Comme le PQ, QS fait volte-face au sujet d’un rassemblement jugé antiavortement

Le député Alexandre Leduc a remis en question l’empressement de sa formation, Québec solidaire, à soutenir l’interdiction, la semaine dernière, du rassemblement «Rallye feu, foi et liberté», qualifié d’«antiavortement» par le gouvernement québécois.
Jacques Boissinot La Presse canadienne Le député Alexandre Leduc a remis en question l’empressement de sa formation, Québec solidaire, à soutenir l’interdiction, la semaine dernière, du rassemblement «Rallye feu, foi et liberté», qualifié d’«antiavortement» par le gouvernement québécois.

Après le Parti québécois (PQ), Québec solidaire (QS) a fait volte-face à son tour, jeudi, concernant son appui à une décision du gouvernement d’interdire un événement organisé par un groupe chrétien au Centre des congrès de Québec.

Le député Alexandre Leduc, de Québec solidaire (QS), a remis en question l’empressement de sa formation à soutenir cette interdiction, la semaine dernière, du rassemblement « Rallye feu, foi et liberté », qualifié d’« antiavortement » par le gouvernement québécois.

« La décision a peut-être été un peu trop rapide, a-t-il dit en point de presse. Avec un pas de recul, tout un chacun, je pense qu’on réalise qu’il y a des dangers à commencer à aller dans ce chemin-là. Il ne nous mène pas à des belles places, je pense, ce chemin-là. Alors on prend un pas de recul, on constate qu’il faut aborder ça avec beaucoup de philosophie, avec beaucoup de sérénité. »

Un gouvernement solidaire se pencherait sur le dossier avec des experts, des éthiciens, pour établir des balises et éviter le cas par cas.

 

« Il ne faut pas qu’on devienne des censeurs des bonnes valeurs du Québec », a ajouté Alexandre Leduc.

Vendredi dernier, la députée de QS Ruba Ghazal avait félicité la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, pour s’être opposée à l’événement, organisé par Harvest Ministries International, un groupe de la Colombie-Britannique.

« Je voudrais quand même prendre quelques instants pour féliciter la ministre Caroline Proulx pour son leadership, qui a fait en sorte qu’un événement antiavortement qui brime le droit des femmes n’ait pas lieu au Centre des congrès, avait-elle déclaré. Donc, bravo à Mme Caroline Proulx. »

Le Centre des congrès de Québec est une société d’État qui relève du ministère du Tourisme de Mme Proulx.

Le Devoir a révélé mercredi que Harvest Ministries a transmis le 2 juin une mise en demeure à Mme Proulx, dans laquelle l’organisation conteste sa décision. Selon le groupe, le rassemblement n’est pas un événement antiavortement.

Mme Proulx n’a pas voulu commenter le dossier, jeudi, affirmant qu’il est judiciarisé.

Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a pour sa part affirmé qu’il allait prendre connaissance de la mise en demeure avant de la commenter.

Des critères

 

Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, s’est pour sa part défendu d’avoir désavoué son député Pascal Bérubé, qui avait lui aussi appuyé Mme Proulx. Mercredi, le chef péquiste a affirmé qu’il fallait distinguer la question du droit à l’avortement de celle de la liberté d’expression.

« Lorsqu’on demande au gouvernement sur la base de quels critères, désormais, la ministre va pouvoir ordonner, décider de qui a le droit de se réunir et qui n’a plus le droit de se réunir parce qu’ils ne correspondent pas aux valeurs québécoises, on n’a toujours pas de réponse, a-t-il dit jeudi. On est dans l’arbitraire le plus complet. »

M. St-Pierre Plamondon a affirmé qu’il avait discuté avec M. Bérubé de son intervention.

« Chaque parti s’est exprimé sur sa position, sur la question précise de l’avortement, c’est la même pour moi, notre position, elle est limpide, sur la question du droit à l’avortement », a-t-il dit.

QS, le PQ et le Parti libéral du Québec avaient tous défendu le droit à l’avortement en appuyant la décision de Mme Proulx, vendredi dernier.

Jeudi, le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, a maintenu que le gouvernement a pris la bonne décision.

 

« L’État, dans ce cas-là, n’a pas à abriter un discours antiavortement d’une organisation qui va venir vous dire qu’entre autres il y a eu 4 millions de meurtres au Canada avec les avortements depuis 1969, parce que ça fait partie de leurs publications », a répondu M. Tanguay.

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