Une première fondation communautaire au Nunavut

Miriane Demers-Lemay
Collaboration spéciale
Malgré des avancées au Nunavut, de nombreuses familles doivent toujours être soutenues pour répondre à certains de leurs besoins fondamentaux.
Photo: Sean Kilpatrick Archives La Presse Canadienne Malgré des avancées au Nunavut, de nombreuses familles doivent toujours être soutenues pour répondre à certains de leurs besoins fondamentaux.

Ce texte fait partie du cahier spécial Philanthropie

Annauma vise à améliorer l’arrimage entre les dons philanthropiques et les initiatives dirigées par les communautés inuites du territoire.

Lancée au début du mois d’avril, la fondation communautaire Annauma souhaite décupler l’effet de levier de la philanthropie pour aider les initiatives communautaires du territoire nordique à se développer et pour contribuer à la qualité de vie des communautés inuites.

La fondation cherche ainsi à remédier au manque de structures pour faire le pont entre les projets du nord du pays et les potentiels collaborateurs dans le sud de celui-ci, qu’ils soient des philanthropes, des entreprises partenaires ou des fonctionnaires. Si plusieurs fondations dans le sud du pays oeuvrent déjà auprès de populations autochtones, Annauma souhaite se concentrer sur le Nunavut.

« C’est une opportunité pour que les communautés et les organisations [philanthropiques] travaillent ensemble, tout en s’assurant que les décisions soient prises par les communautés », explique au téléphone Virginia Mearns, directrice principale des relations avec les Inuits à l’Association inuite Qikiqtani et membre du conseil d’administration de la fondation communautaire Annauma. Le nom de la fondation est d’ailleurs un diminutif du mot annaumakkaijiit, qui signifie « aider des personnes à garder de l’avance ».

« Dans le sud du Canada, il y a plusieurs organisations qui pourraient contribuer à nos projets », poursuit Virginia Mearns, qui se réjouit de la curiosité et de l’intérêt pour les enjeux de société et les initiatives du Nord chez les donateurs.

La fondation pourrait ainsi assurer un meilleur financement à des initiatives des banques alimentaires visant à lutter contre l’insécurité alimentaire. Les bourses liées à l’éducation pourront notamment soutenir financièrement des étudiants inuits ou des initiatives visant à enseigner savoirs et activités traditionnels aux jeunes des communautés, illustre Mme Mearns.

Une première campagne de 10 millions

Le lancement d’Annauma s’est aussi accompagné d’une campagne de financement de 10 millions de dollars. Jusqu’à présent, 4,6 millions ont été collectés auprès de divers donateurs. Ces derniers sont constitués d’organisations philanthropiques, mais aussi d’individus souhaitant faire des dons réguliers ou sporadiques. Les fonds récoltés seront distribués grâce à des programmes de bourses. Le premier programme vise à investir dans des projets touchant l’éducation ou les connaissances.

La fondation consacrera son soutien financier aux initiatives dirigées par les Inuits et qui ont le potentiel d’améliorer la vie des communautés sur le territoire. Les donateurs peuvent investir dans les domaines de leur choix, tels que la jeunesse et l’enfance inuites, la santé et le bien-être communautaire, l’éducation et l’apprentissage, ou encore les arts et les cultures.

Des combats sur plusieurs fronts

Malgré des avancées au Nunavut, de nombreuses familles doivent toujours être soutenues pour répondre à certains de leurs besoins fondamentaux, comme la sécurité, le logement et la nourriture, ainsi que pour maintenir l’identité culturelle et la langue, indique la fondation sur son site Web.

Les effets des changements climatiques se font davantage sentir au Nunavut qu’ailleurs dans le monde. Au cours des dernières années, la capitale, Iqaluit, a fait face à des pénuries d’eau potable, notamment en 2021, lorsque les réserves d’eau de la ville ont été contaminées par des hydrocarbures. Ces événements affaiblissent d’autant plus les infrastructures sanitaires du territoire, alors que des épidémies de tuberculose ont été déclarées au cours des derniers mois. L’insécurité alimentaire des ménages atteint 57 % au Nunavut — soit plus de quatre fois la moyenne nationale, selon une étude générale réalisée par la bibliothèque du parlement publiée en 2020.

Les défis à relever sont nombreux. Pour y parvenir, la fondation communautaire Annauma mise sur le soutien financier des initiatives locales.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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