Bon pour la santé?

Actuellement, aucune réglementation ne définit ce qu’est le kombucha et sa production n’est soumise à aucune norme particulière, d’après l’ACIA.
Photo: Charles Krupa Associated Press Actuellement, aucune réglementation ne définit ce qu’est le kombucha et sa production n’est soumise à aucune norme particulière, d’après l’ACIA.

Décrit comme une boisson énergisante, détoxifiante, aidant à la digestion et à éloigner maladies et allergies, le kombucha fait de plus en plus d’adeptes soucieux d’être en bonne santé. Des vertus thérapeutiques qui sont toutefois à prendre à la légère, puisqu’aucune étude ne vient les appuyer.

« C’est vrai qu’il contient de bonnes bactéries et levures qui contribuent à avoir un microbiote en santé et donc à mieux digérer. Mais on ne peut extrapoler et dire que le kombucha est favorable à la santé pour mille raisons », prévient Stéphanie Côté, nutritionniste chez Extenso, le centre de référence en nutrition de l’Université de Montréal.

Rappelant que peu de travaux scientifiques se sont penchés sur la question, elle estime qu’il s’agit plutôt d’un coup de marketing. Pour attirer de nouveaux clients, les fabricants jouent la carte « santé », très à la mode ces dernières années auprès des Québécois qui se soucient davantage du contenu de leur assiette.

Des preuves

 

Mais l’expérience des consommateurs est suffisante pour prouver les effets bénéfiques de la boisson, aux yeux de Julian Giacomelli, président et cofondateur de Rise, un leader canadien dans la vente de kombucha. « Je suis convaincu que les bienfaits sont là, les gens qui en boivent quotidiennement le voient, même si d’un point de vue scientifique c’est difficile à prouver. »

Stéphanie Côté reste catégorique : il ne faut pas voir le kombucha comme un élixir guérisseur, mais comme une solution intéressante aux boissons gazeuses, énergisantes et à la bière. « C’est deux à quatre fois moins sucré que les boissons gazeuses, explique-t-elle. Mais ça demeure une boisson sucrée quand même. »

Les principales inquiétudes soulevées sur le kombucha concernent la quantité d’alcool qu’il contient. Puisqu’elle est fermentée, la boisson possède une petite dose d’alcool, allant jusqu’à 0,5 % dans les produits du commerce. Mais à la maison, le pourcentage peut vite grimper chez les débutants qui ne suivent pas les règles à la lettre. « C’est jamais assez pour virer une brosse, mais pour un enfant plus sensible, ça reste délicat de lui en donner, par exemple. » La boisson est également déconseillée aux femmes enceintes.

Des risques ?

Par ailleurs, devant le nombre croissant de producteurs de kombucha à travers le pays, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a décidé de lancer une étude sur cette boisson, en avril dernier.

Pendant un an, soixante échantillons de kombucha prélevés dans différents commerces du détail seront analysés pour surveiller la présence éventuelle de micro-organismes à risque — tels que E. Coli ou la Salmonelle, pour ne citer que les plus connus.

« On n’a jamais eu de plaintes, mais vu sa popularité on voulait le surveiller, en prévention », précise Karelle Beaudoin, porte-parole de l’ACIA. Jusqu’à présent, les échantillons analysés n’ont rien révélé d’alarmant.

Le taux d’alcool sera aussi scruté à la loupe durant l’étude. Lorsque la boisson est mal réfrigérée ou qu’elle reste trop longtemps sur les rayons, son pourcentage d’alcool peut grimper. « À partir de 1,1 % d’alcool, les producteurs sont obligés de l’indiquer sur les étiquettes », indique également la porte-parole.

Encore des mystères

 

Actuellement, aucune réglementation ne définit ce qu’est le kombucha et sa production n’est soumise à aucune norme particulière, d’après l’ACIA.

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) fait le même constat. Lorsqu’un producteur veut se lancer sur le marché, il doit obligatoirement passer une formation en hygiène et salubrité alimentaires. Une règle qui en fait sourciller certains, surpris de devoir se conformer aux mêmes normes qu’une personne qui souhaiterait ouvrir une boucherie ou une poissonnerie. « Le gouvernement ne semble vraiment pas comprendre comment on fait du kombucha », confie Benoît Daoust, qui a dû suivre la formation pour lancer son entreprise.

Il trouve curieux d’apprendre comment réchauffer des plats de viande de façon sécuritaire, alors qu’il manipulera essentiellement des produits secs comme le thé. « On se fait expliquer que les bactéries, c’est mauvais, mais nous, on travaille justement avec des bactéries, c’est quand même drôle », poursuit-il d’un ton mêlant l’étonnement et l’exaspération.

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