Une rencontre aura bientôt lieu pour trouver des solutions pour Kanesatake

Une rencontre devrait avoir lieu la semaine prochaine entre des membres du conseil de bande de Kanesatake et des ministres canadiens et québécois afin de trouver des solutions à la crise de gouvernance qui ébranle Kanesatake, dit le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, qui ne s’oppose pas à une initiative visant à mieux comprendre ce qui s’y déroule.
« La question que je me pose toujours, c’est à quoi servirait cette commission ? Si c’est pour du sensationnalisme, je pense que les premiers qui seraient mal servis par cela, ce serait les gens, les membres de la communauté », dit Marc Miller, en entrevue au Devoir.
Mardi, des résidents masqués de Kanesatake ont manifesté devant son bureau, à Montréal. Dénonçant l’inaction d’Ottawa à l’égard de l’intimidation dans la communauté et sa passivité à l’égard d’un dépotoir qui cumule les manquements environnementaux, les manifestants ont demandé une enquête, à laquelle pourrait participer un rapporteur de l’ONU, pour faire la lumière sur la crise qui ébranle Kanesatake.
M. Miller assure que le fédéral ne s’opposerait pas à une initiative permettant de mieux comprendre ce qui se déroule à Kanesatake. « Si on peut être utile, on va le faire. Et si cette utilité se traduit par des enquêtes, que ce soit de l’ONU ou une enquête parlementaire, on acceptera et on appuiera le choix échéant. »
Par ailleurs, il rappelle que la mise en place d’une enquête parlementaire ne relève pas du gouvernement, mais des comités parlementaires. « On est en situation de minorité, donc ce seront les membres qui choisiront de leur emploi du temps s’ils veulent bien le faire sur cet enjeu », dit-il. Quant à une initiative de l’ONU, elle dépend évidemment de l’organisme.
« La semaine prochaine »
Le ministre Miller évoque qu’une rencontre se tiendra « la semaine prochaine », entre des représentants du Conseil de bande de Kanesatake et des ministres des gouvernements du Canada et du Québec, dont la ministre canadienne Services aux autochtones, Patty Hajdu, et Ian Lafrennière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations. Marc Miller n’a pas encore confirmé sa présence.
« Si je me souviens bien, c’est le premier juin », dit-il, précisant que les discussions ne se dérouleront pas sur la place publique et que le lieu n’a pas encore été déterminé. L’objectif : trouver des pistes de solutions aux enjeux sociaux et environnementaux, certes, mais également aux problèmes de gouvernance qui paralysent le fonctionnement du Conseil de bande de la communauté.
Actuellement, deux factions s’y affrontent ouvertement. D’un côté, le grand chef Victor Bonspille et sa soeur jumelle — la cheffe Valerie Bonspille — dénoncent une fronde de la part des autres chefs qui siègent au conseil, qui s’opposent fermement à plusieurs de leurs décisions qui, selon eux, ne sont pas prises pour le bien de la communauté.
Est-ce que le gouvernement pourrait jouer un rôle de médiateur entre les différentes factions ? « La réponse, c’est oui, mais avec un bémol », dit-il, sans détailler de solutions précises. « L’instrument que le fédéral utilise de temps à autre, surtout lorsqu’il y a des questions d’ordre financier, c’est de mettre la communauté sous tutelle. Le problème avec ça, c’est que la plupart du temps le résultat est pire que le laisser-aller », dit-il.
Concernant les perquisitions de la Sûreté du Québec (QS), menées jeudi, Marc Miller avance qu’il « serait très mal vu de s’ingérer dans le processus qui doit être mené de façon indépendante par la SQ ». Il ajoute toutefois qu’il « y a des preuves crédibles à l’appui qu’il y a eu, peut-être, un abus, alors on laissera l’enquête se dérouler ».