Sobeys: l'Université Laval va de l'avant
Malgré une vive opposition contre l'implantation éventuelle d'un supermarché-école sur son campus, l'Université Laval passe à la vitesse supérieure en donnant son feu vert à la concrétisation de ce projet.
Le conseil d'administration a en effet adopté hier soir un accord de principe qui permettra à l'établissement universitaire de négocier au cours des prochaines semaines les termes de ce partenariat jugé novateur avec le distributeur alimentaire Sobeys.Sur les planches à dessin depuis près de trois ans, ce projet d'épicerie-école est piloté par la faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation (FSAA), qui souhaite ainsi offrir un outil de recherche atypique à ses étudiants. Sous l'enseigne IGA, ce supermarché de 5000 m2, qui s'inscrit dans la création plus large d'un centre de formation et de recherche en alimentation, devrait leur permettre d'analyser in situ le comportement des consommateurs mais aussi d'explorer les techniques de mise en marché de produits alimentaires. Il n'existe pas d'équipement de recherche de la sorte au Canada pour le moment.
L'entente envisagée entre l'Université Laval et Sobeys doit aussi donner naissance à une chaire d'étude en commerce de détail dans laquelle l'entreprise s'est engagée à verser deux millions de dollars. La recherche y sera par ailleurs financée par «un pourcentage des profits du magasin-école après impact fiscal», peut-on lire dans un document de présentation du projet.
Au-delà des chiffres et des possibilités d'observer le consommateur dans son habitat naturel pour mieux le comprendre, ce supermarché-école en devenir est toujours loin de faire l'unanimité au sein des communautés étudiante et professorale. Au cours des derniers jours, plusieurs associations qui les représentent ont en effet dénoncé cette nouvelle intrusion du privé dans la sphère universitaire, qui pourrait, à terme, mettre à mal l'indépendance nécessaire des scientifiques pour mener à bien leurs travaux, estime la Confédération des associations d'étudiants de l'Université Laval (CADEUL).
Ces étudiants se sont d'ailleurs fait entendre hier soir devant les portes du conseil d'administration, retardant ainsi de quelques minutes le début de cette réunion. Ce coup d'éclat visait à souligner que l'entente entre Sobeys et l'Université Laval représente une «attaque contre la mission de l'université», a commenté hier Mathieu Charest, étudiant en informatique.
Moins farouchement opposée à ce concept, l'association des étudiants en agriculture, alimentation et consommation, à qui ce supermarché devait principalement profiter, espère désormais que l'entente à venir entre l'Université Laval et Sobeys se fasse selon une logique consultative, a indiqué un porte-parole hier.