par les organismes qui accordent les subventions.
Collaborateur du Devoir