Combien de fois ai-je entendu les diététiciens nous dire, nous prévenir ou tenter de nous convaincre de ne pas nous rendre dans les magasins d'alimentation lorsqu'on a faim? «On s'y rend lorsqu'on a mangé, lorsqu'on est gavé, sinon, on achète du superflu, et la gâterie prend le dessus sur ce qui est essentiellement bon pour notre santé.»

N'attendez pas de tels conseils de ma part, moi qui suis un jardinier brouillon, trop amoureux des plantes, et jamais gavé... Je me classe parmi les délinquants de l'achat alimentaire et du panier percé du centre de jardinage. Pas besoin de vous dire combien de pots de vivaces et d'annuelles ont attendu leur place au soleil ou à l'ombre! D'ailleurs, quelques grosses talles de hostas attendent toujours la création d'une nouvelle plate-bande.

Non, ne prévenez pas la «Direction de la protection des végétaux» et soyez sans crainte: ces hostas sont bien cachées sous des conifères et ne manquent de rien.

Tiens, tiens, vous vous reconnaissez vous aussi à ma façon de faire? En fait, je vous dis tout cela pour vous faire plaisir afin que subsiste dans votre jugement à mon sujet ce petit doute du jardinier désordonné...

En fait, tout mon jardin est documenté, archivé, et chaque plante est couchée sur des plans d'une exactitude de scribe égyptien! Des listes de plantes à remplacer ou à insérer dans les plates-bandes sont classées en fonction des urgences de modification ou dans un plan triennal d'amélioration. Comme ça, lorsque je vais dans un centre de jardinage, j'ai ma petite liste d'épicerie, et j'en suis fier.

Comme tout le monde, je m'abreuve d'idées dans les journaux, les revues, les livres et les chroniques, je me fie au ouï-dire des copains et des amis, je note soigneusement tous ces petits noms de plantes en français, en anglais et en latin, bien sûr, et je pars à la conquête de ces petites merveilles... Chaque jour, cette phrase résonne à mes oreilles: «L'ennui naquit un jour de l'uniformité», mots gravés dans mon esprit depuis 1963 par M. Morel, mon professeur de dessin de jardin.

Alors, même si j'ai bien mangé et bien bu, je suis encore un acheteur compulsif. «Mais où diable avez-vous trouvé ces olives si minuscules? J'en veux!»

Imaginez: j'ai de 4000 à 5000 pieds carrés d'aménagement à refaire. C'est pas le bonheur, ça? Allez hop, le chien, on va magasiner!

Pépinière Charlevoix

2375, boulevard de Comporté

La Malbaie, (418) 439-4646

- Vous aimeriez que je traite d'un sujet en particulier? Vous désirez que je réponde à votre question? Vous acceptez que le jardinier prenne son temps? Écrivez-moi!

jean-claude.vigor@ mapaq.gouv.qc.ca

***

Le livre de la semaine

Qui n'a pas encore ou n'a jamais eu un lilas dans sa cour?

Grâce à la production en contenant et à un entretien de plus en plus efficace, les centres de jardinage offrent encore des plantes de qualité. Il est par ailleurs possible, puisque l'achalandage est fluide en cette période de l'année, d'obtenir de très bons renseignements par rapport au «coup de feu» du printemps. Il est possible de commander des plantes plus rares ou de se les faire réserver.

La plantation des arbres, arbustes et vivaces en contenant peut se faire jusqu'aux premiers froids. La seule contrainte est l'eau... Mais si vous pouvez arroser une ou deux fois par semaine, il n'y a aucun problème.

Dans le cas des lilas, c'est même intéressant puisqu'ils seront bien enracinés pour une éventuelle première floraison printanière. Les jeunes lilas sont souvent trop paresseux pour fleurir rapidement.

En plus de parler de toutes les bonnes conditions requises pour réussir l'intégration des lilas dans nos jardins, ce livre est abondamment illustré. Les auteurs ont sélectionné 200 cultivars intéressants. À nous d'utiliser le bon cultivar au bon endroit!

