Trouver chaussure (locale) à son pied
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Existe-t-il encore des chaussures 100 % québécoises, du cuir au produit fini ? Voici le résultat de la petite enquête que nous avons menée dans la province.
La Canadienne, Kamik, Aldo, Maguire, Boulet. Ces quelques marques, qui évoquent le savoir-faire québécois, sont connues au-delà de nos frontières. D’autres, comme Jérôme C. Rousseau et Anastasia-Radevich, chaussent même des stars. Ces chaussures ne sont néanmoins pas toutes systématiquement fabriquées ici ; les nombreuses usines de production qui existaient il y a encore 50 ans ont pour la plupart fermé leurs portes, incapables de faire face à une concurrence internationale. La situation est similaire du côté des cuirs, désormais le plus souvent importés, alors même que la tannerie était autrefois une industrie florissante au Québec.
Une industrie presque anecdotique
Du cuir québécois, il s’en fait cependant encore un peu, à petite échelle, notamment chez les taxidermistes. À un degré supérieur, on compte une tannerie au Québec (et une autre au Canada), plus précisément à Saint-Pascal-de-Kamouraska. La Tannerie des Ruisseaux fait travailler une vingtaine d’employés et traite en moyenne 1000 peaux de chevreuil, d’orignal et de bœuf par semaine.
« Contrairement aux idées reçues, nous contribuons de manière saine à l’économie circulaire, puisque nous achetons nos peaux non traitées dans les abattoirs, plutôt que de les voir partir pour des sites d’enfouissement », explique Éric Pelletier, propriétaire depuis quatre ans de cette petite entreprise fondée en 1969.
Ce cuir est destiné à toutes les utilisations, des mocassins aux laisses pour chiens, en passant par les vêtements et les logos apposés sur des jeans. D’une épaisseur moyenne de 1,2 mm pour les souliers à 2,2 mm pour les bottes de construction, le cuir à chaussures, fabriqué sur mesure dans la couleur et la texture désirées — souple ou raide, en imitation croco ou avec des fleurs embossées, etc. — trouve surtout des acquéreurs au Québec, par exemple les fabricants de bottes, de mocassins et de pantoufles.
Toutefois, les plus petits artisans de la chaussure que l’on croise dans des salons de métiers d’art se fournissent plutôt à l’étranger ou auprès du grossiste Cuirs Desrochers, établi à Plessisville. « Nous approvisionnons une poignée de professionnels qui font du sur-mesure, ainsi que des orthésistes-prothésistes dans le domaine médical », affirme son copropriétaire Dominique Chagnon.
La chaussure estivale du Québec
Si dénicher du cuir québécois peut constituer un certain défi, la chasse aux chaussures fabriquées localement l’est tout autant, surtout lorsqu’il est question de collections estivales. La plupart des maisons conçoivent leurs modèles ici, mais en confient la confection en Asie, en Italie, en Espagne, au Portugal, au Brésil, ou encore en Turquie.
Ce qui n’est pas le cas d’Ana Maria Arroyave, propriétaire depuis six ans de la boutique Ana Maria Dessin, à Sainte-Thérèse. Fille de chausseur orthopédique d’origine colombienne, elle a grandi entourée de cuir et de semelles. « J’ai conçu et fabriqué ma première paire de chaussures vernies à l’âge de 12 ans. C’est donc une seconde nature pour moi ! » dit-elle.
Attirée par la mode, Ana Maria a étudié à l’université le design de sacs et de chaussures. Puis elle a décroché un visa pour le Canada, où on lui a vivement déconseillé de se lancer dans la chaussure. « Mais mon mari m’a quand même encouragée à le faire, alors j’ai commencé à proposer des paires sur le site de vente en ligne Etsy et dans des salons d’artisans, jusqu’à ce que je puisse ouvrir ma propre boutique », explique l’entrepreneuse.
Aujourd’hui à la tête d’une équipe de huit employés et travaillant de chez elle, la créatrice peut se targuer de vendre quelque 400 paires par mois de sa gamme, qui comprend des sneakers, des sandales, des bottines et des bottes mi-jambes. Mais comment parvient-elle à se distinguer de la féroce concurrence étrangère ?
« Je mise sur l’accessibilité, un design soigné, de petites séries et beaucoup de confort », répond-elle. En faisant produire artisanalement ses cuirs et ses textiles en Colombie à partir de retailles et de bouteilles de plastique recyclées, Mme Arroyave peut offrir des prix intéressants à sa clientèle, qui croît d’année en année grâce au bouche-à-oreille.
« Je pense aussi que les gens aiment mes modèles aux couleurs inhabituelles, comme le lilas et le bleu poudre cette saison, mes imprimés très colorés et les modèles mixtes cuir/textile que je conçois. Mais le point fort de mes chaussures demeure le confort », poursuit l’entrepreneuse, qui envisage l’avenir avec optimisme. « Je peux vivre de ma passion, dit-elle. Et ça, ça n’a pas de prix. »
Des marques québécoises à suivre cet été
Avec plus de 70 ans d’histoire, cette entreprise connue pour ses bottes produit également ici même un bel éventail d’escarpins, de mules et de sandales, habillés ou non, qui retiennent l’attention.
Conçues au Québec et produites en Europe et au Brésil, ces chaussures, pour hommes comme pour femmes, s’inspirent de l’art et des dernières tendances. Couleur et fraîcheur au rendez-vous !
Ses chaussures sont fabriquées en Espagne, mais créées ici pour les femmes aux pieds sensibles qui souhaitent être élégantes. Sandales, modèles Mary Jane, plateformes tressées et bottillons découpés sont au menu de l’été.
On parle de plus en plus de ce duo de créatrices dont le succès repose sur des modèles originaux, colorés et confortables. À découvrir à ses boutiques de Montréal, Toronto ou New York.
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