La police de Longueuil résout le viol et le meurtre d’une adolescente datant de 1975

La police de la région de Montréal dit qu’elle travaille avec les forces de l’ordre au Canada et aux États-Unis pour déterminer si un homme nouvellement lié à une affaire non résolue datant de 1975 pourrait avoir été responsable d’autres meurtres non élucidés.
Des enquêteurs de Longueuil, au Québec, au sud de Montréal, ont déclaré mardi que des preuves ADN établissent avec certitude que Franklin Maywood Romine a violé et assassiné Sharron Prior, âgée de 16 ans, il y a près de 50 ans.
Maintenant, la police dit qu’elle essaie de savoir si M. Romine – un criminel de carrière décédé en 1982 à l’âge de 36 ans – a pu avoir fait d’autres victimes.
Le corps de M. Romine a été exhumé au début du mois d’un cimetière de Virginie-Occidentale pour des tests ADN destinés à confirmer son lien avec ce crime qui n’avait jamais été résolu depuis 48 ans.
L’inspecteur-chef Pierre Duquette, du SPAL, a expliqué mardi que l’ADN de M. Romine, qui avait un lourd passé criminel, correspondait à un échantillon recueilli sur les lieux du meurtre à l’époque. M. Romine correspondait également à la description physique qu’avait donnée du suspect un témoin à l’époque, a ajouté M. Duquette.
De plus, la voiture de M. Romine était « compatible » avec les traces de pneus trouvées près de l’endroit où on avait découvert le corps de l’adolescente il y a 48 ans, a ajouté l’inspecteur.
Le 29 mars 1975, la jeune Sharron Prior avait quitté son domicile du quartier Pointe-Saint-Charles, dans le sud-ouest de Montréal, pour aller rejoindre des amis dans une pizzeria. Elle n’est jamais arrivée à son rendez-vous.
Son cadavre a été retrouvé trois jours plus tard dans un boisé de Longueuil, sur la Rive-Sud de Montréal ; l’adolescente avait été violée et assassinée. Les crimes n’avaient jamais été résolus depuis.
La police a enquêté sur 122 suspects, mais M. Romine n’en faisait pas partie.
En 2015, les scientifiques ont séquencé un profil ADN complet d’une chemise utilisée pour retenir Prior — mais ce spécimen n’était qu’une correspondance partielle avec un échantillon trouvé sur son jean.
Les enquêteurs ont déclaré que l’ADN avait été prélevé sur les vêtements de la victime et sur une chemise utilisée pour la retenir, mais les échantillons collectés n’étaient jamais suffisants pour l’analyse — jusqu’à récemment.
Les progrès de la technologie de l’ADN ont permis à la police d’obtenir en 2022 un « échantillon amplifié » de l’ADN, suffisamment pour le comparer aux échantillons d’une base de données contenant des milliers de profils de personnes identifiées par leur nom de famille. Cette base de données a mené la police jusqu’au nom de famille « Romine ».
Les spécialistes médico-légaux ont analysé l’ADN du chromosome Y, transmis presque inchangé de père en fils, pour identifier une lignée familiale, et ils ont comparé l’échantillon recueilli au Québec à l’ADN de quatre frères de Romine en Virginie-Occidentale.
« La résolution de ce meurtre non résolu s’appuie sur de nouvelles techniques d’enquête, mais aussi sur les avancées de la biologie médico-légale, a expliqué mardi le sergent Éric Racicot. Ce sont de nouveaux outils que nous n’avions pas il y a quelques années — et c’est un outil puissant. »
M. Romine, dont les antécédents criminels remontent à son enfance, était en fuite de la justice en Virginie-Occidentale au moment du meurtre au Québec. En liberté conditionnelle depuis 1973, il faisait face à de nouvelles accusations d’introduction par effraction et de viol. Il a trouvé refuge à Montréal, une ville qu’il avait visitée au moins deux fois auparavant.
Environ sept mois après le meurtre de l’adolescente, en 1975, M. Romine a été arrêté par la police de Montréal et extradé aux États-Unis, où il était toujours recherché. Mais en 1982, il était de retour à Montréal, où il est mort à 36 ans. Son corps a ensuite été inhumé en Virginie-Occidentale.
Tourner la page
La soeur cadette de la victime, Doreen, assistait à la conférence de presse, mardi. Elle a déclaré que la famille était soulagée de la conclusion de l’affaire.
« La résolution ne ramènera pas Sharron, mais savoir que son assassin n’est plus sur terre et ne peut plus tuer nous permet un peu de tourner la page. »
Maureen Prior, la soeur jumelle de Doreen, a remercié les enquêteurs pour ne jamais avoir abandonné l’affaire.
« Sans votre compétence, votre dévouement et vos innombrables heures d’enquête, nous ne serions pas entendus aujourd’hui, a-t-elle déclaré. Vous avez poussé la nouvelle technologie à ses limites et nous avez apporté des réponses que nous attendions depuis 48 ans. »