Certains clients d’Hydro-Québec ne pourraient retrouver l’électricité que lundi

Hydro-Québec vise à rétablir le courant pour 95 % des ménages d’ici samedi soir, mais certains clients pourraient patienter jusqu’à lundi avant de retrouver chauffage et lumière dans leur logis. Le décès d’une deuxième personne depuis le début de la tempêtede verglas a d’ailleurs été annoncé vendredi, tandis que la Santé publique de Montréal s’est montrée inquiète d’une hausse des intoxications au monoxyde de carbone.
Ce sont d’abord 80 % des foyers qui retrouveront l’électricité, d’ici vendredi soir. Les pannes seront ensuite réparées dans 95 % des foyers, d’ici samedisoir, a indiqué vendredi le premier ministre du Québec, François Legault, en appelant à la « patience ». Pour les 5 % restants, « malheureusement, ça va aller à un peu plus tard », a-t-il déclaré lors d’un point de presse tenu en Montérégie. « On espère que ça va se régler rapidement. »
À 21h30 vendredi, Hydro-Québec rapportait 307 312 clients toujours privés d’électricité dans la province, dont plus de la moitié demeurent sur l’île de Montréal. Jeudi matin, au plus fort des pannes de courant, ce nombre s’élevait à plus d’un million.
« Les nouvelles sont, je pense, assez bonnes », a lancé le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, dans le cadre d’un point de presse tenu vendredi à Montréal.
Les aléas de la météo pourraient toutefois compliquer le travail des 1400 employés de la société d’État déployés sur le terrain — essentiellement dans la grande région de Montréal — pour rétablir le courant aux clients privés d’électricité.
« Aujourd’hui, la température est clémente, mais il y a quand même des vents à 50, 70, 75 kilomètres à l’heure, des rafales. Donc on va quand même regarder si ça va avoir un impact sur la création de nouvelles pannes », a noté vendredi le vice-président aux opérations et à la maintenance d’Hydro-Québec, Régis Tellier. Ainsi, certaines personnes pourraient avoir de nouveau accès à l’électricité seulement dimanche, voire lundi, a-t-il lâché.
« Je sais que les Québécois sont capables de s’entraider, c’est le moment de le faire », a lancé M. Legault, en invitant les personnes qui ont de l’électricité à héberger celles qui n’en ont pas ou à leur apporter des repas chauds.
Un deuxième décès
En déplacement aux Coteaux, M. Legault a également demandé aux Québécois de rester « prudents », particulièrement quant aux risques d’intoxication au monoxyde de carbone. Un homme de 75 ans de Saint-Joseph-du-Lac est décédé vendredi matin. Il y avait « une génératrice qui fonctionnait dans le garage », a indiqué Jean-Philippe Labbé, inspecteur aux enquêtes à la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes.
Il s’agit du deuxième décès depuis la tempête de verglas de mercredi. Jeudi, un homme de 60 ans a perdu la vie après avoir été écrasé par une branche. « Soyons prudents pour [éviter] qu’il y ait d’autres décès », a déclaré M. Legault.
Plus tôt dans la journée, la Santé publique a appelé à la vigilance, indiquant qu’il y a eu dans les dernières heures une soixantaine de cas d’intoxication, ce qui a eu pour effet de gonfler le taux d’occupation de plusieurs urgences, qui a dépassé les 200 % à certains endroits, vendredi.
Un débat relancé
La tempête de verglas qui a plongé dans le noir plus d’un million de Québécois mercredi soir a d’ailleurs relancé — encore une fois — le débat sur la pertinence d’enfouir le réseau de distribution d’Hydro-Québec. Une option qu’a rejetée du revers de la main jeudi François Legault, en affirmant qu’une telle opération coûterait « environ 100 milliards » de dollars. « Il faut être réaliste », a-t-il lancé lors d’un point de presse.
Or, « personne dit que ça devrait être tous les fils au Québec » qui devraient être enfouis, rétorque le directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, Normand Mousseau. Ce dernier estime que le pourcentage de fils électriques enfouis pourrait augmenter progressivement dans la province sans que cela entraîne des dépenses exorbitantes, si le tout est bien planifié par les pouvoirs publics.
« Ça fait des décennies qu’on refuse de s’y mettre. On ouvre les rues à Montréal pour refaire les aqueducs, les circuits d’égout », mais on conserve les poteaux électriques à ces endroits, note l’expert. Pourtant, « quand on ouvre la rue, mettre les fils en sous-sol, ça n’entraîne pas des coûts majeurs ». « Ça prend une coordination entre Hydro-Québec et les villes, qu’elles travaillent ensemble » pour que l’aménagement de ces territoires soit réalisé dans l’optique d’enfouir de plus en plus de fils électriques dans la province, souligne M. Mousseau.
Actuellement, entre 10 % à 15 % de l’ensemble du réseau de distribution d’Hydro-Québec est enfoui. Sur l’île de Montréal, environ 50 % des fils électriques — totalisant 4000 kilomètres — sont enfouis, mais la situation varie beaucoup d’un secteur à l’autre de la métropole. Dans la ville liée de Westmount, qui a été largement épargnée par les pannes d’électricité qui frappent la métropole depuis mercredi soir, ce taux d’enfouissement des fils atteint environ 70 %.
Les promoteurs optent d’ailleurs de plus en plus pour un enfouissement des fils électriques dans leurs projets immobiliers, constate le professeur en ingénierie à l’Université Concordia et spécialiste dans le domaine de l’énergie Andreas Athienitis. Une mesure qui permet d’éliminer les impacts sur le paysage urbain que peut avoir l’installation de poteaux électriques, en plus de réduire les risques de pannes d’électricité, dont une part importante dans la province est causée par la chute de branches et d’arbres sur le réseau de distribution d’Hydro-Québec, note l’expert.