Des couvents convertis qui n’ont pas vendu leur âme

La façade du couvent converti de Val-Morin. L’endroit a conservé sa mission originale tout en subissant une cure de jeunesse.
Photo: Couvent Val-Morin La façade du couvent converti de Val-Morin. L’endroit a conservé sa mission originale tout en subissant une cure de jeunesse.
Pour cogiter loin du monde ou battre en retraite, les bâtiments conventuels trouvent de nouvelles vocations.
 

Si les reconversions d’églises font souvent les manchettes, les couvents qui trouvent une nouvelle vocation se transforment généralement en douce. Depuis les années 1980, plusieurs de ces complexes religieux changent de vie, et quelques initiatives originales sont en train de voir le jour. Le Couvent Val-Morin, récemment converti en espace de recueillement pour les retraites organisées par des entreprises et les lacs-à-l’épaule, en est un exemple.

Il existe plusieurs projets intéressants dans la reconversion de couvents, dit Denis Boucher, chargé de projets au Conseil du patrimoine religieux du Québec. « On les connaît moins parce que ces bâtiments sont beaucoup plus faciles à reconvertir, notamment en habitations. » Souvent, ils trouvent une nouvelle vie dans des copropriétés urbaines, des résidences pour personnes âgées, du logement social, et les changements d’usage se font d’ordinaire très bien.

Les sites domaniaux, des lieux publics?

 

Le changement d’usage de la chapelle — lieu de culte à valeur patrimoniale — fait souvent l’objet de débats, car c’est un lieu considéré comme accessible au public. Le compromis souvent trouvé pour mettre fin à la controverse est la métamorphose de l’endroit en salle communautaire pour les usagers. Mais le terrain demeure l’un des enjeux majeurs de ces reconversions. « Les couvents sont toujours situés sur des domaines de grande qualité. Souvent, les gens considèrent que ce sont des lieux publics, car ce sont des espaces auxquels ils ont toujours eu accès. Alors, le jour où on change de vocation et qu’on privatise le terrain, les gens autour déplorent que le terrain ne soit plus accessible à tous », dit Denis Boucher, en citant les débats dans l’arrondissement historique de Sillery autour des vastes terrains de complexes religieux appelés à être vendus et transformés.

Poursuivre la mission

 

Lorsque est venu le temps de trouver une nouvelle vie au Couvent Val-Morin, Frédéric Drouin, instigateur du projet de reconversion, a tout simplement choisi de continuer la mission des soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie, qui louaient déjà les espaces du couvent à des groupes et à des organismes communautaires.

C’est d’ailleurs pour préserver la quiétude des lieux que le fondateur du projet du Couvent Val-Morin et sa famille s’y sont intéressés lorsqu’il a été mis en vente. « Il est situé au bord d’un lac résidentiel, et ma famille réside juste devant le couvent depuis une vingtaine d’années. On voulait également s’assurer qu’on ne verrait pas n’importe quoi s’installer sur les lieux, ce qui aurait pu être le cas, car le terrain était zoné commercial », dit le président-directeur général de la Fondation Vivacité, une fondation mise en place par la famille Drouin.

Le couvent a eu droit à une cure de jeunesse avec une réactualisation plus moderne mettant en avant les confections de créateurs locaux. Malgré la restauration, M. Drouin se réjouit que l’âme des lieux soit toujours présente entre les murs. « Quand on entre, c’est paisible. On dirait que notre système nerveux se calme naturellement. Lorsque est venu le temps de le restaurer, on n’est pas arrivés avec une vision, c’est le couvent qui nous a dicté quoi faire avec lui », explique-t-il, en ajoutant que les soeurs sont revenues visiter le couvent lors de l’inauguration à l’automne dernier et qu’elles étaient très heureuses de retrouver l’âme qu’elles y avaient laissée.

Dans le cas de Val-Morin, les soeurs n’ont pas été impliquées directement dans la conversion, mais quelques projets en cours sont menés au diapason de leurs communautés religieuses.

À Québec, le projet du monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec, est l’un de ces projets à surveiller, note le chargé de projets au Conseil du patrimoine religieux du Québec. « Les Augustines ont présenté un projet historique, muséal et commercial assez intéressant. Une partie du monastère se transformera en chambres où les gens vont pouvoir vivre un séjour au couvent, avec les services d’un complexe hôtelier, tandis qu’une partie muséale s’y greffera. Ce couvent est un des hauts lieux d’histoire de la ville de Québec, l’un des premiers lieux de services aux malades de l’Hôtel-Dieu. Pour une communauté religieuse, penser faire évoluer le couvent dans ce sens-là est assez original », dit M. Boucher. Lorsque les soeurs veulent participer à la solution, je trouve que ça donne toujours des projets intéressants. »



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