Des fouilles plus poussées sont nécessaires au Royal Victoria

Des tests archéologiques ou des travaux d’excavation doivent être réalisés pour déterminer hors de tout doute la présence de sépultures sur le site de l’ancien hôpital.
Jacques Nadeau Le Devoir Des tests archéologiques ou des travaux d’excavation doivent être réalisés pour déterminer hors de tout doute la présence de sépultures sur le site de l’ancien hôpital.

Des fouilles plus poussées seront nécessaires pour faire toute la lumière sur la présence de sépultures sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria, révèle un rapport archéologique produit pour la Société québécoise des infrastructures et dont Le Devoir a obtenu copie.

En plus des neuf zones présentant des éléments indiquant la présence « potentielle » de tombes sur le site, un « nombre significatif » de caractéristiques géophysiques de « source inconnue » se trouvent à cet endroit. Bien que ces indices ne signalent généralement pas la présence de tombes, l’étude indique que cette conclusion ne peut être complètement écartée.

Le rapport ajoute qu’il est possible que certaines de ces caractéristiques de « source inconnue » signalent la présence de « tombes anonymes, particulièrement dans le cas de corps enterrés sans cercueil, ainsi que la présence possible de tombes d’enfants ».

Des fouilles menées la semaine dernière à l’aide de chiens renifleurs ont permis de découvrir une robe d’adolescente et des souliers d’enfants en cuir, rapporte Philippe Blouin, l’anthropologue qui accompagne un groupe de militantes mohawks qui cherchent à faire la lumière sur la présence possible de sépultures anonymes sur ce site.

La Société québécoise des infrastructures (SQI) confirme cette découverte et ajoute que, « selon les archéologues, ces objets dateraient des années 1990 ». Philippe Blouin estime pour sa part que ces artéfacts datent des années 1950.

La SQI déclare par courriel qu’elle suivra « les recommandations établies par le panel d’experts qui anticipaient ce type de découverte » et qu’il « est prévu que des fouilles manuelles aient cours dans les zones identifiées comme étant des zones d’intérêt modéré ». La société ajoute que l’ensemble du site de l’ancien hôpital — au-delà des zones prioritaires déjà fouillées — fera l’objet d’analyses ultérieurement.

Des procédures « drastiques »

L’étude, produite par la firme GeoScan de Burnaby, en Colombie-Britannique, précise que les méthodes de recherche et d’interprétation utilisées ne permettent pas « d’identifier directement » des restes humains. Ces méthodes comprennent l’utilisation d’un radar pour analyser la composition des sols et l’analyse de bases de données géologiques.

Lorsque des indices sont trouvés dans les sols, des tests archéologiques ou des travaux d’excavation doivent être réalisés pour déterminer hors de tout doute la présence de tombes, des procédures qualifiées de « drastiques » et qui peuvent avoir de « sérieuses implications culturelles et émotionnelles ».

La SQI affirme avoir des budgets prévus pour ce genre de travaux et que « l’ensemble des interventions se déroule en présence des moniteurs culturels autochtones nommés par les Mères mohawks afin de s’assurer que les protocoles appropriés concernant les cérémonies sont respectés ».

Appelé à commenter la possibilité de procéder à des travaux d’excavation, Philippe Blouin affirme que « ce n’est pas à la SQI de prendre ces décisions-là, c’est une décision professionnelle, une décision d’archéologues spécialisés dans la recherche de tombes ».

Les travaux ayant mené au rapport ont eu lieu le mois dernier autour des édifices de l’ancien hôpital Royal Victoria et de l’institut Allan Memorial. Ce dernier a été utilisé pour mener des expériences de lavage de cerveau dans les années 1950 et 1960, en collaboration avec la CIA. Le rapport mentionne aussi l’existence de preuves d’occupation humaine sur le site, qui remonteraient à 8000 ans.

Violence verbale

 

À propos de l’incident survenu le 25 juillet, lors duquel des aînés et des observateurs culturels autochtones ont été agressés verbalement par un agent de sécurité d’une firme privée chargée de surveiller le site, la SQI confirme l’événement et « condamne toute forme de racisme et d’agression et considère inacceptables les propos et comportements, de cet agent en particulier, lors de l’incident ».

« Des mesures sont prises pour éviter toute récidive et ainsi assurer la sécurité des personnes présentes sur le site », affirme la société d’État. Elle précise que les agents affectés à la sécurité du site archéologique vont bénéficier d’une formation aux réalités autochtones et à la culture mohawk.

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