L’Est de Montréal plaide en choeur pour un REM qui passe au centre-ville

L’Est de Montréal s’impatiente devant la lenteur de la construction du REM. Une cinquantaine de personnalités d’affaires, de responsables publics et de citoyens engagés pressent le gouvernement d’accélérer la construction d’« un REM de l’Est » qui passe par le centre-ville. Sans cette connexion avec le centre de la métropole, l’Est de la ville se retrouvera dans un cul-de-sac économique, plaident-ils dans une déclaration commune diffusée mardi.
La portion ouest du REM entrera en fonction d’ici quelques semaines, tandis que sa portion à l’est reste à l’étape de plan. Le nouveau tracé de ce « REM de l’Est » sera rendu public à la mi-juin par les nouveaux porteurs du projet, un consortium mené par l’ARTM. Or, aucun lien direct avec le centre-ville ne semble être à l’étude. Les habitants de l’Est devront passer par le métro, semble-t-il.
Un REM qui contourne le centre-ville n’est qu’un « demi-projet », proteste au Devoir l’un des responsables de cette levée de boucliers, Christian Savard, de Vivre en Ville. « Ce n’est pas à la hauteur de la desserte, du projet de la Caisse de Dépôt, du projet de la ligne rose. »
Couper court à cet équivalent du REM de l’Ouest, c’est « comme si on coulait dans le béton l’iniquité entre l’Est et l’Ouest », ajoute-t-il. Un tel investissement qui se compte en milliards de dollars, « ça ne reviendra pas, ou ça va prendre des décennies avant que ça revienne ».
Quelque 450 000 Montréalais habitent à l’Est de la rue Papineau, selon les estimations de Christian Yaccarini, président de la Société de développement Angus, et voix proéminente de cette impatience. « Il y a 40 millions de pieds carrés de terrain vacant dans l’Est de Montréal et ça se développera sans transport collectif. »
Un frein économique
Nombre d’entrepreneurs et gens d’affaires s’inquiètent de cet abandon de l’Est de Montréal, en premier lieu Jean-Denis Charest, président-directeur général de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal.
L’avantage de l’Ouest de l’île, déjà riche et cossue, se renforcera par l’actuel projet du REM, dit-il. « Ça crée un désavantage compétitif pour l’Est de Montréal. »
« On avait été clair dès le départ. On avait émis 5 critères extrêmement importants pour s’assurer qu’un projet structurant de l’Est réponde à l’ensemble des attentes. Et le premier, c’est un lien direct avec le centre-ville. »
Les groupes de citoyens joignent leur voix au concert de critiques. Utiliser obligatoirement « l’auto-solo » à Montréal constitue un non-sens, avance Jonathan Roy de la table de quartier de la Pointe de l’île. « À Pointe-aux-Trembles, il faut que tu aies une voiture si tu veux t’en sortir », se désole-t-il tout en pointant les seuls quatre stations de Bixi de son quartier. « On est à 25-30 minutes d’Honoré-Beaugrand si tout va bien. Ça n’amène pas les gens à modifier leur pratiquer. Le REM, c’est une occasion pour nous de développer le quartier. »
Connecter l’Est de Montréal au centre-ville figurait parmi la première version du projet présenté par la CDPQ. La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a avancé qu’un lien direct du REM de l’Est vers le centre-ville pourrait voir le jour dans une phase subséquente du projet.
Une version précédente de ce texte, qui indiquait que 40 000 pieds carrés de terrain étaient vacants dans l’Est de Montréal, a été modifiée.