Legault en tête du palmarès littéraire de l’Assemblée nationale

Cap sur un Québec gagnant. Le Projet Saint-Laurent (Boréal, 2013), de François Legault, est l’essai le plus populaire auprès des visiteurs de la boutique souvenir de l’Assemblée nationale, selon les données obtenues par Le Devoir en vertu de la loi d’accès à l’information.
Au cours des cinq dernières années, le premier ministre essayiste a vendu 42 exemplaires de ce livre dans lequel il propose de faire des rives du Saint-Laurent une « vallée de l’innovation ».
Le succès de la colline Parlementaire est suivi de près par J’ai confiance. Réflexions (sans cynisme) d’un jeune politicien, de l’actuel ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette. L’essai publié en 2018 chez Québec Amérique est passé à la caisse enregistreuse à 38 reprises. Son auteur y livre sa vision de la politique tout en dénonçant la « mauvaise foi partisane » à la période de questions du Salon bleu. « C’est un fléau à combattre », écrit-il dans cet opus de 128 pages paru avant son accession au poste de leader parlementaire du gouvernement.
Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, occupe la troisième marche du podium des ventes parmi les ouvrages rédigés par des politiciens avec son Francis l’intrépide (Pierre Tisseyre, 2014). Ce roman jeunesse est sorti 37 fois de la boutique souvenir de l’Assemblée nationale. L’auteur en a donc écoulé 10 exemplaires de plus que pour son essai Et si on réinventait l’école ? (Québec Amérique, 2016), sur lequel l’ancien enseignant — et futur ministre de l’Éducation — prend la pose en tenant une pomme bien rouge.
Les co-porte-parole de Québec solidaire font plutôt bonne figure au sein de ce palmarès des ventes. Manon Massé occupe en effet le quatrième rang avec les 32 exemplaires de son Parler vrai (Écosociété, 2018), contre 30 pour Lettre d’un député inquiet à un premier ministre qui devrait l’être (Lux, 2019), de son collègue Gabriel Nadeau-Dubois.
Érable et beurre
La boutique de souvenirs de l’hôtel du Parlement québécois est logée au pavillon d’accueil souterrain, inauguré en 2019 et situé sous la façade de l’édifice conçu par l’architecte Eugène-Étienne Taché. On y trouve notamment des verres à vin arborant le logo de l’Assemblée nationale, des aimants en bouleau jaune, des balles de golf, des cravates et des peluches de harfang des neiges, l’emblème aviaire du Québec. Les touristes peuvent également y goûter aux saveurs locales en se procurant de la « barbe de dragon à l’érable » et du beurre fouetté fruit de la passion et nectarine.
La section littéraire comprend les publications de l’Assemblée nationale et les œuvres des élus de la législature en cours ou de la précédente. Les écrits des députés devront toutefois être retirés, à l’avenir, dès que leur auteur ne sera plus en fonction, que ce soit à la suite d’un départ volontaire ou d’une défaite électorale, précise l’Assemblée nationale dans un échange avec Le Devoir.
« L’adoption de ces critères étant plutôt récente, certains ouvrages qui ne correspondent pas à ces critères sont toujours vendus à la boutique, afin d’écouler les exemplaires », explique la porte-parole de l’Assemblée nationale Camille Simard.
Conformément à ces nouvelles règles, les ouvrages de Paul St-Pierre Plamondon publiés avant son élection, en 2022, ne pourront pas franchir les portes de la boutique située sous le plancher du Salon bleu. À commencer par Les orphelins politiques (Boréal, 2014), dans lequel le chef du Parti québécois révélait son malaise par rapport à la gauche québécoise. « Je n’arrive pas à m’identifier à son image outrée, révoltée, improvisée et souvent très nationaliste », écrivait-il.
Sensualité
Les ouvrages proposés à la boutique de l’Assemblée nationale devront désormais traiter de sujets touchants au parlementarisme, à la politique ou à l’histoire du Québec, indique Mme Simard. Il sera donc plus difficile de justifier la présence d’un livre comme Pourquoi mon patron est aussi chiant ? (La Semaine, 2018), de l’ancienne ministre caquiste de l’Environnement, MarieChantal Chassé. Cet ouvrage, qui figurait au catalogue de la boutique du Parlement, a fait le bonheur de 16 lecteurs en quête de réponses.
Les relations de travail sont également abordées dans Qu’on accuse ou qu’on s’excuse. Les dessous de mon arrestation illégale (Hugo, 2020), de l’ancien député indépendant Guy Ouellette, qui y règle ses comptes avec l’ex-patron de l’UPAC, Robert Lafrenière. L’ouvrage percutant a trouvé preneur quatre fois au cours des cinq dernières années.
Les anciens présidents et vice-présidents de l’Assemblée nationale conserveront leurs accès à la boutique de l’établissement, où l’on peut déjà se procurer l’autobiographie de son président sortant, François Paradis, Ma job ou ma vie… (Druide, 2014), et le recueil de poésie du troisième vice-président Frantz Benjamin. Ce dernier a déjà vendu neuf exemplaires de Nuit des anses pleines (Mémoire d’encrier, 2021), qui se présente comme une ode à la sensualité.