QS réclame la régularisation des jeunes sans statut

Il est « très important de régulariser leur statut », selon le député Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole en immigration et en justice pour Québec solidaire.
Valérian Mazataud Archives Le Devoir Il est « très important de régulariser leur statut », selon le député Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole en immigration et en justice pour Québec solidaire.

Deux députés de Québec solidaire (QS) ont participé samedi à un rassemblement dans un restaurant de Parc-Extension visant à réclamer la régularisation du statut des jeunes immigrants et de leurs familles. Le parti souhaite que le gouvernement Legault mette en place un plan pour régulariser 10 000 personnes à statut « précaire » en un an.

« Les enfants qui sont arrivés à l’âge de 4 ou 5 ans, qui ont passé la plus grande partie de leur vie ici, et non dans le pays où ils sont nés, n’ont-ils pas le droit de rester ? » lance Mostafa Henaway, organisateur communautaire du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI).

« J’ai fini mon secondaire et je crains de ne pas pouvoir continuer mes études et d’aller au collège. Je crains que ma famille soit expulsée, alors que ma vie est ici », confie Hardeep (nom fictif), qui ne veut pas se nommer en raison de son statut d’immigration précaire. Âgé de 19 ans, le jeune athlète, qui finit son secondaire, dit pourtant avoir « des opportunités ici ».

Une éducation inaccessible

 

Depuis 2018, les jeunes mineurs sans statut légal qui résident au Québec n’ont plus à payer de droits de scolarité pour étudier au primaire et au secondaire. Mais après le secondaire, les enfants qui souhaitent poursuivre leurs études doivent payer les droits de scolarité des étudiants internationaux.

Une session peut ainsi coûter plus de 10 000 $. Ce montant rédhibitoire pour des familles qui ont déjà un statut précaire contraint plusieurs jeunes à abandonner leurs études après le secondaire.

Toutefois, changer la loi ne suffirait pas, estime le député solidaire de Saint-Henri–Sainte-Anne, Guillaume Cliche-Rivard. « Pour ces jeunes, avoir accès au cégep, c’est une chose, mais s’ils sont renvoyés pendant leur cégep, ça ne va pas les aider fort. La vraie solution pérenne, c’est de les régulariser » avec leurs parents.

Photo: Lise Denis Le Devoir Le député Guillaume Cliche-Rivard a pris plusieurs égoportraits avec les familles lors du rassemblement dans Parc-Extension.

Une régularisation la « plus large possible »

QS et le CTI réclament ainsi que le gouvernement Legault mette en place un « programme de régularisation le plus large possible », qui « permettrait, entre autres, aux familles qui ont au moins un enfant d’avoir accès à un Certificat de sélection du Québec, puis à la résidence permanente, par un programme commun avec le gouvernement fédéral », peut-on lire dans un communiqué.

Le parti souhaite ainsi régulariser 10 000 personnes en un an, explique le député solidaire de Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla.

Cette volonté du caucus solidaire n’est pas nouvelle, mais « la situation devient extrêmement préoccupante », indique M. Fontecilla. « La quantité de personnes qui vivent cette situation devient tellement importante qu’il faut une solution politique. […] Ces jeunes-là et leurs familles méritent de rester ici. C’est une question de droits humains, qui est dans le terrain du Québec. »

« Les enfants sont scolarisés ici, ils ont appris le français, ils ont oublié comment écrire dans leur langue d’origine […] donc [ils] seraient sujets à d’énormes préjudices [une fois] de retour », a renchéri M. Cliche-Rivard. Il est « très important de régulariser leur statut », et celui de leurs parents, « le plus rapidement possible » pour que les jeunes puissent « se concentrer à 100 % sur leur développement plutôt que de toujours avoir peur de perdre leur statut et de retourner dans leur pays d’origine », a déclaré le député nouvellement élu.

« C’est stressant, renchéri Sandeep. En Inde, il n’y a pas trop de valeur [accordée à] la langue française, et l’éducation que nous recevons ici au Canada » n’est pas reconnue, déplore-t-elle. L’étudiante 14 ans et sa famille ont récemment obtenu leur résidence permanente. Un soulagement pour celle qui veut rester au Québec et devenir policière.

Selon Sandeep, les jeunes sans statut sont « incapables de se concentrer sur leurs études et leur carrière » en voyant le stress « sur le visage » de leurs parents. « Ce stress affecte notre santé mentale. »

« Notre dossier de réfugiés a été refusé et, maintenant, nous devons retourner là-bas [en Inde], dit Arya (nom fictif), qui souhaite elle aussi rester anonyme. Je ne veux pas retourner là-bas. Je suis stressée. Je veux rester ici et aider les autres », lance la jeune fille de 14 ans.

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