Sang contaminé - Le stress pourrait tuer l'ex-dirigeant de la Croix-Rouge, dit son avocat

Toronto — Le stress continuel que provoquerait un procès criminel d'un an pourrait menacer la vie du médecin qui est au coeur du scandale du sang contaminé, a fait valoir en cour, lundi, l'avocat du docteur Roger Perrault. Celui-ci dirigeait la Croix-Rouge canadienne au moment où la contamination des banques de sang a fait des milliers de malades, infectés par le VIH et l'hépatite C.

Selon l'avocat Eddie Greenspan, un procès de cette ampleur susciterait un tel stress qu'il pourrait déclencher une autre crise cardiaque, et celle-ci pourrait être fatale.

Âgé de 68 ans, le Dr Perrault a subi sa première crise cardiaque en 1980, et a ensuite subi une série d'interventions, dont une angioplastie, un pontage et une opération d'urgence pour un anévrisme, a dit M. Greenspan. Depuis, le Dr Perreault a changé son style de vie et, notamment, réduit sa charge de travail et ses déplacements afin d'éviter le stress, a ajouté l'avocat, qui s'adressait à la juge Mary Lou Benotto.

L'avocat a demandé hier l'arrêt des procédures relativement aux accusations portées contre le Dr Perrault en 2002 à la suite d'une enquête de la Gendarmerie royale du Canada. Le scandale du sang contaminé est considéré comme un des pires désastres en santé publique du dernier siècle au Canada.

Le Dr Perrault est accusé de négligence criminelle entraînant des lésions corporelles et de méfait mettant en danger le public.

À l'appui de sa démarche, l'avocat Greenspan a cité des articles de publications médicales respectées appuyant ses dires selon lesquels le stress contribue aux problèmes coronariens. Il a aussi fait mention du témoignage antérieur du docteur Alan Leach, le cardiologue de M. Perrault à Ottawa, qui a dit que toute autre intervention chirurgicale serait dangereuse pour son patient.

Mais le procureur de la Couronne, Trevor Shaw, a fait valoir que l'état de M. Perrault est stabilisé. Il a présenté à la cour un tableau montrant que, depuis les dernières années, son taux de cholestérol et sa pression sanguine sont contrôlés, et que son pouls est aujourd'hui le même qu'il y a 25 ans. Il a ajouté qu'en dépit de ses dires selon lesquels il voyage moins, le Dr Perrault poursuit ses voyages d'affaires à Montréal. «Il mène une vie active, professionnelle, pas une vie dépourvue de stress», a-t-il soutenu.

L'audition de la requête en arrêt des procédures devait se poursuivre aujourd'hui.

Le Dr Perrault, trois autres médecins et une compagnie pharmaceutique sont accusés d'avoir autorisé des transfusions d'un produit sanguin contaminé par le VIH à des patients hémophiles dans les années 1980 et 1990. On reproche au Dr Perrault et à d'autres responsables à la Croix-Rouge ainsi qu'au ministère fédéral de la Santé de ne pas avoir testé les dons de sang ni pris les précautions adéquates pour empêcher que des personnes séropositives ou sidéennes donnent du sang.

Plus de 1000 Canadiens ont contracté le VIH et jusqu'à 20 000 autres, celui de l'hépatite C après avoir reçu des produits sanguins contaminés.

À voir en vidéo