Fondation Y des femmes: objectif zéro violence
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Philanthropie
Depuis 148 ans, le Y des femmes de Montréal lutte contre les inégalités, l’exclusion et les violences faites aux femmes, aux filles et aux personnes de la diversité de genres. La Fondation, qui soutient l’organisme, a ainsi lancé l’Objectif Zéro, dans l’espoir de réduire ces violences à néant.
Claire (nom d’emprunt) a trouvé une nouvelle famille au Y des femmes. « C’était vraiment une équipe très importante pour moi, que je ne peux pas oublier, confie-t-elle. Je pouvais commencer la semaine triste, mais le vendredi, je me sentais réconfortée. Je me disais, je ne vais pas rentrer telle que je suis partie. » Auprès de l’organisme, la fin de semaine, elle retrouve le sourire et l’espoir par la disponibilité, l’écoute et l’expertise de l’équipe. Comme un point de départ, pour commencer à retrouver l’équilibre.
Multifacette, le Y des femmes de Montréal accompagne les femmes dans des programmes d’employabilité et d’entrepreneuriat et propose de l’hébergement sécuritaire ainsi que des séances d’information juridique. « Dans les groupes de soutien en violence conjugale, les femmes partagent des émotions, des expériences vécues, présentes ou passées, explique Isabelle Gélinas, directrice des communications de l’organisme. Elles cheminent ensemble, elles se soutiennent et il est arrivé qu’avec la force du groupe, certaines trouvent le courage de préparer leur départ et de quitter leur conjoint. »
Pour sa campagne annuelle, la Fondation Y des femmes a travaillé avec l’agence de publicité FCB Montréal. Contrairement aux autres campagnes, dont le but est toujours de viser le plus haut montant possible, l’Objectif Zéro a cette fois-ci été imaginé. « C’est une façon d’attirer l’attention et de sensibiliser aux problèmes sociaux, de violences et d’inégalités qui perdurent », souligne Isabelle Gélinas. Et pour arriver à zéro violence, la Fondation demande de donner… plus que zéro.
Prévenir et sensibiliser
Les dons permettront de sensibiliser la population, mais ils seront surtout nécessaires pour continuer à répondre aux divers besoins des bénéficiaires, étant donné que les subventions ne couvrent pas tous les frais. « On ne va pas se le cacher, comme tout organisme communautaire, le Y des femmes de Montréal fait face à des défis de financement, ajoute-t-elle. Le caractère multiservice et notre approche d’accompagnement 360 font en sorte qu’il y a des “trous” peu ou pas financés. »
La prévention des violences de genre et de la cyberintimidation auprès des jeunes, dans les écoles, fait également partie de l’action du Y des femmes. Ces programmes sur les relations saines et égalitaires, les carrières ou le consentement s’adressent à tous les jeunes. « Il y a quelques années, nous avons développé une activité de réalité virtuelle pour les cégeps, portant sur le consentement sexuel, souligne-t-elle. Un kiosque traditionnel du genre “Parlons de consentement sexuel” n’aurait pas attiré une grande participation masculine, avouons-le franchement ! »
Moderne et accessible, l’initiative a rassemblé autant de jeunes participants masculins que féminins et a permis une prise de conscience en matière de comportement et de signes de non-consentement. Le projet, qui n’est actuellement plus financé, pourrait être remis sur pied grâce à cette nouvelle campagne de dons.
Non au statu quo
Si les avancées sont réelles en ce qui a trait aux lois, de nombreux préjugés, perceptions ou habitudes sont à détricoter pour que l’égalité « de droit » devienne une égalité de fait, selon Isabelle Gélinas.« C’est un peu comme si toutes les grandes avancées venaient rendre invisible ce qui reste à faire, indique-t-elle. Les femmes gagnent 11 % de moins que les hommes ? On se félicite des 89 % et on oublie les 11 %… Pourtant, qui voudrait d’un sandwich déjà entamé ? Pourquoi les femmes devraient-elles l’accepter ? Nous, ce qu’on veut, c’est arriver à 0. »
Elle précise que les violences physiques, sexuelles, verbales et économiques se nourrissent de ces inégalités, qui persistent notamment à cause d’une fausse perception que l’égalité est atteinte. « Quand “l’autre” veut être égale, ça devient menaçant, c’est perçu comme une perte de contrôle, poursuit-elle. Et la violence surgit pour reprendre ce contrôle. » Isabelle Gélinas rappelle que les violences sont plus flagrantes chez les femmes racisées, noires, autochtones, âgées, handicapées, cheffes de familles monoparentales, pauvres ou encore chez les personnes s’identifiant aux communautés LGBTQ+ et de la diversité de genre.
« Nous devons construire une société où la conception même du rôle des femmes, des personnes de la diversité de genres et des hommes sera égalitaire, conclut-elle. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous arrêter. » Au risque de faire dix pas en arrière, comme c’est le cas aux États-Unis, avec les restrictions sur le droit à l’avortement.
En chiffres
• 78 % des victimes de violences conjugales sont des femmes
• Près de 90 % des victimes de violences sexuelles sont des femmes ou des filles
• 33 % des femmes ont déclaré avoir été victimes d’agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans
Sources : Ministère de la Sécurité publique du Québec et Institut de la santé publique du Québec
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