Société de transports de Montréal - Priorité aux autobus

Le Réseau prioritaire montréalais consiste en une série de mesures visant à accélérer et rendre plus fluide le service d'autobus de la STM.
Photo: Jacques Grenier Le Réseau prioritaire montréalais consiste en une série de mesures visant à accélérer et rendre plus fluide le service d'autobus de la STM.

La Société de transports de Montréal me en place, conjointement avec la Ville, un système de réseaux prioritaires pour les autobus parmi les plus novateurs au monde. D'ici 2008, les 15 axes les plus achalandés de son territoire seront dotés d'un tel système. Le projet de 35 millions de dollars est financé à 75 % par la Ville et à 25 % par la STM.

«C'est le résultat de quatre ans de travail, a déclaré, visiblement satisfait, le président de la STM Claude Dauphin, en conférence de presse hier. Ça va non seulement dans la suite logique des différents plans mis de l'avant à la Ville [en matière de développement durable], mais ça va aussi dans le sens de Kyoto et c'est mis en branle avec le plan d'affaire de la STM 2004-2008, qui cherche à améliorer les services offerts à sa clientèle.»

Le Réseau prioritaire montréalais consiste en une série de mesures visant à accélérer et rendre plus fluide le service d'autobus de la STM. Les mesures tournent essentiellement autour de la gestion des feux de circulation à la hauteur des arrêts d'autobus. La Ville en profite d'ailleurs pour changer 1000 feux désuets qui fonctionnent encore avec de vieux systèmes électro-mécaniques.

«La mise en place du réseau donne un avantage marqué et concurrentiel aux transports en commun sur 115 km de rues, faisant passer de 45 km à 275 km les mesures préférentielles destinées aux transportx en commun sur l'île de Montréal», précise Pierre Vandelac, directeur général de la STM.

Nouveaux feux de circulation

Munis de nouveaux contrôleurs électroniques, les nouveaux feux de circulation détectent le moment où l'autobus a fait le plein de passagers et est prêt à repartir, et lui donnent priorité au départ. Lorsque le feu est rouge, une lumière en forme de chandelle, distincte et séparée des feux habituels, s'allume pendant six secondes pour laisser l'autobus passer devant les voitures arrêtées. Si le feu est vert au moment où l'autobus est prêt à reprendre sa route, il y aura prolongation de la lumière verte pendant la même période de temps.

À cette mesure s'ajoute l'allongement des zones d'arrêt d'autobus de 30 à 40 m, ce qui facilitera l'accès aux arrêts, donnant ainsi plus de fluidité à la circulation en général. Ces zones seront marquées pour une meilleure visibilité et un plus grand respect de la part des automobilistes.

Le Réseau prioritaire sera implanté en trois étapes. La phase I, mise en branle dès l'automne, touche cinq axes qui couvrent 104 km: St-Michel, l'autoroute 25, Rosemont, Beaubien et Notre-Dame Est. Les phases II et III, prévues pour 2006-2009, concernent respectivement quatre (Sherbrooke Ouest, Pierrefonds, Henri-Bourassa, l'autoroute 20) et six (Côte-Saint-Luc, Jean-Talon Est, Sauvé-Côte-Vertu, Cavendish, Lacordaire, Grenet) trajets de bus. Contrairement aux voies réservées, ces mesures seront en vigueur en tout temps et dans les deux directions de la circulation routière.

Gain de temps

«Selon nos experts, ces démarches vont nous permettre d'augmenter notre achalandage de 10 %, explique M. Dauphin. On parle aussi de gain de temps [pour les usagers] entre 10 et 20 %.» «Sur un trajet de 40 minute par exemple, on va gagner de quatre à huit minutes», renchérit M. Vandelac. La STM estime que les autobus impliqués dans la phase I, représentant 100 000 déplacements quotidiens, pourront ainsi absorber trois millions de déplacements annuels supplémentaires.

Si le temps gagné par les usagers des transports en commun est significatif, les automobilistes ne seront pas pour autant ralentis dans leur course, selon la STM. Les secondes d'attente imposées aux automobilistes de la rue transversale sont récupérées au cycle de feux de circulation suivant. «Le feu prioritaire ne modifie pas le temps accordé au piéton pour traverser la rue», tient aussi à ajouter M. Vandelac. En effet, la STM n'entend pas augmenter l'efficacité des transports en commun au détriment de la sécurité des citoyens. Le signal lumineux destiné aux piétons sera bonifié d'un décompte lui indiquant combien de temps il lui reste pour dégager la voie. Les secondes «volées» par les feux prioritaires n'empiéteront pas sur le temps minimum requis (établi par la Ville) pour traverser la rue.

Chef de file

Selon les firmes qui collaborent au projet, soit Trafix, qui l'a conçu avec la STM, Dessau-Soprin et Tecsult, la STM deviendra un chef de file en ce qui a trait à la priorité accordée aux autobus aux feux de circulation.

Un semblable système a déjà fait l'objet d'un projet pilote sur le chemin Chambly à Longueuil. Six intersections montréalaises (notamment sur l'avenue du Parc à la hauteur de Léo-Parizeau) sont aussi équipées de feux similaires. La particularité du nouveau système se trouve dans le système d'émetteur-récepteur qui permet d'activer le feu prioritaire seulement en présence d'un autobus.

Des voies réservées pourraient venir compléter le système de feux prioritaires, s'il y a lieu. La STM semble également prête à ajouter des autobus sur les parcours visés pour maximiser l'efficacité.

«Ces mesures vont nous permettre de faire la démonstration que les transports en commun sont la voie de l'avenir et qu'il faut lutter pour leur promotion», conclut M. Dauphin. Une remarque ayant tout pour plaire au représentant de Transport 2000, qui accueillait le projet, longuement attendu, avec joie. «C'est certainement une bonne nouvelle; on assiste à l'aboutissement de longues revendications, indique Normand Parisien. Ce sera vraiment utile pour la population.»

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