Des aînés qui ont soif de contacts
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Intergénérations
Les mesures sanitaires mises en place pendant la pandémie et la peur qui est restée ensuite chez plusieurs ont complexifié les relations entre les aînés et les enfants. Mais maintenant, la soif de contacts est bien présente et plusieurs efforts se font pour retisser des liens.
« Quand est-ce qu’on recommence ? » Cette question, Francine Goyette, directrice générale de la Maison des grands-parents de Villeray, l’a entendue souvent à propos de différentes activités depuis que les mesures sanitaires sont tombées.
Cet organisme communautaire, qui tisse des liens entre les générations, compte une quarantaine de bénévoles actifs en ce moment, mais ils étaient une centaine auparavant. « On n’a pas pu reprendre tous les services encore et nos bénévoles ont hâte qu’on en offre plus, explique Mme Goyette. Par exemple, les cafés-rencontres avec les jeunes parents où, pour leur donner un peu de répit, nos bénévoles bercent les bébés. En raison de la grande présence du virus pulmonaire syncytial l’automne dernier, qui touche principalement les bébés et les aînés, nous avons attendu. Mais nous comptons recruter des bénévoles et reprendre ce service l’automne prochain. »
Elle pense aussi à l’heure du conte que des aînés — formés par la Maison des grands-parents de Villeray — allaient animer dans des garderies.
Francine Goyette constate que le recrutement de bénévoles est tout de même plus difficile qu’avant la pandémie. Avec la pénurie de personnel, les entreprises font des pieds et des mains pour attirer ou garder leur personnel plus expérimenté. Puis, il faudra recréer des contacts avec les différentes organisations, où il y a eu beaucoup de mouvements dans le personnel. Les liens sont aussi à rebâtir avec les jeunes.
« Nous avons des jeunes qui commencent à venir chez nous vers l’âge de 7 ans, puis ils restent pour d’autres activités et peuvent être encore avec nous à 21 ans, avec la même personne bénévole. Il y a donc des liens profonds qui se créent », explique la directrice générale, qui voit ses volontaires comme des grands-parents symboliques pour ces jeunes.
La Maison des grands-parents de Villeray, qui existe depuis 31 ans, offre différents services à la communauté. Elle opère notamment une friperie, où les familles peuvent s’habiller à coût très modeste, puis elle offre des paniers à Noël et à la rentrée.
Un service d’aide aux devoirs est également offert. « Comme il y a beaucoup de familles immigrantes dans le quartier, c’est très apprécié parce que bien des parents ne parlent pas français, explique Francine Goyette. Nous sommes aussi actifs auprès d’adolescents à risque de décrochage. Plusieurs grands-parents de ces jeunes ne sont pas au Canada, donc on devient leur famille. »
Si les services offerts par la Maison des grands-parents de Villeray — il y en a cinq autres à travers le Québec — aident les jeunes et leurs familles, ils sont aussi valorisants pour les bénévoles. « Nos aînés ont vraiment l’impression que leur implication amène des résultats concrets dans la vie de ces jeunes », précise la directrice générale.
Des résidences pour personnes aînées en lien avec des enfants
Les aînés en résidence, qui ont été privés de sorties et de visites pendant la pandémie, ont aussi soif de reprendre des activités avec les jeunes. Par exemple, cette année, la résidence des Bâtisseurs à Trois-Rivières a tissé des liens avec des élèves du collège Notre-Dame-de-l’Assomption.
« Un groupe de résidents est allé voir le défilé de mode des habits et des robes des finissants, puis ces jeunes sont venus donner un coup de main lors des portes ouvertes de la résidence, et il y a vraiment eu de beaux échanges entre eux », raconte Kristel Louboutin, vice-présidente des ventes, des communications et du marketing des résidences des Bâtisseurs, présentes dans plusieurs régions du Québec.
Les différents établissements du groupe essayent aussi d’organiser des activités avec des garderies. « Par exemple, à l’Halloween, à Noël et à Pâques, plusieurs résidences accueillent les enfants, indique Mme Louboutin. C’est fou : lorsque des enfants entrent dans les résidences, les aînés n’ont plus de bobos, plus de tracas… ils n’ont d’yeux que pour les enfants ! »
Pour rendre ces contacts encore plus faciles, certaines résidences tentent d’ailleurs d’attirer des garderies dans leurs locaux commerciaux.
De son côté, la résidence de Montmagny s’apprête à recevoir une étudiante du cégep qui demeurera avec les aînés et offrira 10 heures de bénévolat par semaine grâce au projet Échanges entre les générations – Cohabitation intergénérationnelle, qui découle de la Politique québécoise de la jeunesse 2030.
« C’est un projet intéressant au moment où le Québec connaît une crise du logement et une pénurie de main-d’oeuvre, constate Kristel Louboutin. De plus, cette solution permet de beaux échanges au quotidien entre les générations.
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.