Les Forges de Montréal deviendront propriétaires de l’ancienne station de pompage Riverside

Mathieu Collette (à gauche), forgeron fondateur des Forges de Montréal, ici avec Maxime Gallant, considère que l'acquisition de l'ancienne station de pompage de Riverside est un « pas super important ».
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Mathieu Collette (à gauche), forgeron fondateur des Forges de Montréal, ici avec Maxime Gallant, considère que l'acquisition de l'ancienne station de pompage de Riverside est un « pas super important ».

Après des années d’incertitude et de négociations parfois difficiles, Les Forges de Montréal deviendront propriétaires de l’ancienne station de pompage Riverside, bâtiment qu’elles occupent depuis 2000. La Société immobilière du Canada (SIC) et la Ville de Montréal se sont entendues avec l’organisme sans but lucratif pour lui céder la propriété du bâtiment patrimonial, a appris Le Devoir.

Forgeron fondateur des Forges de Montréal, Mathieu Collette est soulagé de ce dénouement qui permettra d’assurer la pérennité de l’organisme voué à la transmission de cet art millénaire auprès d’apprentis forgerons et à la sensibilisation du public à ce métier oublié. « C’est un pas super important. Ça fait longtemps qu’on travaille pour obtenir une situation stable qui permettra que notre projet puisse aller de l’avant. On a trouvé la recette gagnante pour pérenniser les activités des Forges. »

Après des mois de pourparlers, la SIC, la Ville et les Forges ont convenu d’une entente en vertu de laquelle le bâtiment de la rue Riverside et le terrain sur lequel il se trouve seront cédés à l’OBNL pour un dollar. L’entente a été approuvée par le comité exécutif lors d’une rencontre à huis clos mercredi, et la transaction devrait être officialisée dans les prochains mois.

L’organisme s’engage notamment à investir trois millions de dollars dans un délai de cinq ans pour la restauration patrimoniale du bâtiment. De son côté, la Ville procédera à des travaux pour déplacer la rue Riverside plus au nord afin de permettre l’agrandissement du bâtiment des Forges et la construction d’un musée et de locaux pour un projet pédagogique.

Enchevêtrement de titres

La conclusion de cette entente a été loin d’être simple, puisque le terrain appartenait à la SIC alors que le bâtiment, une ancienne station de pompage, était de propriété municipale. En outre, des conduites souterraines, dont certaines sont condamnées, devront faire l’objet de travaux qu’assumeront les Forges.

« Ç’a été complexe et difficile, mais la volonté était là », indique Benoit Dorais, responsable de l’habitation et de la stratégie immobilière au comité exécutif de la Ville. « On voulait s’assurer que le projet des Forges fonctionne, et ça nous permet de maintenir un bâtiment exceptionnel en vie. »

L’élu rappelle d’ailleurs qu’en 2019, la Ville avait établi que la forge traditionnelle était un élément du patrimoine culturel immatériel montréalais.

Pour la SIC, qui est propriétaire de grands terrains dans ce secteur, il s’agit d’un dénouement heureux. « On voulait absolument préserver le travail que Mathieu Collette et les Forges faisaient ainsi que le bâtiment », souligne Pierre-Marc Mongeau, vice-président immobilier à la SIC. « Il y avait un enchevêtrement de titres. On a décidé de céder tous ces titres — et la Ville fait de même — plutôt que de commencer à chercher quel pouce carré appartenait à qui. Tout ça pour que les Forges puissent enfin se sentir complètement chez elles. »

Les Forges peuvent maintenant reléguer au passé tous les tracas qui ont marqué les dernières années. Rappelons qu’en 2016, la Ville de Montréal avait voulu expulser l’organisme, lui reprochant de ne pas avoir respecté son bail qui exigeait qu’il consacre au moins un million de dollars dans la rénovation de l’immeuble. L’administration de Denis Coderre avait finalement levé l’avis d’expulsion un an plus tard. Arrivée au pouvoir, l’administration de Valérie Plante avait modifié le bail en 2019 pour permettre à l’organisme de poursuivre ses activités. Puis, en 2021, la SIC avait convenu de céder le terrain à la Ville, mais cette entente n’avait pu se concrétiser et de nouvelles discussions ont dû être engagées.

D’autres étapes restent à franchir, dont la vente par la SIC des rues Mills et Riverside à la Ville de Montréal le mois prochain. La Ville prendra à sa charge le déversoir, ce système qui permet de moduler le niveau de l’eau du canal de Lachine et qui est utilisé par Parcs Canada.

Avec cette entente, les Forges pourront faire leurs demandes de permis et lancer les appels d’offres pour aménager, sur trois étages, le centre d’interprétation et construire une passerelle qui traversera le bâtiment. À terme, les Forges comptent faire des investissements de 6,5 millions. Mathieu Collette espère pouvoir procéder à l’inauguration des nouveaux espaces à la fin de 2026. « On entretient le bâtiment depuis 22 ans. On y a mis plus de deux millions », dit-il. « Le fait de devenir propriétaire nous permet de nous asseoir sur un actif immobilier important. C’est la garantie que les bailleurs de fonds voulaient le plus. Il n’y a plus d’enjeux financiers. »

Selon lui, l’entente intervenue avec les Forges ouvre la voie au type de projets qui pourraient être réalisés dans le Quartier des artisans que souhaite développer la Ville dans le secteur de la rue Mills.

À voir en vidéo