Quelques mots sur les auteurs: Rock Giguère est journaliste horticole et a participé à la rédaction de plusieurs livres sur les plantes. Il est aussi très présent à la télévision comme chroniqueur et animateur. Frank Moro a fondé sa compagnie horticole avec son épouse il y a 15 ans. C'est un passionné des lilas. Il a une collection de plus de 1000 cultivars différents.

Les Lilas

Rock Giguère et Frank Moro

Éditions de l'Homme

Québec, 2005, 344 pages, 29,95 $

***

La semaine du jardinier
- Samedi 16 juillet, Notre-Dame du Mont-Carmel. Tiens, une belle journée fleurs! Divisez les iris Germanica. Changez-les de place si nécessaire pour qu'ils profitent du plein soleil. Rabattez le feuillage de moitié. Éliminez tous les bouts de rhizomes douteux, percés et en voie de dépérissement. Ne conservez que les rhizomes sains de l'extrémité. Placez et transplantez ces jeunes rhizomes pour qu'ils se dirigent tous dans la même direction.

- Dimanche 17 juillet, Sainte-Charlotte. Ce dimanche, Louise Portal et moi vous emmènerons, grâce à la magie des ondes de la radio de Radio-Canada, dans le jardin de Patrick Norman, écolo, sage et intéressant, sans prétention, humain généreux aimant rire et faire la fête mais soucieux de notre avenir. Bref, un homme à écouter, dimanche de 14h à 16h, à l'émission Nos étés amoureux.

- Lundi 18 juillet, Saint-Frédéric. Une belle journée «feuilles». Peut-être le dernier semis de haricot ou mieux encore. Si le temps est couvert, semez à mi-ombre les laitues pour un bon mesclun. Songez aussi au basilic pour la récolte d'automne ainsi qu'à la coriandre.

- Mardi 19 juillet, Saint-Arsène. «Entre juillet et août, le boire est de bon goût!» Bonne fête, voisin! J'ai la chance d'avoir un excellent voisin dénommé Arsène. Je crois que la première fois qu'il s'est présenté à moi, je lui ai fait répété son prénom trois fois. Il me vient une idée, Arsène: je vais t'offrir des lupins pour ta fête! Arrose bien ta fête, mais aussi ta haie de cèdre! Et ne te gêne pas pour couper mes sarments de vigne qui envahissent ton terrain! Continue à chanter, ça éloigne les oiseaux des raisins!

- Mercredi 20 juillet, Sainte-Marina et Sainte-Marguerite. «La petite Marguerite est tombée, singulière, du bréviaire de l'abbé, trois pétales de scandale sur l'autel, indiscrète pâquerette, d'où vient-elle?», de tonton Georges Brassens. Très important: il faut continuellement éliminer les tiges des marguerites qui ont fleuri. Fertilisez ensuite avec du 20-20-20 à chaque arrosage avec un gramme par litre d'eau. Lorsque les boutons pointent, utilisez du 15-30-15 à chaque arrosage avec la même dose maximum d'un gramme par litre d'eau.

- Jeudi 21 juillet, Saint-Victor. Noeud descendant. La lune nous parle et nous fait savoir qu'on ne doit pas intervenir dans le jardin aujourd'hui. Bref, on s'émerveille.

- Vendredi 22 juillet, Sainte-Madeleine «Ce soir, j'attends Madeleine, j'ai apporté des lilas, j'en apporte toutes les semaines. Madeleine, elle aime bien ça. Elle est tellement jolie. Elle est tellement tout ça. Elle est toute ma vie, Madeleine, qui ne viendra pas.» Pour notre ami Jacques Brel, le lilas est loin d'avoir une floraison éphémère. Il n'a pas tort, d'ailleurs: le lilas du Japon (Syringa reticula «Ivory Silk») est encore en fleur et, si la température le permet, le superbe petit lilas «Josée» (Syringa x «Josée TM») nous offrira une troisième, voire une quatrième floraison.