Triple meurtre dans un immeuble de Rosemont

De nombreuses voitures de police et ambulances ont été appelées sur les lieux du drame, où trois personnes ont été retrouvées sans vie.
Jacques Nadeau Le Devoir De nombreuses voitures de police et ambulances ont été appelées sur les lieux du drame, où trois personnes ont été retrouvées sans vie.

L’horreur, encore une fois. Dans un geste d’une violence inouïe, trois personnes ont été tuées, vendredi matin, dans un immeuble de logements de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie. Le suspect, qui a été arrêté sur les lieux, aurait tué des membres de sa famille qui vivaient dans le même immeuble.

Selon nos informations, le crime sordide survenu vendredi dans le quartier a ébranlé les préposés du 911 et les policiers arrivés sur place vers 9 h 20. Les corps des trois personnes retrouvées sans vie comportaient des « marques de violence », possiblement commises avec un « objet tranchant », indique l’agent relationniste du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Julien Lévesque. Le suspect a été arrêté devant l’immeuble où habitaient les victimes.

Selon Le Journal de Montréal, l’auteur du triple meurtre était suivi pour des problèmes de santé mentale. Il s’agirait d’un jeune homme de 19 ans.

Le drame s’est produit dans un bâtiment situé rue Bélanger, en face de l’Institut de cardiologie de Montréal. Le mobile du crime reste inconnu, mais ce geste d’une rare violence a soulevé une vague de sympathie au sein de la classe politique.

L’incompréhension règne dans ce quartier paisible où les actes de violence, surtout des gangs de rue, se font plus fréquents depuis cinq ans, selon des résidents du secteur.

« On vit à une époque dure. De toute évidence, il y a beaucoup de gens qui ne vont pas bien », a réagi Vincent Marissal, député solidaire de Rosemont, rencontré près du périmètre de sécurité érigé autour de la scène de crime. Il a une pensée pour les victimes et leurs proches, ainsi que pour les premiers répondants, qui sont sous le choc après le triple meurtre de vendredi matin.

La vie est bonne dans le quartier Rosemont, c’est tranquille dans la plus grande partie du secteur, mais des épisodes de violence surgissent plus souvent qu’auparavant, selon le député.

Ce crime insensé survient la même semaine où le conducteur d’une camionnette a foncé sur 11 piétons à Amqui, en Gaspésie, tuant deux personnes et en blessant neuf autres. Le drame de Rosemont s’ajoute aussi à celui de Laval (un chauffeur d’autobus a foncé dans une garderie le mois dernier) et à quatre féminicides récents. Vincent Marissal rapporte aussi qu’un jeune homme s’est fait tirer dessus à deux pas de son bureau de circonscription, la semaine dernière.

« Je vois beaucoup de détresse psychologique au Québec. Les gens qui souffrent, notamment des hommes, n’ont peut-être pas accès à l’aide psychologique et économique dont ils ont besoin », ajoute le député de Rosemont.

Insécurité

 

Le suspect du drame avait raconté récemment sur Instagram qu’il allait mieux, après avoir traversé une période difficile depuis deux ans. Il disait avoir cessé de consommer du cannabis, avoir commencé à s’entraîner et s’être mis au patinage de vitesse. « […] Là, ressentir d’être heureux, c’est comme un pas dans le vide. C’est quand même épeurant de redevenir heureux », avait-il précisé.

Le jeune homme a été interrogé vendredi par les enquêteurs du SPVM. Un périmètre de sécurité a été érigé et la circulation a été bloquée sur une portion de la rue Bélanger, entre la rue Viau et la 40e Avenue.

Les réactions n’ont pas tardé à fuser vendredi, quelques minutes après que le SPVM a annoncé enquêter sur ces trois meurtres. « Il y a de la violence partout, partout, partout. On se sent de moins en moins en sécurité », a réagi Diane Émond, qui vit depuis neuf ans dans le secteur où est survenu le drame de Rosemont.

« La personne qui a fait ça [les meurtres], il devait y avoir quelque chose qui n’allait pas dans sa vie. Elle a besoin d’aide. J’ai moi-même eu besoin d’aide et c’est difficile de trouver un psychologue. Je viens d’en avoir un, mais j’attendais depuis 2021 », dit la femme de 57 ans, qui a travaillé en entretien ménager dans le réseau de la santé.

Il suffit de se déplacer en ville à pied, en voiture ou en transports en commun pour constater que le civisme fout le camp, croit Diane Émond. « Les automobilistes klaxonnent même quand on prend la traverse de piétons, ils s’impatientent parce qu’on les ralentit. »

Coups de feu

 

Gildor Vallée, qui habite dans le secteur depuis 21 ans, affirme que le quartier est devenu moins paisible depuis cinq ans. « Je me demande si je suis en sécurité », dit-il. Les coups de feu tirés par des gangs de rue se font entendre plus souvent qu’autrefois.

Lui et un de ses voisins, Christian Paradis, se remémorent les événements violents des dernières années : un homme battu à coups de batte de baseball à côté de l’ancien restaurant McDonald, un autre abattu en face du Subway, une tentative de vol de camionqui se termine par des coups de feu…

« Hier, le premier ministre a invité les gens qui ont des problèmes de santé mentale à obtenir de l’aide, mais comment on peut savoir qu’ils vont devenir violents ? » souligne Gildor Vallée.

Réactions politiques

 

La classe politique a réagi au triple meurtre, vendredi. « Trois vies ont été arrachées ce matin à Rosemont. C’est terrible. Mes pensées accompagnent les familles et les proches des victimes touchées par ce drame. Nous suivons la situation de près », a indiqué le premier ministre du Québec, François Legault.

« J’ai une pensée pour les trois personnes qui sont mortes dans des circonstances horribles dans Rosemont. Mes condoléances à leurs proches », a écrit la mairesse de Montréal, Valérie Plante, sur Twitter.

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, élu dans l’est de Montréal, a écrit sur Twitter : « Tragiques événements dans Rosemont ce matin. Trois personnes ont été violemment tuées. Mes pensées vont aux proches et aux familles des victimes. Il faut agir face à la hausse de la violence dans notre société, quelle qu’en soit la source. »

« Je suis de tout coeur avec les familles et les proches des victimes de ce terrible drame survenu ce matin dans le quartier de Rosemont. Je pense aussi à toutes les équipes présentes sur le terrain pour maîtriser la situation. Merci pour votre travail », a ajouté la députée libérale Jennifer Maccarone.


 

Avec Zacharie Goudreault

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Il y a de la violence partout, partout, partout. On se sent de moins en moins en sécurité.

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